La France est-elle à la hauteur de ses ambitions climatiques ?

Growing Plant On Money - Finance Investment Concept

Publié le 12/01/2019

3 min

Publié le 12/01/2019

Temps de lecture : 3 min 3 min

La France a consacré 41,2 milliards d’euros aux investissements en faveur du climat, dans les transports, les énergies renouvelables et le bâtiment en 2017. C’est certes mieux que les années précédentes mais cela reste bien insuffisant pour répondre à l’ambition de neutralité carbone de notre pays en 2050. Décryptage.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

L’Institut de l’économie du climat I4CE a publié, fin novembre 2018, son panorama annuel recensant les dépenses d’investissement en faveur du climat en France pour l’année 2017. Des dépenses en hausse depuis trois ans (+ 17 %) qui ont permis le passage du cap des 40 milliards d’euros.

En hausse depuis 2014

La France a consacré près de 20 milliards d’euros d’investissements à l’efficacité énergétique, 6,6 milliards d’euros au déploiement des énergies renouvelables et 10 milliards d’euros à la construction d’infrastructures durables dans le secteur des transports et des réseaux. Les investissements dans le développement et la prolongation du parc nucléaire atteignent 2,8 milliards d’euros. Cependant pour atteindre la trajectoire des objectifs nationaux en matière de climat il manquerait chaque année, selon I4CE,  « entre 10 et 30 milliards d’euros ». De leur côté, les investissements plutôt nuisibles au climat seraient toujours de l’ordre de 70 milliards d’euros par an. Un nouvel angle d’attaque pour le financement de la transition juste.

Les ménages, premiers « investisseurs climatiques »

Les ménages réalisent 40 % des investissements, soit 17,1 milliards d’euros en 2017. « Que les ménages soient les plus gros investisseurs est une réalité assez logique puisqu’ils sont les principaux détenteurs des équipements » souligne à Gaz d’aujourd’hui Hadrien Hainaut, chef de projet finance, investissement et climat chez I4CE. Leurs investissements se concentrent dans le secteur du bâtiment pour la construction et la rénovation des logements, et dans celui des transports pour l’acquisition des véhicules particuliers. Les investissements ont augmenté depuis 2014 dans ces deux secteurs. « Un chiffre à relativiser » précise Hadrien Hainaut, car ces mêmes ménages dépensent chaque année 40 à 50 milliards d’euros pour l’acquisition de véhicules thermiques. Et pourtant, avec 1,74 % de ventes de véhicules particuliers électriques sur l’ensemble des ventes, « les Français représentent l’une des parts les plus élevées au monde ».

Les entreprises et les pouvoirs publics au coude à coude

Les pouvoirs publics interviennent de plus en plus dans le financement des investissements pour le climat. Il faut dire qu’ils peuvent activer plusieurs leviers d’actions : le plus important est le financement des porteurs de projets publics, qui a représenté en 2017 près de 14 milliards d’euros investis principalement dans le secteur des transports pour la construction et l’entretien des infrastructures. Les pouvoirs publics ont également investi pour 5,5 milliards d’euros dans le cofinancement des projets des ménages et des entreprises. Enfin, ils organisent la redirection des ressources privées vers les projets bas carbone, à travers des dispositifs conventionnés comme les certificats d’économies d’énergie ou l’éco-PTZ, à hauteur de 350 millions d’euros en 2017.

Les entreprises ont réalisé 10,5 milliards d’euros d’investissements en la matière en 2017. Elles interviennent dans tous les secteurs et représentent la quasi-totalité des montants investis, principalement dans la production d’énergie, mais aussi dans une très moindre mesure dans l’industrie et les transports. Des investissements stables, qui devraient probablement baisser en 2018. Peut mieux faire donc pour notre pays qui devra concentrer ses efforts sur la rénovation des bâtiments, les véhicules bas carbone et la production d’énergies bas carbone, tout en diminuant ses investissements dans les énergies fossiles qui ont représenté quelque 73 milliards d’euros en 2017, soit deux fois le montant des investissements consentis pour contrer le réchauffement climatique.