La Commission européenne dévoile sa stratégie pour une mobilité durable et intelligente

Publié le 09/12/2020

5 min

Publié le 09/12/2020

Temps de lecture : 5 min 5 min

La Commission européenne a dévoilé le 9 décembre sa stratégie de mobilité durable et intelligente. Une stratégie qui doit permettre à l’Union Européenne (UE) de transformer en profondeur son système de transport et de le rendre « plus résilient. » Pour la mettre en œuvre un plan d’actions composé de 82 initiatives a également été présenté. Objectif affiché : atteindre une réduction de 90 % des émissions de gaz à effet de serre liées aux transports d’ici 2050, inscrit dans le pacte vert pour l’Europe.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

Les transports jouent un rôle clé dans la société et l’économie. En Europe, ce secteur contribue pour près de 5 % au PIB de l’UE et emploie plus de 10 millions de personnes. Dans le même temps, selon l’Agence européenne de l’environnement (AEE), les transports représentent l’une des principales sources de pressions exercées sur l’environnement dans l’UE et contribuent au changement climatique, à la pollution atmosphérique et à la pollution sonore. Aujourd’hui, les transports consomment un tiers de l’énergie finale totale au sein de l’UE et un quart de nos émissions de GES. En outre, ce secteur ( et particulièrement le transport routier) continue de constituer une importante source de pollution atmosphérique, surtout dans nos villes. A noter tout de même, que dans son dernier rapport « Air quality in Europe — 2020 report » publié en novembre, l’Agence européenne de l’environnement (AEE) souligne que « les émissions des principaux polluants atmosphériques, notamment les oxydes d’azote (NOx) issus du transport, ont considérablement diminué depuis le début des années 2000 » et cela malgré « la demande croissante en matière de mobilité et l’augmentation connexe des émissions de gaz à effet de serre dans ce secteur.»

Vers une mobilité plus durable et plus intelligente

« Afin d’atteindre nos objectifs climatiques, les émissions provenant du secteur des transports doivent s’inscrire nettement à la baisse. » indique d’emblée le vice-président exécutif chargé du pacte vert pour l’Europe, Frans Timmermans. Et alors que l’UE vient tout juste d’adopter un objectif de baisse des émissions de CO2 de 55 % d’ici à 2030, la décarbonation du transport apparait plus que jamais indispensable dans sa quête de neutralité carbone en 2050. Pour se faire, en lien avec le monde industriel sur laquelle elle compte s’appuyer, la Commission prévoit notamment de doper la production et l’adoption de « véhicules, navires et avions à zéro émission, de carburants renouvelables et à faible teneur en carbone et d’infrastructures connexes. »  Un pari loin d’être gagné notamment pour le transport aérien où les défi logistiques et technologiques s’avèrent immenses. Si le transport maritime a déjà entamé sa transition notamment via l’usage du gaz naturel liquéfié comme carburant marin, et demain du bioGNL, il doit aller beaucoup plus loin. Des secteurs pour lesquels la Commission propose de « créer des aéroports et des ports à zéro émission. » Autre enjeu majeur, verdir le transport de marchandises : pour cela elle propose de doubler le trafic ferroviaire de marchandises d’ici à 2050. Plus de vélo également, notamment dans nos villes où de nouvelles infrastructures cyclables devront être installées. La Commission compte également s’appuyer sur le numérique et l’innovation pour façonner des modes de circulation de passagers et de marchandises « plus intelligents et interconnectés » en donnant par exemple aux passagers la possibilité d’acheter des billets pour des trajets multimodaux ou en se servant de l’intelligence artificielle pour créer un espace européen commun des données relatives à la mobilité. Enfin pour créer un système plus résilient, dans un secteur du transport qui a été fortement impacté par la pandémie de COVID-19, la Commission souhaite que « les efforts et les investissements tant publics que privés » pour achever le réseau transeuropéen de transport (RTE-T) d’ici à 2030 soient « accrus ». Des investissement qui permettront, selon elle, de contribuer à la modernisation des flottes.

30 millions de véhicules à zéro émission pour 2030

À l’horizon 2030, la Commission a fixé une série d’objectifs. Elle ambitionne de parvenir à 30 millions de véhicules à zéro émission en circulation sur nos routes. Pour y arriver, Bruxelles prévoit notamment de réviser les normes de performance des véhicules en matière d’émissions de CO2, dès juin 2021 pour les voitures et les utilitaires légers et en 2022 pour les poids-lourds. Développer une mobilité décarbonée implique également le déploient d’un écosystème dédié, la Commission préconise la construction de 3 millions de points publics de recharge. D’ici 2030 l’exécutif européen table également sur le doublement du trafic ferroviaire à grande vitesse, le déploiement de la mobilité automatisée à grande échelle et sur le début de la commercialisation des navires à zéro émission. A horizon 2050, elle espère que la quasi-totalité des voitures, utilitaires légers, autobus et véhicules utilitaires lourds neufs seront à zéro émission et entend s’appuyer sur son RTE-T pour renforcer son marché unique.

Si la feuille de route est ambitieuse sur le papier, reste à savoir réellement quel seront les moyens alloués pour y parvenir.

©Shutterstock