GRTgaz anticipe une reprise de la consommation et appelle à la sobriété

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Publié le 02/07/2023

4 min

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La consommation de gaz pourrait repartir sous l’effet de la baisse des prix sur les marchés, estime vendredi GRTgaz, qui appelle à poursuivre les efforts de sobriété pour économiser les stocks au cas où la France grelotterait cet hiver.

Par la rédaction, avec AFP

 

« On s’attend à une consommation de gaz qui pourrait être plus élevée qu’en 2022 parce que les niveaux de prix sont plus faibles », a notamment souligné Thierry Trouvé, directeur général de GRTgaz, principal gestionnaire du réseau de transport de gaz. Il notait y a quelques mois « la résilience » du système gazier français qui a vécu l’année dernière simultanément une rupture des importations de gaz russe à l’été, une intensification des entrées de gaz naturel liquéfié (GNL) dans tous les terminaux français et une inversion des flux en direction de l’Allemagne, de l’Italie et de la Suisse pour assurer la solidarité européenne. Les prix sont en effet retombés autour de 35 euros le MWh sur les marchés alors qu’ils avoisinaient les 240 euros l’été dernier. Pour l’instant, la demande des gros industriels énergivores ne semble toutefois pas être repartie : « On n’observe pas beaucoup de secteurs qui ont repris », hormis dans le raffinage, a expliqué Thierry Trouvé, en évoquant un « effet d’inertie » lors d’une rencontre avec l’Association des journalistes de l’énergie (AJDE).

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La sobriété doit être pérennisée

Depuis le 1er août 2022, soit depuis les premiers appels à la sobriété du gouvernement, la consommation nationale de gaz a baissé de 16 % (- 14 % corrigée du climat) par rapport à la période de référence 2018-2019, selon le tableau de bord hebdomadaire publié par GRTgaz. Les principales baisses sont enregistrées dans les distributions publiques (la majorité du gaz consommé en France) avec une baisse de 17 % et chez les grands industriels avec une réduction de 23 %. La production électrique centralisée enregistre, dans la même dynamique que celle observée en 2022, une hausse de la consommation de gaz (+ 17 %). Mi-juin, le gouvernement a annoncé l’acte II de son plan de sobriété pour inciter, et non obliger, les Français à continuer de réduire leur consommation énergétique cet été et tout au long de l’année. L’exécutif souhaite maintenir la baisse de consommation d’énergie – électricité, gaz, carburants – à – 10 %, toute l’année. « Les efforts de sobriété doivent se poursuivre pour faciliter un remplissage maximum des stockages en prévision d’un hiver 2023-2024 potentiellement froid », a d’ailleurs souligné GRTgaz. Pour rappel, en octobre 2022 les gestionnaires d’infrastructures de transport d’électricité et de gaz RTE et GRTgaz ont lancé Ecowatt et Ecogaz pour accompagner les Français dans la gestion de leur consommation énergétique. 

Des stockages remplis à 62 % au 26 juin

Pour l’instant, pas d’inquiétude : au 26 juin, les stocks étaient remplis à 62 %, des niveaux proches de l’année dernière. Les stocks européens sont remplis à hauteur de 77 % selon les données fournies par Gas Infrastructure Europe. Mais ces niveaux de stockage doivent être maximisés fin octobre en prévision de l’hiver. La France était jusqu’à la guerre en Ukraine dépendante à 17 % des importations de gaz russe acheminé par gazoducs qu’elle a dû remplacer par d’autres sources d’importation et notamment par du gaz naturel liquéfié dont les entrées par bateau en France ont bondi de 102 % en 2022. « En raison de la rupture des approvisionnements de gaz russe, la marge est faible », estime GRTgaz. Le remplissage des stockages supposera donc de mobiliser les entrées de gaz par gazoduc via le nord de la France et l’Espagne et de GNL via les quatre terminaux méthaniers du pays, « à un niveau proche de leur maximum jusqu’à la fin de la saison »  de remplissage, à l’automne.

La France sera dotée d’un cinquième point d’entrée de GNL avec l’arrivée d’un terminal flottant au Havre en septembre, soit une capacité de 20 TWh supplémentaires d’importation. Un hiver très froid peut entraîner un déficit de 16 TWh lors des pics de consommation.