Gaz : l’Union européenne prolonge pour deux ans les obligations de stockage

Stockage
25/06/2025
4 min

Le Conseil de l’UE et le Parlement européen ont annoncé le 24 juin un accord provisoire sur la prolongation des obligations de stockage de gaz. L’objectif : maintenir un niveau de remplissage d’au moins 90 % avant l’hiver, tout en offrant davantage de souplesse aux États membres dans leur calendrier et leur gestion du marché. Ce compromis s’inscrit dans un contexte de tensions géopolitiques persistantes et de volatilité accrue des prix de l’énergie.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

« Cette prolongation est un outil crucial pour limiter les chocs de prix à l’avenir », rappelle la Commission, qui alerte sur la persistance des points de vulnérabilité logistique (détroits d’Ormuz, de Malacca, canal de Suez), par lesquels transitent plus de 60 % du commerce maritime pétrolier mondial. Adopté en urgence en 2022, le règlement sur le stockage de gaz impose un taux de remplissage minimal de 90 % d’ici le 1er novembre chaque année (80 % pour 2022) et prévoyait également des trajectoires indicatives de remplissage, une obligation de solidarité : les pays sans stockage doivent sécuriser au moins 15 % de leur consommation annuelle dans un autre État membre et la certification obligatoire des opérateurs de stockage, pour éviter les manipulations (notamment russes).

Un objectif maintenu, « mais avec plus de flexibilité »

Le compromis trouvé entre les institutions européennes conserve l’objectif de 90 % de remplissage des stockages de gaz, mais introduit une fenêtre élargie de conformité, entre le 1er octobre et le 1er décembre (au lieu de la date unique du 1er novembre auparavant). Cette mesure permet aux États membres « d’acheter au meilleur moment, notamment lorsque les prix sont moins volatils ou plus favorables, tout en maintenant un haut niveau de sécurité d’approvisionnement » souligne le député Borys Budka (PPE, Pologne), rapporteur du texte au Parlement. Les objectifs intermédiaires de remplissage, qui jalonnent l’année, deviennent quant à eux indicatifs et non contraignants, afin de préserver la flexibilité des opérateurs face aux conditions de marché. Le texte introduit également une flexibilité de 10 % autour de l’objectif de 90 %, applicable en cas de conditions de marché défavorables. Des dérogations supplémentaires sont possibles (jusqu’à 5 %), notamment en cas de production nationale élevée ou de lenteur exceptionnelle dans les capacités d’injection. Selon Borys Budka, « il était essentiel d’adapter nos règles sans affaiblir notre ambition, pour que sécurité énergétique et viabilité économique avancent de pair ».

Une stabilisation du marché

Cet accord intervient alors que les obligations de stockage actuelles devaient expirer fin 2025. En raison de la persistance des tensions sur les marchés mondiaux du gaz, notamment liées à la guerre en Ukraine et à la compétition accrue avec l’Asie, la Commission européenne avait proposé, dès mars 2025, de prolonger le dispositif de deux ans, jusqu’à fin 2027. Pour rappel, les installations de stockage représentent jusqu’à 30 % de la consommation hivernale de gaz dans l’Union. Bien remplies, elles jouent un rôle central en cas de pic de demande ou de rupture d’approvisionnement. Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Europe a réduit sa dépendance au gaz russe (passée de 45 % en 2021 à environ 15 % en 2024 selon la Commission) et s’est tournée vers le GNL américain, le gaz norvégien et algérien, ainsi qu’une montée en puissance du biogaz et de l’hydrogène. Selon la Commission, les obligations de stockage ont permis de stabiliser le marché : les scénarios de prix extrêmes de 2022 n’ont pas été répétés en 2023 ni en 2024. En parallèle, la certification des opérateurs de stockage a mis fin aux pratiques de remplissage tardif ou volontairement insuffisant observées en 2021.

L’accord sur le stockage s’inscrit dans cette stratégie globale de sécurisation. Il devra encore être formellement adopté par le Conseil et le Parlement européen dans les semaines à venir.

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