Fish and gas

Trollfjorden & Svolvaer

Publié le 15/06/2019

4 min

Publié le 15/06/2019

Temps de lecture : 4 min 4 min

L’opérateur de croisières norvégien Hurtigruten souhaite faire naviguer ses bateaux au biogaz liquéfié fabriqué à base de restes de production de l’industrie de la pêche et de déchets organiques. En mai dernier, il s’est associé à la société Biokraft, premier producteur mondial de bioGNL pour la fourniture de ses futurs navires.

Par Laura Icart

 

Les restes de production de l’industrie de la pêche et autres déchets organiques en Norvège seront bientôt utilisés comme carburant pour la future flotte de navires de la compagnie de croisières d’expédition Hurtigruten. Le croisiériste vient de conclure avec Biokraft un contrat d’approvisionnement en biogaz liquéfié (bioGNL) d’une durée de sept ans et demi qui prévoit la fourniture quotidienne de GNL produit à partir de poissons morts. Cet accord marque une première mondiale. Les navires Hurtigruten, deviendront ainsi les premiers navires au monde propulsés au bioGNL.

Construire la flotte la plus vertueuse au monde

« Nos navires seront littéralement propulsés par la nature » a déclaré Daniel Skjeldam, directeur général de Hurtigruten, lors de la signature de cet accord sans précédent pour une compagnie maritime. La compagnie norvégienne, qui se définit comme « l’acteur le plus respectueux de l’environnement dans ce secteur », prévoit d’investir plus de 750 millions d’euros dans la construction de la flotte de croisière la plus verte au monde. Sur les 17 navires qui composent sa flotte, six seront équipés d’ici 2021 par des systèmes de propulsion biogaz et de batteries associées à des moteurs GNL. À terme, la compagnie s’est fixé pour objectif d’équiper tous ses navires de systèmes de propulsion zéro émission.

Hurtigruten exploite depuis le début de l’été le MS Roald Amundsen, premier navire de croisière au monde à propulsion hybride, qui navigue par la seule force de ses batteries. La propulsion hybride permettra de réduire les émissions de CO2 de plus de 20 % par rapport aux bateaux traditionnels de mêmes dimensions (140 m), précise la compagnie.

Une énergie tirée de l’immense ressource piscicole du pays

C’est un fait : la Norvège et plus globalement l’Europe du Nord disposent d’industries forestières et piscicoles très développées, qui génèrent d’importants volumes de déchets organiques. Le potentiel de cette région du monde dans la production de biogaz est indéniable. D’ailleurs, seuls trois sites dans le monde produisent du bioGNL à partir de déchets industriels : Lidköping en Suède (1 500 Nm3), exploité par Air Liquide, Romerike, exploité par la finnoise Wärtsilä (1 500 Nm3) et enfin Biokraft, qui a inauguré il y a un an la plus grande usine au monde pour la production de bioGNL produit à partir des déchets et des sous-produits de l’industrie piscicole norvégienne et les eaux de traitement de l’industrie des pâtes et papiers. Elle doit produire 12,5 millions de Nm3 de biogaz, avec une teneur en énergie d’environ 125 GWh par an. Biokraft a l’intention de doubler cette capacité de production prochainement, portant la production totale à un débit annuel de 250 GWh.

Quand le problème devient la solution

Ce sont donc des milliers de tonnes de déchets piscicoles qui seront traités chaque année et qui permettront d’alimenter quasi quotidiennement les navires d’Hurtigruten. La première livraison devrait avoir lieu en 2020. « Nous sommes fiers de notre partenariat avec Hurtigruten. Cette alliance marque une avancée décisive en faveur de pratiques plus écologiques et durables dans le secteur de la navigation » s’est enthousiasmé Håvard Wollan, PDG de Biokraft « Depuis des générations, la Norvège figure parmi les premières nations maritimes à l’échelle mondiale et son économie dépend de l’industrie maritime. Nos océans sont aujourd’hui victimes de la pollution et du changement climatique. Nous entendons faire bouger les choses avec l’aide de partenaires impliqués tels que Hurtigruten » a-t-il tenu à souligner.