Factures énergétiques : le cap du million d’impayés franchi en 2023

31% des consommateurs déclarent avoir rencontré en 2022, des difficultés pour payer leurs factures d’énergie selon le Médiateur national de l'énergie. Ce pourcentage est en augmentation par rapport à 2022 (27%) et 2021 (25%). ©Shutterstock

Publié le 28/04/2024

4 min

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En 2023, le nombre de factures impayées a encore augmenté a indiqué le 26 avril le médiateur national de l’énergie. Le cap du million d’interventions pour impayés a été franchi pour la première fois. Comme les années précédentes, l’organisme public indépendant appelle également à aller plus loin sur la protection des consommateurs en instaurant un « véritable accès minimal à l’électricité pour tous, toute l’année ». Une mesure réclamée depuis de longues années par les associations qui luttent contre la précarité comme la Fondation Abbé Pierre.

 Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

Le médiateur national de l’énergie a recensé 1 000 908 interventions pour impayés (suspensions de fourniture d’électricité et de gaz naturel et limitations de puissance en électricité) l’année dernière, soit une augmentation de 3 % par rapport à 2022 mais de plus de « 49 % depuis 2019 », signe que le coût de l’énergie devient une des principales préoccupations des ménages français. En effet, de plus en plus de Français  déclarent, selon le dernier baromètre du médiateur paru en octobre, avoir rencontré en 2023 des difficultés pour payer leurs factures d’énergie, reflet d’une France qui se paupérise.

L’énergie, un poste de dépense toujours plus important

Aujourd’hui, 84 % des Français estiment que l’énergie représente une part importante de leur budget (+ 13 % versus 2020) et près de 90 % estiment que c’est un sujet de préoccupation majeur. Près de 31 % des ménages ont rencontré des difficultés pour payer certaines factures d’énergie cette année, ils étaient moins de 18 % en 2020. Chez les moins de 35 ans, ce taux est encore plus élevé puisqu’ils sont 55 % et 46 % parmi les artisans et commerçants. Fait notable, « la part de ceux qui restreignent systématiquement le chauffage a augmenté de 10 % en un an » pour s’établir à 39 %. Même si les hivers sont de moins en moins rigoureux, la France a davantage froid qu’il y a 10 ans. La hausse des foyers ayant souffert du froid s’élève à 8 %, elle a augmenté de plus de 12 % par rapport à 2020.

Des impayés en hausse 

Si cette hausse n’est que de 3 % par rapport à l’année précédente, son augmentation de près de 49 % depuis 2019 alerte le médiateur. En 2023, les impayés concernent majoritairement les factures d’électricité qui représentent 913 611 interventions pour impayés, en hausse de 8 %. Pour le gaz, près de 87 297 coupures ont été réalisées au cours de l’année, soit un nombre d’interventions en baisse de 44 %. La nature des impayés a également évolué puisque 735 596 réductions de puissance ont été recensées et 178 015 coupures  d’électricité ont été réalisées – un nombre en baisse de 15 % par rapport à l’année précédente alors que celui des limitations de puissance est en nette hausse. « Cette évolution est liée au changement de pratiques de certains fournisseurs qui ne font plus couper l’électricité chez leurs clients en cas d’impayé, mais également à une évolution de la réglementation » indique le médiateur. Depuis le 1er avril, un décret relatif à la période minimale d’alimentation en électricité est entré en vigueur. Celui-ci impose aux fournisseurs une période d’alimentation minimale en électricité de 1 kVA de 60 jours avant toute possibilité de coupure chez les ménages identifiés comme précaires en situation d’impayé. Ils seraient environ 5,6 millions de foyers en France bénéficiaires du chèque énergie et du fonds de solidarité logement.

La précarité énergétique touche 12 millions de Français et plusieurs dizaine de millions d’Européens. En 2022, un Français sur cinq était considéré en situation de précarité énergétique selon les données de l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE).