Crise de l’énergie: « Quand les prix s’emballent, les États doivent intervenir » estime Bruno Le Maire

Publié le 19/10/2022

4 min

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Les États doivent intervenir pour réguler les prix de l’énergie quand les marchés se montrent incapables de le faire, a estimé mercredi dans un entretien à l’AFP le ministre de l’Économie Bruno Le Maire.

Par la rédaction, avec AFP

 

« Nous continuons à penser avec le président de la République qu’il est dans l’intérêt de tous les pays européens de faire baisser les prix de l’énergie sur le marché. Quand les prix s’emballent, les États doivent intervenir. Les prix atteignent des sommets, les États doivent intervenir », a expliqué Bruno Le Maire, avant un entretien avec ses homologues allemands Robert Habeck (Économie et protection du climat) et Christian Lindner (Finances). À l’issue de la réunion, le ministre français a réitéré la « nécessité de soutenir à la fois les ménages et les entreprises privées dans cette lutte contre l’inflation » en employant « tous les moyens possibles ». Christian Lindner l’a rejoint en ajoutant toutefois qu’il ne fallait pas « alimenter davantage l’inflation en renforçant la demande » ni « contrer les mesures des banques centrales« , qui augmentent leurs taux pour limiter la hausse des prix.

Faire baisser les prix : la maraude 

Pour faire baisser les prix de l’énergie, la Commission européenne a présenté mardi des propositions visant à réformer l’indice TTF du marché gazier, éviter des prix extrêmes et définir un niveau obligatoire d’achats en commun, mais sans plafonner le prix du gaz utilisé pour produire de l’électricité, le fameux mécanisme ibérique mis en place en Espagne et au Portugal. L’Italie et la Grèce ont de leur côté avancé une autre proposition visant à agir sur les prix de gros. La France essaye depuis des semaines « d’obtenir un accord sur la baisse des prix de l’électricité au niveau européen, notamment par l’extension du mécanisme ibérique à tout le continent européen. Nous continuerons à nous battre dans ce sens, comme nous continuerons à nous battre pour la disjonction du prix du gaz et du prix de l’électricité », a déclaré à l’AFP le ministre français. L’Allemagne y est, elle, réticente, tout comme le Danemark qui considère que toute intervention sur le marché fait courir des risques sur la sécurité des approvisionnements. La plupart des autres pays se posent des questions techniques et économiques liées principalement à la « possible fuite de gaz subventionné » vers des pays non membres de l’UE alors que certains s’inquiètent des impacts climatiques d’un prix plafonné qui pourrait générer une consommation excessive de gaz. Paris s’est dit particulièrement attentif à ces inquiétudes et tente d’y répondre, alors que la France estime clairement que le mécanisme ibérique serait le plus efficace en termes de baisse immédiate des prix. 

Si la Commission européenne ne fait rien sur les prix de l’énergie, « c’est une forme de suicide économique de l’Europe », a averti au micro de BFM Business Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution. « Il va falloir augmenter massivement les prix pour tenir mais en même temps si on le fait, il va y avoir une dégradation des volumes vendus« , a-t-il ajouté, mettant en garde contre un effondrement du système qui ne laisserait pas le choix quant à « un nouveau quoi qu’il en coûte ». Bruno Le Maire a déclaré vouloir « maintenir le filet de sécurité qui existe déjà pour les plus petites entreprises. 1,5 million de TPE sont aux tarifs régulés de vente (TRV). Nous maintiendrons ce tarif là« . Pour les autres entreprises énergo-intensives, « nous présenterons des solutions dans les jours qui viennent et nous y travaillons notamment avec la CPME« , a encore indiqué Bruno Le Maire.

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