Climat : Bruxelles confirme son cap à 2040 d’une réduction de 90 % des émissions

02/07/2025
4 min

La Commission européenne propose ce 2 juillet une réduction nette de 90 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2040. Un objectif intermédiaire à fort enjeu industriel, géopolitique et climatique. Un objectif « avec des flexibilités » indique l’exécutif bruxellois en réponse aux réticences affichés par plusieurs États membres.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

En annonçant, ce mercredi, un nouvel objectif climatique à l’horizon 2040, la Commission européenne entendait à la fois affirmer son leadership mondial en matière climatique et rassurer les industriels européens sur la direction prise. Réduire de 90 % les émissions nettes de gaz à effet de serre d’ici 2040 par rapport à 1990 : un chiffre spectaculaire, mais que Bruxelles veut crédible et économiquement soutenable. « Le cap est clair, la trajectoire est pragmatique et réaliste », a déclaré la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, soulignant que « les citoyens comme les investisseurs attendent de nous de la stabilité et de la cohérence ». À quelques mois de la COP30 de Belém (Brésil), l’Union veut montrer qu’elle reste le moteur de l’ambition climatique globale. Elle y présentera d’ailleurs sa contribution nationale (NDC) mise à jour pour 2035, qui devrait s’aligner sur cette trajectoire.

Une approche souple pour réduire drastiquement les GES

Pour atteindre les – 90 %, la Commission mise sur une nouvelle approche plus souple, combinant une part limitée de crédits carbone internationaux de haute qualité (jusqu’à 3 %, à partir de 2036), l’intégration des absorptions de carbone permanentes dans le SEQE (marché carbone européen) et des flexibilités sectorielles accrues entre États membres. Objectif : garantir un chemin coût-efficace et socialement équitable, avec la possibilité pour un pays de compenser des difficultés dans un secteur (forêt, par exemple) par des surperformances ailleurs (transport ou déchets).

Des critiques à droite, une pression à gauche

Si la Commission affiche son volontarisme, le débat politique est vif. Le Parti populaire européen (PPE), majoritaire au Parlement, juge l’objectif « trop ambitieux » dans un contexte économique tendu. « Réduire de 90 % les émissions nettes en 15 ans, c’est prendre le risque de désindustrialiser l’Europe si l’on ne va pas assez vite sur les infrastructures et les financements », a prévenu Peter Liese, eurodéputé PPE. À l’inverse, les Verts européens estiment que les crédits carbones internationaux risquent de devenir une échappatoire et appellent à un renforcement des obligations nationales. Selon les projections de la Commission, l’UE devra mobiliser plus de 500 milliards d’euros par an d’investissements supplémentaires d’ici 2040. Cela nécessitera non seulement des efforts budgétaires nationaux et européens, mais aussi une mobilisation massive de capitaux privés, via des mécanismes de garantie ou des incitations fiscales.

La proposition de modification de la loi climat est désormais entre les mains du Parlement européen et du Conseil, qui devront l’adopter dans le cadre de la procédure législative ordinaire. La Commission prévoit d’introduire ensuite une série de textes sectoriels post-2030, sur la base de cet objectif cadre. La période 2026-2030 sera cruciale pour poser les fondations d’un modèle industriel, fiscal et énergétique compatible avec la cible de 2040. La discussion sur le cadre budgétaire pluriannuel à venir, prévue pour l’automne, donnera une première indication de la solidité du projet.

Vous aimerez aussi