Bruno Le Maire veut s’assurer de « l’efficience » de chaque euro dépensé

Le ministre de l'économie Bruno Le Maire estime qu'il faut «s'assurer que chaque euro dépensé pour le climat est dépensé utilement.» ©X

Publié le 11/03/2024

6 min

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En déplacement dans les Yvelines cet après-midi sur l’usine GE Healthcare de Buc, le ministre de l’Économie, des finances et de l’énergie Bruno Le Maire a mis en avant « une écologie de solutions » en rappelant l’importance des économies d’énergies et de la sobriété pour lutter « efficacement » contre le réchauffement climatique, tout en maintenant la croissance économique. Renforcement des contrôles sur les certificats d’économie d’énergie, évaluation de l’efficience des dépenses sur la rénovation énergétique, relance d’une campagne nationale d’information sur la sobriété, récupération de la chaleur fatale ou encore contrats de performance énergétique ont été évoqués par le ministre alors que la France devra économiser près de la moitié de sa consommation d’énergie d’ici à 2050 sur les 1 600 GW qu’elle consomme aujourd’hui.

Par Laura Icart

 

« Vous êtes la preuve vivante qu’écologie et croissance riment ensemble » a déclaré Bruno Le Maire devant les salariés de GE Healthcare, un des leaders mondiaux de la fabrication d’équipements d’imagerie médicale qui emploie près de 3 000 personnes en France et qui vient d’obtenir la relocalisation de la ligne de production de scanners en France après plusieurs décennies passées en Chine. « Une fierté » pour Bruno Le Maire alors que l’entreprise a également investi pour réduire son empreinte environnementale. « L’efficacité énergétique et la sobriété sont les piliers du discours de Belfort » a rappelé le ministre, estimant que tous les secteurs et tous les Français devaient être mobilisés pour parvenir à réduire notre consommation énergétique et la ramener à 900 GW en 2050.

La sobriété, « une habitude pour passer le siècle« 

 Diviser par deux notre consommation énergétique d’ici à 2050, « c’est un combat fondamental », un « combat politique rassembleur, estime le ministre de l’Économie et de l’énergie, qui ne doit pas être source d’anxiété mais un vecteur de mobilisation ». Pour y parvenir, le gouvernement compte bien entendu sur la mobilisation des particuliers et a salué l’effort des Français qui a permis en 2023 de réduire de près de 12 % notre consommation de gaz et d’électricité. « La sobriété n’est pas une solution d’un hiver, c’est une habitude pour passer le siècle » a notamment déclaré Bruno Le Maire, indiquant qu’une campagne de communication grand public sera « reconduite à l’automne », axée notamment sur la nécessité de passer à des thermostats pilotables qui permettent une meilleure maîtrise de sa consommation énergétique.

Une évaluation des dépenses prévue à l’été 

« Il n’y a aucune austérité sur la politique climatique du gouvernement » a déclaré Bruno Le Maire, en réponse aux nombreuses critiques qui ont afflué après l’annonce en février d’un plan d’économie de 10 milliards d’euros pour 2024. Le ministre a annoncé une évaluation « dès l’été prochain » de l’efficacité des dispositifs visant à réduire les émissions de CO2, qu’il s’agisse de la rénovation énergétique, des transports (bonus automobile pour les véhicules électriques) ou des aides pour décarboner les process industriels. « Nous devons être mesure d’évaluer, en toute transparence, le gain de CO2 économisé par rapport à l’euro dépensé » estime le ministre. « C’est une nouvelle comptabilité à établir » indique le ministre, estimant qu’il faut rendre des comptes aux Français sur l’argent public qui est dépensé et prouver son efficacité. Si Bercy sera à la manœuvre pour cette évaluation des dépenses, « celles qui sont efficaces et celles qui le sont moins, pour augmenter les unes et réduire les autres », le travail se fera de pair avec le ministère de la Transition écologique. Le service des données et études statistiques (SDES) prépare également une évaluation des économies d’énergie liées à la rénovation énergétique dont les résultats sont aussi attendus à l’été.

Objectif zéro fraude

L’efficience des dépenses dans la rénovation énergétique doit être « mesurée » estime Bruno Le Maire, alors que les dépenses cumulées de l’État et des collectivités s’élève chaque année à plus de 10 milliards d’euros. « Les Français doivent en avoir pour leur argent » estime le ministre qui annonce un renforcement des contrôles alors que les fraudes, notamment dans le cadre du dispositif des certificats d’économies d’énergie ( CEE), se sont multipliées ces dernières années, qui représentent « 4 à 6 milliards d’euros de dépenses chaque année« . Le ministre a annoncé une augmentation des contrôles sur la véracité des travaux effectués par les entreprises chez les particuliers, de 20 % en 2030 et de 30 % en 2025. « Je ne laisserai passer aucune activité frauduleuse » a notamment déclaré le ministre, annonçant « une unification des contrôles » en rapprochant la direction générale de l’énergie et du climat et la direction générale de la consommation et la répression des fraudes et évoquant des « contrôles plus en amont et la possibilité de stopper le versement d’une aide en cas de doute ».

Récupérer la chaleur fatale : le Graal

Outre la possibilité de traduire les gains d’efficacité énergétique liés au contrat de performance énergétique directement en CEE, de façon à alléger l’investissement nécessaire des entreprises et réduire leurs besoins de trésorerie, évoquée lors d’une table ronde plus tôt dans la journée, le ministre est également revenu sur un « levier essentiel » selon lui pour réduire la consommation énergétique des entreprises : la récupération de chaleur fatale. Une chaleur souvent « dilapidée », « perdue », « dispersée » alors qu’elle pourrait être récupérée. En France, ce sont chaque année près de 100 TWh de chaleur fatale qui pourrait être valorisés, « un quart de la consommation électrique des Français » souligne Bruno Le Maire. « Il faut impérativement accélérer là-dessus » estime le ministre qui reprend à son compte une autre proposition faite par les professionnels, celle de donner de la  visibilité sur 20 ans aux industriels qui s’engageraient à récupérer cette chaleur, qui pourrait pas exemple être redistribuée via un réseau de chaleur, via « un mécanisme de garantie sur 20 ou 25 ans » qui leur permettrait de sécuriser leurs investissements.