Air liquide et Siemens Energy s’allient pour développer l’hydrogène à grande échelle

Air liquide et H2V Normandy vont construire un complexe d’électrolyseurs d’une capacité pouvant atteindre 200 MW, sur la zone industrielle de Port-Jérôme, en Normandie.

Publié le 10/02/2021

4 min

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Air liquide et Siemens Energy ont annoncé le 8 février leur coopération en vue de créer un écosystème européen des technologies de l’électrolyse et de l’hydrogène. Développer des projets hydrogène de grande envergure et soutenir la R&D, notamment pour créer une nouvelle génération d’électrolyseurs sont au cœur de cette coopération franco-allemande.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

L’enjeu de produire de l’hydrogène décarboné, c’est-à-dire produit à partir d’électricité renouvelable ou nucléaire est majeur. Aujourd’hui, 95 % de l’hydrogène produit dans le monde est gris, avec des coûts de production entre trois et quatre fois moins importants que celui de l’hydrogène décarboné. Lundi, le groupe français de gaz industriels Air liquide et l’allemand Siemens Energy ont signé un protocole d’accord pour cocréer des projets à grande échelle dans la filière hydrogène et massifier la production d’électrolyseurs en Europe, en unissant notamment leurs expertises dans la technologie de l’électrolyse à membrane échangeuse de protons (PEM). Une association ambitieuse qui répond à la nécessité de créer une offre d’hydrogène décarboné disponible et compétitive s’inscrivant pleinement dans la stratégie hydrogène portée par la Commission européenne et dans celle présentée par la France en septembre dernier et par l’Allemagne cet été.

Changer d’échelle

Pour parvenir à la neutralité climatique à l’horizon 2050, l’Europe doit transformer son système énergétique, qui représente 75 % des émissions de gaz à effet de serre de l’UE. Et pour cela, elle mise particulièrement sur l’hydrogène pour soutenir la décarbonation dans les secteurs de l’industrie, des transports, de la production d’électricité et de la construction. Pour cette « mise à l’échelle de la filière » qui doit permettre de développer une offre hydrogène sur nos territoires, de la massifier et ainsi d’en réduire les coûts de production, le développement d’électrolyseurs PEM de grande capacité doit être priorisé. Les projets de production d’hydrogène « vert » fleurissent depuis quelques mois en ligne avec les différents plans de relance. Air liquide et Siemens Energy, qui ont déjà annoncé avoir « identifié des opportunités de coopération sur de grands projets d’hydrogène produit de façon durable en France, en Allemagne et dans d’autres pays européens » comptent également procéder à des demandes de financement conjointes relevant du Green New Deal européen et du programme IPCEI (projet important d’intérêt européen commun) pour faire émerger ces grands projets. « C’est maintenant que nous devons investir massivement pour développer des nouvelles chaînes de valeur et des nouvelles technologies » a déclaré le ministre de l’Économie, des finances et de la relance Bruno Lemaire à l’issue de la signature. « L’hydrogène est un élément clé pour réussir la transition énergétique en Allemagne et c’est un élément crucial pour contribuer aux efforts européens et mondiaux dans la lutte contre le changement climatique » a de son côté souligné Peter Altmaier, ministre fédéral allemand de l’Économie et de l’énergie.

H2V Normandy : 200 MW d’hydrogène vert

Air liquide-H2V Normandy : c’est le premier projet identifié par cette coopération franco-allemande. Il s’agit selon le communiqué des deux entreprises de « l’un des plus ambitieux projets européens de production d’hydrogène à base d’énergie renouvelable ». Le 20 janvier, le groupe français annonçait sa prise de participation à hauteur de 40 % dans le capital de la société française H2V Normandy, filiale de H2V Product, en vue de la construction d’un complexe d’électrolyseurs sur la zone industrielle de Port-Jérôme, en Normandie. La capacité du complexe pourra atteindre 200 MW et permettre une production d’hydrogène décarboné de l’ordre de 28 000 tonnes par an. Un projet qui s’inscrit dans un programme de développement des nouvelles énergies pour décarboner les activités industrielles (raffinage et chimie) sur l’axe de la vallée de la Seine en Normandie et qui permettra selon le groupe français d’éviter le rejet de 250 000 tonnes de CO2 par an dans l’atmosphère.

© Air Liquide.