La Commission européenne dévoile son plan d’action stratégique pour la chimie

Industrie
08/07/2025
6 min
Selon le CEFIC, près de 5 % de la capacité chimique du continent européen  a été fermée en 2023. ©Shutterstock

La Commission européenne a dévoilé le 8 juillet un plan d’action visant à moderniser et renforcer la compétitivité du secteur chimique européen. Un secteur stratégique, essentiel à la fabrication de pratiquement tous les produits industriels et consommant une large part des ressources énergétiques et matérielles, soumis à de nombreux défis : des coûts énergétiques élevés, une concurrence mondiale parfois déloyale et une demande en berne.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

L’industrie chimique de l’Union européenne représente un secteur stratégique, avec un chiffre d’affaires de 655 milliards d’euros en 2023 et 1,2 million d’emplois directs. Elle joue un rôle central dans la fabrication de plus de 96 % des produits manufacturés et soutient 19 millions d’emplois dans les chaînes d’approvisionnement à travers différents secteurs économiques. Ce plan proposé par l’exécutif Bruxellois comprend une série de mesures concrètes, notamment un omnibus de simplification sur les produits chimiques visant à rationaliser et à simplifier davantage la législation clé de l’UE sur les produits chimiques mais aussi une proposition pour renforcer la gouvernance de l’Agence européenne des produits chimiques (Echa). 

Des mesures pour soutenir la compétitivité

Face à une concurrence accrue, la Commission européenne met en place plusieurs leviers pour soutenir les entreprises européennes. Le plan comprend notamment la création d’une alliance pour les produits chimiques critiques dont l’objectif est de protéger les capacités de production essentielles et de réduire les distorsions de la chaîne d’approvisionnement, mais aussi l’actualisation des directives sur les aides d’État dans le cadre du système d’échange de quotas d’émission (ETS), pour compenser les coûts indirects du marché carbone. L’alliance favorisera aussi la coordination des projets européens et nationaux, en particulier les projets d’intérêt européen commun (Piiec), pour renforcer la résilience de l’industrie. Stéphane Séjourné, vice-président exécutif de la Commission européenne, a souligné l’importance du secteur chimique : « Les produits chimiques sont la mère de toutes les industries, avec plus de 96 % des produits manufacturés qui dépendent des produits chimiques. » Il a ajouté que ce plan est « notre plan d’entreprise pour garantir l’avenir de ce secteur critique en Europe. » La Commission a également rappelé que le plan d’action pour une énergie abordable annoncé en février, qui inclut des mesures pour réduire les coûts énergétiques et stimuler l’utilisation de technologies propres telles que le captage du carbone, la biomasse et le recyclage des déchets, serait également « un soutien important » pour les industriels.

Simplification administrative pour soutenir l’innovation

Parallèlement aux mesures de soutien à la compétitivité, la Commission adopte un sixième omnibus de simplification visant à alléger les charges administratives et réduire les coûts de mise en conformité. Ces réformes touchent notamment les secteurs des produits chimiques dangereux, des cosmétiques et des engrais, et incluent des simplifications dans le domaine de l’étiquetage, la digitalisation des rapports et l’évaluation des biostimulants pour les plantes. Selon Valdis Dombrovskis, commissaire européen à l’économie et à la productivité, « les règles plus simples et plus claires en matière d’étiquetage des produits chimiques, ainsi que des cosmétiques et des engrais, seront bénéfiques tant pour les entreprises que pour les consommateurs ». Il ajoute que cette réforme devrait permettre des économies annuelles estimées à 363 millions d’euros. L’innovation figure également au cœur de cette stratégie, avec la mise en place de pôles d’innovation pour soutenir la recherche et le développement de substituts chimiques plus sûrs et durables. Ce soutien à l’innovation sera renforcé par des fonds de l’UE dans le cadre du programme « Horizon Europe » pour la période 2025-2027.

Des réactions globalement positives

Les responsables politiques européens ont globalement salué cette initiative, soulignant son importance pour garantir l’avenir de l’industrie chimique européenne tout en respectant les objectifs environnementaux de l’UE. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a exprimé son enthousiasme en affirmant que ce plan d’action était essentiel pour maintenir la compétitivité de l’Europe face à une concurrence mondiale de plus en plus féroce. Elle a également insisté sur le fait que les mesures prises dans le cadre de ce plan reflétaient l’engagement de l’UE à soutenir les secteurs clés dans la transition vers une économie plus verte. Les réactions de l’industrie chimique à ce plan ont été en grande partie positives, bien que certaines préoccupations aient émergé concernant la mise en œuvre des mesures, notamment en ce qui concerne la décarbonation et la simplification des règles. La Cefic (Fédération européenne de l’industrie chimique) a salué les efforts de la Commission pour simplifier la réglementation et réduire la charge administrative, « un point essentiel pour la compétitivité du secteur ». Cette initiative « contribuerait à maintenir la compétitivité de l’industrie chimique européenne en soutenant l’innovation et la recherche sur des solutions plus écologiques et durables » a notamment déclaré la présidente de la Cefic, Ilham Kadri. Cependant, elle a également exprimé des inquiétudes concernant les coûts de la transition énergétique, estimant que le secteur pourrait avoir besoin de davantage de soutien financier pour faire face à « l’énorme investissement » nécessaire à la décarbonation. Certains représentants industriels ont également mis en avant la nécessité d’une meilleure coordination entre les initiatives européennes et les politiques nationales, soulignant que la mise en œuvre de ces mesures nécessiterait une coopération renforcée entre les États membres, surtout concernant les nouvelles réglementations sur l’hydrogène bas carbone et les énergies renouvelables. Néanmoins, certaines voix ont exprimé des doutes sur l’impact réel de certaines propositions sur les petites entreprises du secteur, notamment celles qui peinent à s’adapter à des normes de plus en plus strictes en matière de décarbonation et de réduction des émissions. Selon ces acteurs, même si la simplification administrative est bienvenue, les coûts indirects liés à l’adaptation aux nouvelles normes restent une source d’inquiétude.

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