60 millions de consommateurs pointe le manque de fiabilité du diagnostic de performance énergétique

Publié le 24/05/2022

3 min

Publié le 24/05/2022

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Dans une enquête publiée le 24 mai, le magazine 60 millions de consommateurs réclame une meilleure formation des diagnostiqueurs de performance énergétique. Après avoir fait réaliser une vingtaine de diagnostics de performance énergétique pour en vérifier la fiabilité sur plusieurs maisons et constaté des écarts substantiels d’un professionnel à l’autre, le magazine pointe des « erreurs en pagaille ».

Par la rédaction, avec AFP

 

En vigueur depuis plus de 14 ans, le diagnostic de performance énergétique (DPE) permet d’évaluer la consommation en énergie d’un bâtiment et de lui attribuer une étiquette énergétique et une étiquette climat. Concrètement, il classe les logements de A à G en fonction de leur consommation d’énergie et de leur impact sur le climat et il est obligatoire dans les logements destinés à être habités. Son objectif : inciter à la rénovation. Le secteur des bâtiments représente toujours un cinquième des émissions de gaz à effet de serre de la France.

Un DPE réformé 

En 2021, il a été réformé avec des critères plus restrictifs et de nouvelles contraintes. Par exemple, à compter du 1er septembre, les loyers des logements classés F ou G, autrement dit des « passoires thermiques », ne pourront plus être augmentés. « Ils ne pourront pas non plus être vendus sans audit énergétique » précise l’association. Cette réforme a notamment « imposé d’établir les diagnostics uniquement à partir des caractéristiques du logement (superficie, épaisseur et isolation des parois, nombre de fenêtres et leurs caractéristiques…). Auparavant, certains étaient réalisés à partir des factures des occupants. Il pouvait donc y avoir des discordances » rappelle le magazine.

Des « erreurs en pagaille »

Pour son test réalisé en février et mars 2022, 60 millions de consommateurs s’est associé aux propriétaires de quatre maisons, à Toulouse, Corbeil-Essonnes, en banlieue de Bordeaux et dans un village de Haute-Garonne. Chaque propriétaire a sollicité cinq diagnostiqueurs différents et le magazine a eu recours en plus à un expert indépendant. Or, les DPE réalisés comportent « des erreurs en pagaille« , souligne Fanny Guibert, cheffe de rubrique au magazine, avec parfois des écarts de deux catégories de l’un à l’autre. Date de construction erronée, nombre de portes ou de fenêtres mal évalué, pompe à chaleur oubliée… « Sur la partie des données, les diagnostiqueurs ne font pas un assez bon boulot« , a-t-elle jugé.

Une formation plus stricte pour les diagnostiqueurs

Depuis juillet 2021, les critères des DPE ont changé et ceux-ci sont désormais opposables, c’est-à-dire qu’il est possible de saisir la justice s’ils comportent des erreurs. Les changements conséquents qu’avait suscité la réforme dans le classement de certains logements avaient conduit le ministère à y apporter, à l’automne 2021, des corrections à la hâte. « On a vérifié les dates de formation des diagnostiqueurs qui ont réalisé les DPE et souvent elles étaient antérieures à la réforme », a noté Virginie Potiron, juriste à 60 millions de consommateurs. Le magazine, qui s’est adressé au ministère de la Transition écologique, dont le logement fait partie des attributions, réclame donc une meilleure formation des professionnels. « Oui, nous avons à mieux normer, à mieux encadrer, d’abord pour qu’il y ait moins de fraude », a répondu la ministre Amélie de Montchalin interrogée à ce sujet sur France Inter. « On a fait un gros travail de normalisation et de contrôle. Et donc sur ce sujet, il faut effectivement qu’il y ait des pratiques beaucoup plus homogènes« , a-t-elle ajouté.