Cinq points à retenir du G20

AU G20, à New Delhi,  Emmanuel Macron a appelé à "sortir très rapidement et beaucoup plus vite qu'aujourd'hui du charbon", dès 2030, mais aussi "le plus vite possible du pétrole", et "bien avant 2050"

Publié le 10/09/2023

7 min

Publié le 10/09/2023

Temps de lecture : 7 min 7 min

Les dirigeants du G20 se sont réunis à New Delhi pour un sommet de deux jours organisé par la présidence indienne du G20. Si les dirigeants des grandes puissances mondiales ont appelé de nouveau au triplement des capacités mondiales en matière d’énergies renouvelables, au financement de la transition verte dans les pays en développement et ont accueilli l’Union africaine au G20 comme nouveau membre, le manque d’ambition sur la sortie des énergies fossiles, objectif jugé pourtant « indispensable » par le premier bilan de l’accord de Paris n’est pas de bonne augure, à quelques semaines de la COP28 à Dubaï.

Par la rédaction, avec AFP

 

Les dirigeants du G20 se sont retrouvés du 8 au 10 septembre à New Delhi au cours de ce qui sera probablement l’année la plus chaude de l’histoire. Mais les membres du groupe, divisés sur de nombreuses questions, ont eu bien du mal à s’accorder sur des actions ambitieuses face à l’urgence climatique. « Nous nous engageons à accélérer d’urgence nos actions pour faire face aux crises et aux défis environnementaux, y compris le changement climatique » se sont contentés d’écrire dans leur déclaration finale sans grandes annonces les dirigeants du G20. Pourtant les alertes se sont multipliées ces derniers jours. « Le manque d’engagement en faveur de l’environnement nous conduit à une situation d’urgence climatique sans précédent » a déclaré le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva alors que son pays est en proie à de terribles inondations. Le président français Emmanuel Macron a de son côté jugé dimanche « insuffisants » les résultats du sommet du G20 de New Delhi en matière de climat et a « alerté tout le monde » sur la nécessité de fixer des objectifs plus ambitieux, notamment sur la sortie du pétrole.

Pas d’échéance pour la sortie des énergies fossiles

La déclaration finale du G20 samedi ne contient pas d’appel à sortir à terme des énergies fossiles polluantes, objectif jugé pourtant « indispensable » par le premier bilan de l’accord de Paris publié le 8 septembre par l’ONU. Le texte publié lors du sommet des dirigeants du G20 à New Delhi se contente d’un nouvel appel à  « accélérer les efforts vers la réduction de la production d’électricité à partir de charbon », excluant le gaz et le pétrole, et de réaffirmer l’engagement à « réduire et rationaliser, à moyen terme, les subventions pour des usages inefficaces des énergies fossiles« .  Les dirigeants des pays du G20, qui représentent 80 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, reconnaissent toutefois que, conformément aux recommandations du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat de l’ONU (Giec), la limitation du réchauffement à 1,5 °C « nécessite une réduction rapide, forte et soutenue des émissions de 43 % d’ici 2030 par rapport à 2019″. « C’est insuffisant », a reconnu le chef de l’État français. « Et je suis pour ma part très préoccupé de l’esprit qui commence à régner, y compris d’ailleurs au sein des membres du G20, sur la question du climat« , à moins de trois mois de la COP28, a-t-il ajouté devant la presse. « J’alerte tout le monde, nous n’y sommes pas », a-t-il insisté, disant entendre « un discours trop facile qui s’installe chez certains émergents pour dire que seuls les pays les plus riches ont une responsabilité ».  Emmanuel Macron a appelé à « sortir très rapidement et beaucoup plus vite qu’aujourd’hui du charbon« , dès 2030, mais aussi « le plus vite possible du pétrole« , et « bien avant 2050« . « Les pays les plus riches doivent faire l’effort, nous sommes en train de le faire, ça nous coûte, mais nous le faisons, c’est légitime et normal« , a-t-il estimé, tout en demandant aux pays émergents, notamment producteurs de pétrole, de faire désormais aussi leur part. En juillet dernier, les ministres de l’Énergie des pays du G20 n’avaient cependant ni fourni de feuille de route pour réduire les émissions, ni même mentionné dans leur déclaration finale le charbon, pourtant l’un des gros contributeurs au réchauffement climatique. « Les communiqués qui ont été publiés sont tristement inadaptés », a déclaré cette semaine à l’AFP Simon Stiell, de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CNUCC).

Tripler la capacité mondiale en matière d’énergies renouvelables d’ici à 2030

Si l’année 2022 a été « un tournant » pour le déploiement des énergies renouvelables selon l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena), avec près de 83 % de toutes les capacités de production d’énergie ajoutées l’année dernière qui ont été produites par les énergies renouvelables, les efforts à accomplir restent très importants. Pour rester sous la barre des 1,5 °C, les États du monde devront ajouter en moyenne 1 000 GW d’énergie renouvelable par an jusqu’en 2030, soit trois fois plus que les capacités ajoutées au cours de l’année dernière. Les membres du G20 ont déclaré vouloir soutenir les efforts visant à tripler la capacité mondiale en matière d’énergies renouvelables d’ici à 2030, tout en promettant d’intensifier les mesures de lutte contre le changement climatique. Le groupe « poursuivra et encouragera les efforts visant à tripler les capacités en matière d’énergies renouvelables« , peut-on lire dans la déclaration. Dans un rapport publié le 29 août, l’Irena estime que la compétitivité des énergies renouvelables s’est encore accélérée en 2022, largement renforcée par la crise des prix des combustibles fossiles. La capacité d’énergies renouvelables ajoutée depuis deux décennies a permis de réduire la facture mondiale des combustibles dans le secteur de l’électricité de près « 520 milliards de dollars ».

Augmenter les investissements « verts »

Beaucoup de voix s’étaient élevées pour réclamer un engagement plus fort du G20 sur le climat. Les investissements et le financement de la lutte contre le changement climatique doivent « augmenter rapidement et de manière substantielle« , a averti le G20 samedi, demandant plus d’argent pour aider les pays en développement à effectuer la transition verte et à atteindre les objectifs climatiques. Dans une déclaration commune publiée à l’issue du sommet de New Delhi, les pays riches sont invités à respecter leurs engagements en matière d’aide aux pays vulnérables pour qu’ils s’adaptent au changement climatique, et les institutions multilatérales de prêts sont invitées à fixer des objectifs financiers plus ambitieux.

L’entrée de l’UA au G20 offre « une visibilité pour le continent africain »

L’entrée de l’Union africaine au G20 va offrir « une voix et une visibilité » à l’Afrique et lui permettra de faire valoir ses intérêts et ses points de vue au sein de l’instance, s’est félicité samedi le président kényan William Ruto. « Nous sommes heureux que l’UA, qui représente le continent à la croissance la plus rapide, obtienne un siège au G20. Cela donnera aux intérêts et perspectives africains une voix et une visibilité au sein de cet organe important », a écrit M. Ruto dans un communiqué transmis à l’AFP. « Un siège lui permettra de façonner les décisions du G20 pour garantir la promotion des intérêts du continent« , a-t-il ajouté. Le président kényan a notamment souligné que les demandes de « réformes fondamentales des institutions financières internationales et des banques multilatérales de développement » formulées par les dirigeants africains lors du premier sommet africain sur le climat, qui s’est tenu de lundi à mercredi dans la capitale kényane Nairobi, « est une chose que l’UA fera avancer« . Un peu plus tôt, le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, avait estimé que l’intégration de l’organisation panafricaine « offrira un cadre propice pour amplifier le plaidoyer en faveur du continent et pour son efficace contribution à relever les défis mondiaux ».