Un 17e paquet de sanctions contre la Russie adopté par l’Union européenne

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Publié le 20/05/2025

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L’Union européenne a adopté ce 20 mai un 17e paquet de sanctions contre la Russie, qui cible de nouveaux navires pétroliers « fantômes » utilisés pour contourner les sanctions déjà existantes contre les exportations de pétrole russe, a annoncé la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas.

 Par la rédaction, avec AFP

 

Le Conseil de l’Union européenne adopté un 17e train de sanctions à l’encontre de la Russie. Cette nouvelle salve de mesures, que Bruxelles qualifie de « plus ambitieuse à ce jour », entend « accroître le coût pour la Russie de la poursuite de sa guerre », tout en resserrant davantage l’étau économique autour d’un Kremlin déjà mis à mal. « Il s’agit d’un signal clair du soutien constant et sans faille de l’UE à l’Ukraine », a déclaré Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, dans un communiqué. À un moment où le conflit, entré dans sa troisième année, s’éternise. « Ce paquet vise près de 200 navires de sa flotte fantôme », a écrit Kaja Kallas sur X, en marge d’une réunion des ministres de la Défense de l’UE à Bruxelles. « D’autres sanctions à l’encontre de la Russie sont en préparation. Plus la Russie mènera la guerre, plus notre réponse sera sévère« , a-t-elle ajouté.

Une offensive inédite contre la « flotte fantôme »

Ce nouvel ensemble, en discussion depuis plusieurs semaines, cible 189 nouveaux navires fantômes utilisés par la Russie et une trentaine d’entités accusées d’avoir aidé Moscou à contourner les sanctions déjà mises en œuvre. Au total, ce sont 342 navires qui sont le cœur de ce 17e train de sanctions qui lui repose sur un coup de filet majeur contre ce que l’Union appelle la « flotte fantôme » – une nébuleuse de pétroliers utilisés pour contourner les plafonnements de prix sur le pétrole russe. Pas moins de 189 navires supplémentaires ont été inscrits sur la liste noire européenne, portant le total à 342 bâtiments interdits d’accès aux ports européens et de toute prestation de services. « C’est l’action la plus significative prise par le G7 contre cette flotte clandestine », souligne un diplomate européen. Concrètement, ces navires, souvent opérés par des sociétés écrans, permettaient à la Russie d’exporter du brut hors radar, à l’abri des restrictions occidentales. Selon la coalition pour le plafonnement des prix du pétrole, les livraisons de brut russe ont chuté de 76 % depuis le début de cette traque. Le ministre estonien de la Défense Hanno Pevkur a estimé mardi à 500 le nombre de ces navires « fantômes », soulignant devant la presse que l’UE pouvait encore élargir ces sanctions. Un 18e paquet est déjà en négociation entre les 27, qui devrait cibler de nouveaux pétroliers « fantômes », selon des diplomates.

Nouvelles cibles et mesures anti-contournement 

L’UE a également adopté ce mardi, pour la première fois, des sanctions contre la Russie en réponse à ses attaques hybrides. Quelque 21 individus et six entités ont été ciblés par ces sanctions, qui prévoient un gel des avoirs dans l’UE et une interdiction d’entrer dans l’Union. Outre la chasse aux navires, l’Union élargit encore ses restrictions à l’exportation vers la Russie, en y intégrant de nouveaux biens à double usage et des technologies de pointe à visée militaire. Y figurent notamment les précurseurs chimiques utilisés comme propulseurs de missiles (chlorate de potassium, poudres métalliques) et des composants critiques pour les machines-outils de précision, telles que les vis à billes ou les encodeurs. « La Russie tente de maintenir sa base industrielle militaire à flot. Nous devons l’en empêcher », a déclaré un haut fonctionnaire européen, qui évoque des mesures « anti-contournement » renforcées, telles que l’interdiction de transit de ces biens via des pays tiers. Le train de sanctions élargit aussi la liste noire des individus et organisations impliqués dans l’effort de guerre russe. Dix-sept personnes et 58 entités supplémentaires font désormais l’objet d’un gel des avoirs et d’une interdiction d’entrée sur le territoire européen. Parmi les cibles : la compagnie maritime Volga Shipping, accusée de jouer un rôle clé dans la logistique pétrolière russe, mais aussi des entreprises actives dans le secteur de la défense et des acteurs impliqués dans le pillage du patrimoine culturel ukrainien.

Selon la Commission européenne, les recettes pétrolières et gazières de la Russie « sont passées de 100 milliards d’euros en 2022 à seulement 22 milliards en 2024, enregistrant ainsi une baisse vertigineuse de près de 80 % ». Bruxelles assume sans détour sa stratégie : « asphyxier financièrement le Kremlin pour tarir les ressources qui alimentent son effort de guerre ». Ces nouvelles sanctions sont indépendantes de celles « massives » envisagées dans le cas où Moscou refuserait toujours un cessez-de-feu de 30 jours déjà accepté par Kiev et réclamé par ses alliés occidentaux.