Les États européens s’organisent

Publié le 13/09/2022

9 min

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Depuis plusieurs jours, les pays membres de l’Union européenne présentent tour à tour leurs plans pour économiser de l’énergie et se mettre en conformité avec les objectifs fixés par Bruxelles, et notamment la réduction de 15 % de la consommation de gaz de l’UE entre le 1er août 2022 et le 31 mars 2023. Pour y parvenir, la plupart des pays misent sur un combo consommer moins (sobriété) et consommer mieux (efficacité énergétique). Et c’est principalement le secteur public et les entreprises qui seront concernés. Tour d’horizon en Italie, en Grèce, au Danemark et au Portugal. Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui, avec AFP   Pour répondre à la crise énergétique et ne pas se mettre plus en difficulté qu’elle ne l’est déjà, l’UE doit économiser l’énergie et l’objectif est clair : tout faire pour éviter le black-out.    La période de chauffage raccourcie de 15 jours en Italie Le ministère italien de la Transition écologique a présenté le 6 septembre son plan d'économie d'énergie, en ligne avec les propositions de Bruxelles, prévoyant notamment une réduction du chauffage cet hiver. Ainsi la température dans les bâtiments industriels devra baisser d'un degré, à 17 °C, tandis que dans les autres bâtiments elle est fixée à 19 °C, toujours en baisse d'un degré par rapport aux règles valables jusqu'à présent. En outre, la période de chauffage est raccourcie de 15 jours sur l'ensemble de l'année et la durée du chauffage est raccourcie d'une heure par jour. Ces restrictions ne sont pas valables pour les hôpitaux, résidences pour personnes âgées, crèches et écoles primaires. En raison de sa diversité climatique, l'Italie est divisée en six zones, la plus froide ne subissant aucune coupure, la plus chaude n'ayant droit qu'à cinq heures de chauffage par jour du 8 décembre au 7 mars. Le ministère appelle aussi les familles à un "comportement responsable et intelligent" afin de "réduire la demande de gaz". Ainsi une campagne de sensibilisation invitera à réduire la durée et la température de la douche, à utiliser des climatiseurs pour le chauffage à la place des radiateurs, à débrancher les appareils électriques lorsqu'ils ne sont pas utilisés, à utiliser le lave-linge ou lave-vaisselle à pleine charge seulement. Le ministère invite aussi les familles, lorsque c'est possible, à remplacer les vieux équipements électroménagers par de plus récents consommant moins, à installer des panneaux solaires pour produire de l'eau chaude ou à remplacer les vieilles ampoules par de nouvelles LED.   La Grèce vise une réduction de 10% Éteindre le chauffage en partant : en Grèce, les fonctionnaires sont désormais invités à faire ce geste simple dans le cadre d'un plan lancé mercredi par le gouvernement pour faire baisser la consommation d'énergie du secteur public. "Nous prenons des mesures à effet immédiat pour réduire la consommation [de l'État] de 10 %", a déclaré le ministre de l'Économie grec Kostas Skrékas, lors d'une conférence de presse, en mentionnant la "triple crise énergétique" à laquelle fait face Athènes avec "la montée vertigineuse des prix du gaz naturel, de l'électricité et du pétrole". Les pays de l'Union européenne sont menacés de pénuries d'énergie cet hiver du fait de l'arrêt des livraisons de gaz russe décidé par Moscou. En Grèce, la montée en flèche des prix de l'énergie depuis l'invasion russe de l'Ukraine alimente une inflation au plus haut depuis près de 30 ans. Le secteur public grec est connu pour être particulièrement insouciant en matière d'utilisation de l'énergie, la lumière restant souvent allumée dans les administrations dans la journée, comme l'éclairage public sur les autoroutes. Dorénavant, les fonctionnaires seront incités à éteindre la climatisation et le chauffage en quittant le travail et les thermostats seront réglés à 27 °C en été et 19 °C l'hiver, ont indiqué des responsables gouvernementaux. Selon M. Skrékas, la consommation d'énergie du secteur public grec représente 11 % du total de celle du pays et a augmenté de 20 % en volume en 2021. Cette année-là, l'État a dépensé 700 millions d'euros rien que pour acquitter ses factures d'électricité, a précisé le ministre délégué aux finances, Thodoros Skilakákis. Moins de chauffage et d’éclairage dans les lieux publics au Danemark Face à la crise de l'énergie, le Danemark va baisser les températures dans les bâtiments publics et fournir des garanties de plus de 13 milliards d'euros aux entreprises énergétiques, a annoncé jeudi le gouvernement. "La température intérieure doit être abaissée à 19 degrés, sauf si des conditions particulières exigent une température plus élevée", a expliqué lors d'une conférence de presse le ministre de l'Énergie et du climat, Dan Jørgensen. Le chauffage ne sera enclenché que lorsqu'il fera moins de 19 degrés à l'intérieur. Normalement, la température est comprise entre 21 et 23 degrés, a dit le ministre, précisant que maisons de retraite, crèches et hôpitaux n'étaient pas concernés par la mesure. Parallèlement, pour réduire la facture et montrer l'exemple, les bâtiments publics ne seront plus éclairés, les prix de l'énergie ayant quintuplé en août sur un an. "Nous éteindrons tous les éclairages extérieurs. Les bâtiments qui sont éclairés simplement car ils sont agréables à regarder, mais sans raison pratique, ne seront pas illuminés", a indiqué le ministre. Pour pallier la flambée des prix de l'électricité qui fragilise les compagnies énergétiques, le gouvernement a présenté des garanties à hauteur de 100 milliards de couronnes (13,4 milliards de dollars). "Cela permettra de protéger les consommateurs et de renforcer la sécurité d'approvisionnement", a dit le ministre de l'industrie Simon Kollerup. Les entreprises pourront obtenir des garanties de l'État sur les nouveaux emprunts bancaires à hauteur de 80 % du nouveau prêt. Le Portugal veut limiter « la consommation d'énergie non essentielle" Le Portugal a présenté le 8 septembre son plan de sobriété énergétique qui prévoit notamment de limiter l'éclairage et baisser les températures des lieux publics, dans le cadre des efforts réclamés par Bruxelles pour mettre fin à la dépendance européenne au gaz russe. Ce plan "cherche à limiter la consommation d'énergie non essentielle" sans pour autant "nuire au fonctionnement et à l'activité des entreprises", a expliqué le ministre portugais de l'Environnement Duarte Cordeiro lors d'une conférence de presse à l'issue d'un conseil des ministres. Le gouvernement a présenté des mesures comme "la réduction des températures" ou encore l'élimination de l'éclairage "lorsque les établissements sont fermés" ainsi que les lumières décoratives "après minuit", a détaillé le ministre. Ces mesures seront obligatoires pour les administrations publiques mais resteront des recommandations pour le secteur privé. Ce plan sobriété s'inscrit dans le cadre de l'engagement de l'Union européenne à diminuer sa consommation d'énergie pour faire face au risque de pénurie liée à la guerre en Ukraine. Faisant valoir leur plus faible niveau de connexion énergétique avec le reste du continent, l'Espagne et le Portugal ont obtenu de Bruxelles que leur objectif soit fixé à une baisse de seulement 7 %. Le gouvernement portugais avait dévoilé lundi un train de mesures pour aider les ménages à faire face à l'inflation, à hauteur de 2,4 milliards d'euros, qui passeront notamment par une baisse des impôts sur l'énergie. Faire face à la spirale inflationniste   Pour combattre la hausse des prix de l'énergie due à la chute des livraisons de gaz russe, le gouvernement italien a déjà déboursé environ 52 milliards d'euros et pourrait allouer cette semaine 10 à 15 milliards supplémentaire, selon la presse. Pour réduire sa dépendance au gaz russe, le gouvernement a lancé plusieurs initiatives, dont l'achat de GNL (gaz naturel liquéfié) ou de gaz provenant d'autres pays et l'augmentation de la production nationale de gaz, qui devraient permettre en 2025 de remplacer 25 milliards des 30 milliards de mètres cubes de gaz russe. « Le restant devrait être compensé par des énergies renouvelables et des politiques énergétiques plus efficaces » précise le ministère de l'Environnement. Le gouvernement portugais a quant à lui dévoilé lundi un train de mesures pour aider les ménages à faire face à l'inflation qui passeront notamment par une baisse des impôts sur l'énergie. L'exécutif socialiste prévoit également une aide directe aux familles et une augmentation extraordinaire des pensions de retraite, a précisé le Premier ministre Antonio Costa lors d'une conférence de presse. Ce programme de huit mesures baptisé "Les familles d'abord" a été chiffré à 2,4 milliards d'euros (soit environ 10 % du PIB du pays) et vient s'ajouter au montant de 1,6 milliard d'aides déjà déboursés jusqu'à septembre. "Cela fait 30 ans que nous n'avions pas vu une augmentation du coût de la vie aussi nette et soudaine", a fait valoir M. Costa, tout en préconisant "beaucoup de prudence pour ne pas nourrir une spirale inflationniste". Le gouvernement prévoit ainsi de verser un chèque de 125 euros par personne, majoré de 50 euros pour chaque enfant, aux Portugais gagnant jusqu'à 2 700 euros bruts mensuels. Les retraités toucheront un supplément équivalent à la moitié de leur pension mensuelle. L'exécutif, fort d'une majorité absolue au Parlement, demandera aux députés de voter une réduction de la TVA sur l'électricité, de 13 à 6 %, et prolongera jusqu'à la fin de l'année la baisse des impôts sur les carburants déjà en vigueur. M. Costa a également annoncé pour l'année prochaine un plafonnement de la hausse des loyers à 2 % et le gel des tarifs des transports en commun.

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