Relance : les investissements dans les énergies dites « propres » ne sont pas suffisants

Publié le 28/07/2021

4 min

Publié le 28/07/2021

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Le 20 juillet, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a publié une première analyse des plans de relance et de leurs impacts dans le secteur énergétique et son constat demeure sans appel : les émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2) devraient atteindre des niveaux record en 2023 et continuer à augmenter les années suivantes. La faute à des prévisions d’investissements « insuffisantes » dans les technologies propres selon l’AIE.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

Si les gouvernements du monde entier ont déployé des moyens financiers sans précédent pour stabiliser et reconstruire leurs économies, seuls 2 % des 16 000 milliards de dollars mobilisés par les États du monde entier est consacré à des dépenses visant à soutenir des « mesures d’énergies propres » alerte l’AIE. L’essentiel est consacré à soutenir les activités économiques et aux aides d’urgence à destination des ménages et des entreprises. Des sommes d’argent tant publiques que privées « très insuffisantes » pour atteindre nos objectifs climatiques et mettre le monde sur une trajectoire d’émissions nettes nulles d’ici à 2050.

380 milliards de dollars par an d’ici 2023… vs 1 000 milliards de dollars 

 » Il faut joindre les actes aux paroles » déclare Fatih Birol, le président de l’AIE. Selon le nouvel outil mis en ligne par l’agence, « Sustainable Recovery Tracker » chargé de surveiller les dépenses publiques allouées à la relance durable et d’estimer dans quelle mesure ces dépenses stimulent l’ensemble des investissements dans les énergies propres et influent sur la trajectoire des émissions mondiales de CO2, les plans gouvernementaux actuels ne permettraient d’augmenter les dépenses publiques et privées totales en faveur des énergies propres qu’à hauteur d’environ 380 milliards de dollars par an d’ici 2023. Soit seulement 35 % de ce qui est initialement envisagé dans le plan de relance durable de l’agence publié en juin 2020, à savoir 1 000 milliards de dollars, soit environ 0,7 % du PIB mondial. Selon le Tracker, tous les secteurs clés mis en avant dans le plan de relance durable de l’AIE ne reçoivent pas une attention suffisante de la part des décideurs politiques, avec de fortes disparités géographiques. À ce jour, 60 % des niveaux d’investissements envisagés dans le plan de relance de l’AIE sont le fait des économies avancées, alors que les économies émergentes et en développement n’ont pu mobiliser que 20 % des niveaux de dépenses recommandés. Avec une tendance alarmante note l’AIE : « Le rebond de la demande électrique a trouvé sa réponse dans le charbon plutôt que le solaire ou l’éolien. »

Les émissions de CO2 en passe d’atteindre des niveaux records

Force est de constater que si en avril 2020 les émissions mondiales de CO2 ont enregistré la plus forte baisse mensuelle jamais enregistrée, cette baisse a été de courte durée. En décembre, elles étaient de 2 % supérieures – soit 60 millions de tonnes -, plus élevées à celles du même mois de l’année précédente. La reprise économique mondiale amorcée à l’été n’a fait qu’augmenter la demande en énergie et pour certains pays les émissions ont même dépassé les niveaux d’avant la crise. Un constat qui inquiète fortement l’AIE qui indique d’ores et déjà que les plans de relance actuels ne permettront pas de faire baisser les émissions de CO2 mais, pire, contribueront au contraire à les augmenter. Elles devraient même connaître un niveau record dès 2023 et continueront à croître par la suite. Il reste cependant une marge de manœuvre pour l’AIE, même si elle s’avère de plus en plus « étroite ». L’agence invite ainsi tous les États à massifier leurs investissements dans les énergies propres et rappelle que la transition pourrait créer près « 9 millions d’emplois » au cours de la décennie.