Une participation au rallye des Gazelles avec du bioGNV : le choix de « l’évidence »

Publié le 01/06/2021

5 min

Publié le 01/06/2021

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  • L’année dernière, le rallye Aïcha des Gazelles du Maroc a soufflé sa 30e bougie. L’édition anniversaire de ce rallye-raid hors-piste 100 % féminin aura lieu dans le désert marocain du 18 mars au 2 avril 2022. Et cette édition, pour la première fois de son histoire, pourrait pourrait accueillir un véhicule roulant au biogaz (bioGNV). C’est en tout cas le pari audacieux d’Annelise Lescure et Laureline Bes de Berc, deux femmes engagées dans le développement de la mobilité verte et d’un carburant local produit en très grande majorité par le monde agricole. Gaz d’aujourd’hui est allé les rencontrer.

Propos recueillis par Laura Icart

 

 

Qui êtes-vous et pourquoi vous lancez-vous dans le rallye des Gazelles ?

 

Annelise Lescure : J’ai 41 ans, je suis cheffe d’entreprise dans le domaine de l’agriculture et des énergies renouvelables. Un rallye dans le désert, c’est avant tout goût de l’aventure, le challenge aussi et une très grande dose de spontanéité et de curiosité. En février dernier, lors d’une conversation avec Laureline, nous nous sommes rendues compte que nous étions très tentées par cette aventure et que nous serions des coéquipières complémentaires.

Laureline Bes de Berc : J’ai 32 ans et je travaille comme animatrice technique au sein de l’Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF). Je ne connaissais pas cette course mais une fois découverte, l’envie d’y participer s’est imposée à moi. Et d’autant plus avec Annelise avec laquelle j’ai noué depuis deux ans une grande complicité. Nous sommes impatientes et déterminées de pouvoir partager cette belle aventure ensemble.

A.L./L.B.B. : Le rallye des Gazelles s’est également imposé à nous car c’est un rallye éco-responsable qui véhicule des valeurs qui nous ressemblent [tri, recyclage, sobriété énergétique, NDLR]. C’est aussi une autre image d’une compétition automobile où la victoire se joue non pas sur la vitesse mais sur le minimum de kilomètres parcourus.

Pourquoi ce choix de rouler au biogaz ?

L.B.B. : La question ne s’est même pas posée à vrai dire, c’était une évidence. Et notamment parce que nous travaillons ou collaborons toutes les deux avec l’AAMF et qu’il nous semblait impensable de ne pas profiter de cette course pour donner de la visibilité à un carburant d’avenir produit sur nos territoires et principalement par les agriculteurs.

A.L. : D’autant plus que le rallye des Gazelles [certifié par la norme environnementale ISO14001, NDLR] est très engagé sur les questions environnementales. Quand nous avons évoqué avec les organisateurs notre envie de faire rouler un 4×4 au bioGNV, ils se sont montrés très intéressés par notre démarche, ce qui nous a conforté dans notre idée. Il s’agit aussi de montrer au grand public l’intérêt de carburant qui se développe dans notre pays, porté par l’essor de la méthanisation, pour en développer l’usage. Nous sommes persuadées que le bioGNV comme l’électricité, les biocarburants ou encore l’hydrogène, fait partie intégrante de la mobilité verte d’aujourd’hui et de demain.

Quels sont les principaux défis techniques et réglementaires que vous avez identifiés ?

L.B.B. : Rouler au bioGNV dans le désert marocain constitue un véritable défi. Pour y parvenir nous avons plusieurs contraintes techniques à relever. Nous sommes en train d’y travailler. Il nous faut par exemple trouver un 4×4 bioGNV qui n’existe par sur le marché français. Nous allons donc très probablement, et notamment pour des questions réglementaires, convertir un véhicule existant par un professionnel français homologué.

A.L. : Ensuite, le principal défi réside dans l’approvisionnement. En effet, il n’y a aucune possibilité d’alimenter notre véhicule en bioGNV. Il nous faudra donc transporter notre propre carburant depuis la France mais aussi trouver des solutions pour notre avitaillement sur place, en sachant que nous aurons besoin d’un plein par jour. Nous travaillons avec Prodeval dont l’expertise dans ce domaine est reconnue. Il nous faut également obtenir les autorisations nécessaires pour transporter le gaz de la France vers le Maroc.

Comment peut-on vous accompagner pour rouler « vert » dans le désert ?

A.L. : Ce que nous souhaitons, au-delà du challenge sportif, c’est impulser une communication positive du bioGNV, particulièrement auprès du grand public où il est encore méconnu. Mais aussi  montrer qu’un véhicule roulant au bioGNV est capable des mêmes performances qu’un véhicule diesel. Bien évidemment pour pouvoir y arriver nous avons besoin d’être soutenues financièrement.

L.B.B. : Nous sommes à la recherche de sponsors pour nous permettre de couvrir les frais liés à notre participation au rallye, qui vont de l’inscription à l’achat d’un véhicule pouvant rouler au bioGNV. Nous lançons donc un appel aux entreprises, collectivités et associations qui souhaiteraient nous accompagner dans notre aventure et à travers nous promouvoir un carburant et toute une filière [celle du biométhane, NDLR] qui accompagne la transition énergétique de nos territoires. Et parce que les coups de pouce individuels sont les bienvenus mais aussi parce que nous souhaitons vraiment que le grand public adhère à notre projet, nous avons lancé un financement participatif il y a quelques semaines sur HelloAsso [près de 7 000 euros ont déjà été collectés, NDLR]. Nous espérons parvenir à notre objectif de 15 000 euros.

©Biogaz elles