Que faut-il retenir de la déclaration d’Alger ?

Le commerce du gaz naturel augmentera de plus d'un tiers, notamment grâce au GNL, qui dépassera le commerce par gazoduc d'ici à 2026 note le rapport annuel "Global Gas Outlook 2050" du FPEG publié le 29 février. ©Shutterstock

Publié le 03/03/2024

4 min

Publié le 03/03/2024

Temps de lecture : 4 min 4 min

À l’issue du sommet des pays exportateurs de gaz qui s’est tenu samedi 2 mars dans la capitale algérienne, les dirigeants ont adopté à l’unanimité la déclaration d’Alger dans un contexte de tensions persistantes sur les marchés. Les États membres du Forum des pays exportateurs de gaz sont revenus sur « le rôle fondamental du gaz » pour répondre aux besoins énergétiques mondiaux mais ont aussi condamné « les sanctions économiques unilatérales ».

Par la rédaction, avec AFP

 

Le sommet « est une occasion de dessiner une vision commune pour préserver les intérêts des producteurs et des consommateurs de gaz , de renforcer son rôle et d’affirmer sa contribution à la sécurité énergétique mondiale »  a affirmé le président algérien Abdelmadjid Tebboune dans son allocution d’ouverture, notant que le gaz naturel joue « un rôle fondamental dans la réalisation du développement durable et la satisfaction des besoins énergétiques mondiaux croissants« .

Une demande de gaz en hausse de 36 %

Une forte croissance de la demande gazière est prévue en 2024 comparé à 2023, soutenue par des prévisions de températures plus froides et la baisse des prix, selon le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). L’Algérie « s’emploie à travailler avec toutes les parties », a affirmé le dirigeant algérien, soulignant combien « les défis, aujourd’hui, nous imposent la promotion du dialogue et le travail multilatéral ». Le gaz naturel « est une source d’énergie abondante, abordable et respectueuse de l’environnement » et l’Algérie « soutient l’intégration des sources d’énergies renouvelables« , a encore dit M. Tebboune. La veille, une réunion ministérielle a réuni des représentants des membres du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG), fondé en 2001 et qui réunit 12 pays : Algérie, Qatar, Russie, Iran, Bolivie, Égypte, Guinée équatoriale, Libye, Nigeria, Trinité-et-Tobago, Venezuela et Émirats arabes unis. Le secrétaire général du FPEG, Mohamed Hamel, a annoncé vendredi que les ministres du Forum avaient approuvé vendredi l’adhésion du Sénégal au groupement en tant que membre observateur. Selon le FPEG, ses membres et sept autres pays associés représentent 70 % des réserves prouvées de gaz et 51 % des exportations mondiales de gaz naturel liquéfié (GNL). « D’ici 2050, la demande de gaz naturel devrait augmenter de manière impressionnante de 36 %, faisant considérablement croître sa part dans le mix énergétique mondial, passant de 23 % actuellement à 26 % », a estimé le FPEG dans son rapport annuel Global Gas Outlook 2050 publié jeudi. « Le commerce du gaz naturel augmentera de plus d’un tiers, notamment grâce au GNL qui dépassera le commerce par gazoduc d’ici à 2026 » note également le rapport.

Des sanctions économiques jugées « unilatérales »

« Nous condamnons toutes les restrictions économiques unilatérales prises sans l’approbation préalable du Conseil de sécurité des Nations unies et toute application extraterritoriale des lois et réglementations nationales contre les États membres du Forum des pays exportateurs de gaz « , dit la déclaration d’Alger. Ces restrictions « affectent négativement le développement et le commerce du gaz naturel et constituent une menace à la sécurité des approvisionnements en gaz naturel« , poursuit-elle. Les représentants du FPEG ont également revendiqué les « droits souverains absolus et permanents des États membres sur leurs ressources en gaz naturel« . Les condamnations exprimées samedi sont un message destiné en particulier aux États-Unis et aux pays occidentaux qui ont pris des sanctions unilatérales à l’égard de la Russie depuis son invasion de l’Ukraine.

D’après le Global Gas Outlook 2050, le PIB mondial fera plus que doubler, passant de 95 000 milliards de dollars aujourd’hui à 210 000 milliards de dollars en termes réels, avec une  croissance démographique qui se traduira par une augmentation de 1,8 milliard de personnes en 2050 et une demande d’énergie qui devrait augmenter de 22 % d’ici à 2050. La majeure partie de cette augmentation se produisant en Afrique et dans la région Asie-Pacifique.