Quatre milliards d’euros pour renforcer l’industrie française de l’hydrogène

L'enveloppe de 4 milliards d'euros annoncée le 31 août sera utilisée pour lancer des appels d'offre tous les ans pendant les quatre ans à venir afin de développer des producteurs d'hydrogène décarboné utilisateurs d'électrolyseurs. ©Shutterstock

Publié le 01/09/2023

5 min

Publié le 01/09/2023

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En déplacement en Alsace le 31 août, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher a annoncé un dispositif de soutien à la filière hydrogène : 4 milliards d’euros « pour les industries françaises et pour la décarbonation des industries françaises avec à la clé des emplois et de la création de richesse sur les territoires » alors qu’elle visitait l’usine John Cockerill d’Aspach-Michelbach dans le Haut-Rhin, l’une des 10 gigafactories françaises.

Par la rédaction, avec AFP

 

Ce dispositif « vise à accompagner les industriels pour acheter les électrolyseurs et pour produire de l’hydrogène décarboné à un coût compétitif, puisque nous compenserons une partie du coût entre le prix de l’hydrogène sans carbone et le prix de l’hydrogène fabriqué à partir d’énergies fossiles« , a déclaré la ministre à l’issue de la visite de l’usine d’électrolyseurs John Cockerill. « Cet hydrogène sera utilisé dans différents processus industriels lourds, pour ne plus utiliser des énergies fossiles, que ce soit pour produire de l’acier, de l’aluminium ou des engrais », a-t-elle complété.

« Un soutien déterminant »

L’usine John Cockerill d’Aspach-Michelbach « illustre notre politique de réindustrialisation et de décarbonation », a vanté la ministre, puisque « c’est un site lauréat des dispositifs d’accompagnements industriels pour la décarbonation que nous avons lancés depuis 2020 ». En 2020, le gouvernement français avait lancé un vaste plan de soutien à la filière hydrogène portant au total sur 9 milliards d’euros, d’où est issue l’enveloppe de 4 milliards. Ce dispositif va « accompagner les industriels pour acheter ces électrolyseurs et pour produire de l’hydrogène décarboné à un coût compétitif puisque nous compenserons une partie du coût entre le prix de l’hydrogène en carbone par rapport au prix de l’hydrogène fabriqué à partir d’énergie fossile » a précisé la ministre. L’usine John Cockerill d’Aspach-Michelbach avait obtenu près de 100 millions d’euros de subventions. « C’est un soutien déterminant, rien de tout ceci n’existerait sans la puissance publique et sans le soutien de l’État et des collectivités locales« , a assuré Raphaël Tilot, directeur général de John Cockerill Hydrogen. « Cette annonce est très positive, c’est un dispositif qui est lisible, les critères sont tout à fait compréhensibles par les industriels, donc nous voyons cela d’un très bon œil« , a-t-il complété. « L’Europe avance en parallèle à ce qui se passe ailleurs dans le monde, où cela va parfois encore plus vite, quand on voit ce qui se passe en Europe du Nord ou en Chine. Donc il faut que la France et l’Europe continuent, si possible encore plus vite. »

1 GW de production annuelle à pleine capacité

L’usine doit entrer en production en fin d’année et vise, à l’issue d’une phase de montée en puissance de trois ans, une production annuelle d’électrolyseurs pour une puissance équivalente à 1 000 mégawatts, soit 1 gigawatt, faisant d’elle une gigafactory. « Une ligne qui va produire  des électrolyseurs  parmi les plus innovants monde » a ajouté Agnès Pannier-Runacher. L’usine embauchera à terme près de 300 employés, environ un tiers des recrutements ont déjà eu lieu « sans souci jusqu’ici » a précise la ministre, estimant que l’Alsace, terre d’industrie, représentait un « bassin de compétences ». L’enveloppe de 4 milliards d’euros sera utilisée pour lancer des appels d’offres tous les ans pendant les quatre ans à venir afin de développer des producteurs d’hydrogène décarboné utilisateurs d’électrolyseurs, a précisé le cabinet de la ministre. Aller vite dans la fabrication d’électrolyseurs, c’est aussi proposer rapidement des solutions concrètes aux industriels. Sur le site de Boréalis, que la ministre a visité plus tôt dans la journée, les électrolyseurs seront utilisés pour fabriquer des engrais azotés et de l’acide nitrique.

Des subventions à la production

Un décret doit paraître prochainement pour fixer les modalités des subventions qui seront accordées aux industriels désireux de décarboner leur production grâce à l’hydrogène (en remplacement du gaz par exemple), aussi bien pour couvrir une partie de l’achat de l’électrolyseur que pour soutenir dans la durée les coûts d’exploitation de ces installations « puisqu’aujourd’hui la production d’hydrogène décarboné coûte plus cher que celle d’hydrogène fossile« . « Nous sommes agnostiques sur la nature de l’électricité qui rentrera dans l’électrolyseur, à condition qu’elle soit bas carbone, elle peut être d’origine nucléaire ou renouvelable, ce sont les porteurs de projet qui décideront » a ajouté le cabinet.

Une annonce également saluée du côté de l’association représentante de la filière, France Hydrogène. « Ce mécanisme de soutien était attendu par les industriels car il va permettre de concrétiser un certain nombre de projets » indique à Gaz d’aujourd’hui Simon Pujau, responsable des relations institutionnelles. « On espère que le cahier des charges  sera publié rapidement. » Si c’était le cas, la procédure de candidature pour la première tranche des appels d’offres pourrait avoir lieu d’ici la fin de l’année. La réactualisation de la stratégie hydrogène attendue par la filière depuis plusieurs semaines devrait avoir lieu « prochainement », selon Agnès Pannier-Runacher.