Quatre infos à retenir cette semaine

En Bref...
07/09/2025
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Cette semaine, les tensions autour des objectifs climatiques européens révèlent les fractures de l’UE à l’approche de la COP30, tandis que de nouveaux partenariats sur le gaz vert et l’hydrogène ont été annoncés : un nouveau rebours en Nouvelle-Aquitaine pour soutenir le développement du gaz renouvelable et un contrat majeur signé par Verso Energy avec un industriel allemand.  En parallèle, l’alliance énergétique entre Moscou et Pékin se confirme avec la signature en grande pompe à Pékin d’un accord sur le gazoduc Power of Siberia 2. Quatre infos à retenir cette semaine.

Par la rédaction, avec AFP

Objectifs climatiques de l’UE : le Haut Conseil pour le climat tance la France

Le Haut Conseil pour le climat (HCC) a critiqué vendredi la position de la France sur les conditions d’adoption de la cible climatique européenne pour 2040, craignant un « blocage institutionnel » et y voyant une « menace » pour l’accord de Paris. Dans un communiqué, cet organisme indépendant chargé d’évaluer l’action climatique du gouvernement souligne les « risques que fait peser la position de la France sur l’adoption par l’UE d’un engagement à la mesure du défi climatique« . Le HCC fait allusion à l’objectif de réduction de 90 % des émissions de gaz à effet de serre en 2040 par rapport à 1990, proposé début juillet par la Commission européenne. Cet objectif est assorti de « flexibilités » dans le mode de calcul pour tenter de convaincre les pays les plus réticents. Il doit permettre à l’Europe de se doter d’une feuille de route climatique à l’horizon 2035, très attendue avant la COP30 au Brésil (10-21 novembre). « Une décision à la majorité qualifiée des ministres de l’Environnement est prévue sous présidence danoise de l’UE le 18 septembre » et « reporter ce débat au niveau des chefs d’État et de gouvernement (Conseil européen) fin octobre, comme l’a proposé la France le 2 septembre dernier, comporterait des risques majeurs », critique le HCC. L’adoption au Conseil suppose l’unanimité des 27, supposant par exemple la voix de la Hongrie du nationaliste Viktor Orban, peu allant sur la question climatique. « En octobre, c’est trop tard », juge auprès de l’AFP Laurence Tubiana, l’architecte de l’accord historique de Paris sur le climat de 2015 et membre du HCC, qui se dit « très préoccupée ». « Cela nous mettrait dans une position impossible« , a-t-elle jugé, alors que d’autres pays, à commencer par la Chine, doivent dévoiler leurs feuilles de route d’ici la fin du mois, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York. « Si l’on n’a pas de position cohérente, l’image de la France, qui a une forme de leadership sur le climat et sur l’environnement, va être écornée très sérieusement« , craint Laurence Tubiana. Parmi les « risques », les experts du HCC évoquent un possible « blocage institutionnel » faute d’unanimité, un objectif à l’horizon 2035 insuffisant et plus généralement « une perte de crédibilité internationale de l’UE« , alors qu’elle est censée montrer l’exemple à la COP30 à l’heure du retrait des États-Unis de la scène climatique.

Un nouveau pas vers le gaz vert à Moncrabeau


Ce 5 septembre, les opérateurs gaziers Teréga et GRDF ont inauguré un nouveau poste de rebours biométhane à Moncrabeau, dans le Lot-et-Garonne. Cette infrastructure stratégique est capable d’acheminer jusqu’à 650 Nm³ par heure de biométhane vers le réseau de transport quand le réseau de distribution local ne peut l’absorber. Plus concrètement, elle permet d’inverser le flux traditionnel du gaz pour valoriser la production locale, même en période de faible consommation. Pour Carolle Foissaud, PDG de Teréga, « Moncrabeau démontre qu’une commune rurale peut jouer un rôle central dans la construction d’un système gazier plus vert ». Arnaud Bousquet, directeur régional de GRDF, y voit une « preuve du dynamisme de la filière renouvelable locale ». Ce deuxième rebours de Teréga dans le Sud-Ouest s’inscrit dans une stratégie régionale ambitieuse, avec déjà 71 sites injectant du biométhane en Nouvelle-Aquitaine, soit l’équivalent énergétique de 375 000 logements chauffés. En France, 35 rebours sont en service et plus d’une vingtaine en cours de réalisation selon Open data réseau énergies.

Hydrogène vert : un partenariat franco-allemand pour une sidérurgie décarbonée


Un cap décisif vient d’être franchi pour la sidérurgie de la Sarre. Le groupe SHS – qui regroupe notamment Saarstahl et Dillinger – vient de signer un contrat de 10 ans avec le français Verso Energy pour la fourniture de 6 000 tonnes d’hydrogène vert par an à partir de 2029. Produit à Carling (Moselle) à partir d’électricité renouvelable, cet hydrogène transiterait par le futur réseau transfrontalier Mosahyc jusqu’aux aciéries de Dillingen et Völklingen. Objectif : faire baisser de 55 % les émissions de CO₂ du groupe en début de prochaine décennie, dans le cadre du projet Power4Steel. « Nous voulons prouver que produire de l’acier bas carbone en Europe est possible », affirme Stefan Rauber, président de SHS. Pour Verso Energy, ce contrat confirme son ambition de devenir un acteur clé de la production de molécules décarbonées pour l’industrie lourde. Ce partenariat renforce également la coopération énergétique entre la France et l’Allemagne, avec à la clé une promesse de relance industrielle durable, d’emplois et de souveraineté énergétique à l’échelle européenne.

Gazoduc Power of Siberia 2 : Moscou et Pékin renforcent leur alliance énergétique


Dans un contexte géopolitique tendu, la Russie et la Chine franchissent un nouveau cap stratégique avec le lancement du projet Power of Siberia 2, un gazoduc géant qui permettra d’exporter jusqu’à 56 milliards de mètres cubes de gaz par an vers la Chine à partir des gisements sibériens qui alimentaient autrefois l’Europe. Gazprom, le géant russe de l’énergie, a annoncé le 2 septembre qu’un « accord contraignant » avait été trouvé pour concrétiser le projet Power of Siberia 2. Ce nouvel axe énergétique, traversant la Mongolie, vise à renforcer l’approvisionnement chinois en gaz naturel tout en compensant le recul des exportations russes vers l’Europe. Pour Moscou, il s’agit d’un pivot vers l’Asie assumé, tandis que Pékin sécurise une source d’énergie à long terme pour soutenir sa croissance.

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