Qualité de l’air : Français et Européens à l’unisson pour des politiques publiques « plus fermes »

Publié le 25/10/2022

6 min

Publié le 25/10/2022

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La pollution de l’air est un problème de santé publique majeur en France comme en Europe. Dans une enquête publiée le 24 octobre, la Commission européenne révèle que la qualité de l’air reste une préoccupation importante pour les citoyens européens qui s’inquiètent des effets de la pollution atmosphérique sur la santé et l’environnement. 

Par Laura Icart

 

Si des réductions et des améliorations globales de la qualité de l’air ont été constatées au cours de la dernière décennie, la pollution atmosphérique reste responsable d’environ 300 000 décès prématurés en Europe et près de 40 000 dans notre pays, avec un coût sanitaire externe qui se chiffre en centaines de milliards d’euros par an. En France, comme en Europe, la qualité de l’air que nous respirons est un sujet de préoccupation important. Sur les 26 000 personnes interrogées, dont plus d’un millier en France, beaucoup indiquent ne pas avoir un niveau de connaissances suffisant, et la majorité estime qu’il faut des mesures plus strictes en réglementant davantage les limitations de pollutions liées aux activités industrielles ou en encourageant le développement de mobilités plus douces et plus actives (vélo, marche, transport en commun, covoiturage…).

Les Européens convaincus des effets néfastes sur la santé et l’environnement

Chaque jour, selon Santé publique France, un adulte inhale 10 000 à 20 000 litres d’air, en fonction de sa morphologie, de ses activités… Si cet air contient en moyenne 99 % d’oxygène (O2) et le diazote (N2), le restant contient des polluants d’origine naturelle et d’autres résultant d’activités humaines. Cette part infime a pourtant de graves conséquences sur notre santé. Ces dernières années, de nombreuses études ont le fait le lien entre polluants de proximité et maladies respiratoires et cardiovasculaires, troubles sur la reproduction et le développement de l’enfant, ou encore sur le cerveau. La plupart des Européens estiment que les problèmes de santé tels que les maladies respiratoires (89 % dans l’UE, 97 % en France), l’asthme (88 et 97 %) et les maladies cardiovasculaires (83 et 90 %) sont de graves problèmes dans leur pays, causés par la pollution atmosphérique. Et si la santé est une préoccupation majeure, les dommages causés par la pollution atmosphérique à l’environnement constituent également une inquiétude. 83 % des  Européens et 87 % des Français s’inquiètent également des problèmes environnementaux causés par la pollution atmosphérique, notamment dans les masses d’eau, comme l’acidification et l’eutrophisation qui détruisent les organismes vivants et dégradent considérablement la qualité de l’eau.

Une majorité de Français et la moitié des Européens estiment que la qualité de l’air se détériore

47 % des Européens et 66 % des Français estiment que la qualité de l’air s’est détériorée au cours des 10 dernières années quand seulement 14 % des Européens et 7 % des Français estiment qu’elle s’est améliorée. 

Un niveau d’information insuffisant

Les citoyens manquent d’informations sur les problèmes liés à la qualité de l’air dans leur pays. C’est l’un des principaux messages de cet eurobaromètre spécial. La plupart des Européens restent mal informés à propos des normes existantes de l’UE sur la qualité de l’air car seule une minorité de répondants (27 % dans l’UE, 18 % en France) en ont entendu parler. Ces normes, qui ciblent cinq polluants majeurs, nocifs pour la santé des citoyens et pour l’environnement – les particules en suspension (PM2,5 et PM10), l’ozone troposphérique (O₃), le dioxyde d’azote (NO₂) et le dioxyde de souffre (SO₂) – fixent un niveau par heure, par jour et par année, juridiquement contraignant. Des États membres, dont la France, sont régulièrement condamnés pour des dépassements de seuils. À noter cependant qu’une grande majorité des personnes interrogées (67 % dans l’UE, 77 % en France) connaissant l’existence des normes de l’UE   estiment qu’elles devraient être renforcées et ce dans tous les États membres. 

Une majorité convaincue qu’il faut renforcer les règles et les mesures

65 % des Européens et 79 % des Français estiment que la pollution atmosphérique devrait être traitée au niveau international puis au niveau européen et national (42 % dans les deux cas) et enfin au niveau régional ou local (32 et 35 %). Une grande partie des répondants estiment également que les mesures devraient être prises de façon concomitante à tous les niveaux (19 % dans l’UE, 26 % en France). Pour  une grande majorité d’Européens, les grandes installations industrielles  (73 % des Européens et 84 % des Français), les producteurs d’énergies fossiles  (66 % des Européens et 75 % des Français),  les pouvoirs publics (60 % des Européens et 72 % des Français) et les employeurs (54 % des Européens et 60 % des Français) n’en font pas assez pour promouvoir une bonne qualité de l’air. A contrario, les sondés pensent que les agriculteurs et les ménages  » font ce qu’il faut« . On a également demandé aux sondés quels seraient selon eux les moyens les plus efficaces pour lutter contre la pollution de l’air. Pour 36 % des Européens et 40 % des Français, il faut imposer des limitations de pollution plus strictes aux activités industrielles et de production d’énergie. Il faut également encourager le recours à des transports à faibles émissions (30 % des Européens et 40 % des Français), mais aussi adopter des sanctions pour les responsables en cas de non-respect des normes en matière de qualité de l’air.  L’eurobaromètre revient également sur les actions personnelles que les particuliers ont pu faire au cours de deux dernières années pour réduire leurs émissions. Globalement, utiliser les transports en commun ou le vélo au lieu de se servir d’une voiture est l’action la plus réalisée par les sondés puisque 41 % des Européens et 48 % des Français y ont eu recours. Le remplacement d’un mode de chauffage plus performant est également fréquemment cité puisque 40 % des Européens et 26 % des Français l’ont réalisé tout comme l’amélioration de l’isolation de l’habitation qui vient compléter ce top 3 des actions les plus répandues pour réduire les émissions. 

Crédit : Shutterstock.