Présidentielle : France Hydrogène présente ses propositions pour concrétiser la dynamique hydrogène durant le prochain quinquennat

Publié le 13/12/2021

5 min

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Le prochain quinquennat sera « déterminant » pour la filière hydrogène, indique Philippe Boucly, président de France Hydrogène, en présentant son livre blanc à l’attention des candidats à l’élection présidentielle. Dix propositions pour « accélérer » et consolider une filière industrielle française de l’hydrogène dans un contexte mondial de plus en plus concurrentiel.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

Si la France compte actuellement moins de 5 mégawatts d’électrolyseurs et environ 400 véhicules circulant à l’hydrogène, l’année écoulée aura vu « une véritable montée en puissance de la filière » affirme Philippe Boucly, plaçant même la France dans le peloton de tête des pays européens en matière d’hydrogène. La stratégie d’industrialisation de l’hydrogène vert est passée en quelques années d’un investissement de 100 millions d’euros à presque 10 milliards d’euros engagés par l’État d’ici la fin de la décennie, avec les récentes annonces du président de la République dans le cadre de France 2030. Objectif : déployer jusqu’à 6,5 GW de capacités d’électrolyse et produire annuellement plus de 600 000 tonnes d’hydrogène renouvelable ou bas carbone fléchées principalement pour décarbone l’industrie et la mobilité lourde.

Réinventer notre industrie

880 000 tonnes d’hydrogène fossile sont consommées chaque année en France pour le raffinage, la production d’engrais et la chimie. Les nouvelles technologies de production d’hydrogène promettent non seulement de décarboner ces usages traditionnels mais offre aussi un potentiel de décarbonation à la sidérurgie, la cimenterie ou encore la mobilité lourde. Pour cela il faut non seulement investir dans l’offre en créant sur notre territoire des conditions compétitives de production mais aussi stimuler la demande. L’hydrogène, « c’est une manière de réinventer notre industrie, de créer de l’emploi et développer des filières d’excellence françaises » souligne le président de France Hydrogène. Dans sa feuille de route présentée le 8 septembre, l’association réaffirme non seulement être en mesure de tenir le niveau d’ambition fixé l’année dernière dans la stratégie nationale, à savoir 680 kilotonnes d’hydrogène renouvelable ou bas carbone consommées par an d’ici 2030 (dont 70 % allouées à l’industrie, 23 % à la mobilité et 7 % à l’énergie), mais également de très largement le dépasser puisqu’elle propose un rehaussement de 60 % de ces objectifs dans son scénario « Ambition+ 2030 », avec une montée en puissance de la consommation d’hydrogène dans le secteur de la mobilité et de l’énergie.

Cinq axes stratégiques et prioritaires

Pour l’association qui structure et représente la filière française de l’hydrogène, le développement et la compétitivité de la filière française s’articule autour de plusieurs axes majeurs. En premier lieu, il y a la nécessité pour la France de disposer de suffisamment d’énergie primaire « pour produire sur son sol les quantités d’hydrogène renouvelable ou bas carbone nécessaires à ses ambitions de décarbonation ». Pour cela, il n’y a pas d’autre choix que d’avoir un socle de production d’électricité bas carbone « solide » insiste France Hydrogène, ce qui induit aussi d’accélérer sur les déploiements des énergies renouvelables alors que la France est déjà en retard sur sa production d’énergie renouvelable : 19,1% de la consommation brute en 2020 sur les 23 % attendus. Autre axe stratégique, celui de la maîtrise du prix de l’électricité, « déterminant » pour associer la compétitivité de l’hydrogène face aux énergies fossiles. L’association enjoint le prochain gouvernement à « bâtir de nouveaux instruments contractuels de long terme pour protéger les producteurs d’hydrogène des risques de marché et de la volatilité des prix de l’électricité ». Garantir la neutralité technologique s’avère également indispensable. Pour France Hydrogène, au-delà de l’électrolyse, il faut « soutenir » tous les procédés de production d’hydrogène à partir de biomasse et les techniques de captage et séquestration du carbone (CCS) et ne s’interdire aucune voie de développement au nom d’un dogme. Il faut également accélérer le développement de la mobilité et de l’infrastructure de recharge, en soutenant la demande, que ce soit dans l’aide à l’acquisition des véhicules hydrogène, comme le font aujourd’hui nos voisins allemands et qui couvre jusqu’à 80 % du différentiel de coût avec un véhicule diesel équivalent, ou dans le maillage d’une infrastructure d’hydrogène sur le territoire. Enfin l’hydrogène est aussi un potentiel de réindustrialisation sur nos territoires, déjà évoqué par la ministre déléguée à l’Industrie lors de la signature du contrat stratégique de filière « Nouveaux systèmes énergétiques » pour les années 2021-2023, avec à la clé de l’emploi et de l’innovation. « L’hydrogène doit faire partie d’une politique industrielle globale pilotée par l’État lors de ce prochain quinquennat » conclut France Hydrogène dans son livre blanc.