La France veut accélérer quatre projets d’investissements industriels européens

Publié le 12/01/2022

4 min

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À l’heure des pénuries et des chaînes d’approvisionnement perturbées, la France veut profiter de sa présidence européenne tournante pour accélérer quatre gros projets d’investissements européens permettant aux États membres de déroger aux règles de la concurrence en subventionnant directement des industries d’avenir stratégiques.

Par la rédaction, avec AFP

 

« La crise a servi de révélateur sur certaines pénuries, notamment dans le domaine de la santé et ensuite en sortie de crise sur les composants critiques et matières premières », explique une source à Bercy, citant l’exemple des semi-conducteurs. Paris, avec ses partenaires européens, veut pousser quatre projets importants d’intérêt européen commun, appelés PIIEC en jargon bruxellois, portant sur les domaines de la santé, du cloud, de l’électronique (semi-conducteurs) ainsi que de l’hydrogène, jugés stratégiques pour l’avenir, précise le ministère, qui entend « aller le plus loin possible sous la présidence française ».

L’hydrogène, ultra prioritaire à Bercy

Dans le cadre de sa stratégie nationale, le gouvernement a retenu trois priorités d’intervention, qui correspondent aux principaux marchés de l’hydrogène et qui permettent d’ancrer leur développement sur notre territoire dans une dynamique durable et pérenne, afin que cette stratégie française contribue pleinement à l’objectif de neutralité carbone en 2050 : décarboner l’industrie en faisant émerger une filière française de l’électrolyse, développer une mobilité lourde à l’hydrogène décarboné et soutenir la recherche, l’innovation et le développement de compétences afin de favoriser les usages de demain. Concernant l’hydrogène sur lequel la France compte investir 3 milliards d’euros dans le cadre des PIIEC, Paris veut porter 15 projets sur la mobilité, la fabrication d’hydrogène et la décarbonation des chaînes industrielles, voulant « maîtriser tous les éléments de la chaîne de valeur », d’après le ministre. Quinze projets seront poussés, qui impliqueront notamment les entreprises Arkema, Symbio avec les piles à combustible, l’usine Renault de Flins, Faurecia et Plastic Omnium mais aussi Genvia à laquelle le président de la République a rendu visite en novembre dernier. 

Souveraineté technologique, numérique et énergétique

Ces PIIEC sont des instruments européens permettant de mobiliser des investissements publics sur des projets industriels, souvent de rupture, auxquels s’ajoutent, en majorité, des investissements privés. La Commission pose comme condition aux États membres de se coordonner sur un même projet. Hors PIIEC, selon les règles de concurrence internationales, seules les aides publiques à la recherche et au développement sont autorisées, et encore avec beaucoup de controverses comme l’ont montré plus de 30 ans d’affrontement des deux côtés de l’Atlantique autour des aides à l’aéronautique. Bercy mise sur une notification de ces quatre projets auprès de la Commission européenne sous la présidence française, donc d’ici à la fin du premier semestre, une fois que l’ensemble des projets et entreprises impliqués auront été identifiés. Il reste toutefois une incertitude de calendrier pour l’un des PIIEC.

8 milliards mobilisés 

De son côté, la France entend mobiliser 8 milliards d’euros entre ces quatre projets et les deux précédents PIIEC portant sur l’électronique et les batteries électriques, afin de gagner en indépendance et « développer des chaînes de valeur sur le territoire français et européen », précise Bercy, sans donner d’indications sur les investissements mis sur la table par ses partenaires européens. « Il n’y a pas de souveraineté politique sans indépendance technologique » aime à répéter Bruno Le Maire. Le renforcement industriel et l’autonomie en approvisionnement du Vieux Continent sera au cœur d’une conférence au ministère de l’Économie jeudi, rassemblant le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton, le vice-président de la Commission européenne Maros Sefcovic et les ministres français de l’Économie et de l’Industrie Bruno Le Maire et Agnès Pannier-Runacher.

Ce sommet doit aborder la question des vulnérabilités et dépendances stratégiques en Europe et des manières de tenter d’y apporter des réponses, également en matière de sécurisation des matières premières indispensables pour la transition énergétique, au premier rang desquelles les métaux et minéraux destinés aux batteries électriques.

Crédit : Shutterstock.