« Notre activité participe à structurer cette filière de biomasses agricoles résiduelles »

Publié le 10/11/2020

4 min

Publié le 10/11/2020

Temps de lecture : 4 min 4 min

3 questions à…

Amaury de Souancé, co-fondateur d’Agricarbone

Fondée en avril 2018 par deux ingénieurs agronomes de formation, Amaury de Souancé et Simon Peltier, Agricarbone se positionne à l’interface entre les producteurs de biomasses agricoles non alimentaires et les industriels en mesure de la valoriser (méthanisation, combustion, chimie du végétal). Gaz d’aujourd’hui a demandé à Amaury de Souancé de nous expliquer la valeur ajoutée de son entreprise et comment elle favorise le développement d’une bioéconomie territoriale.

Propos recueillis par Laura Icart

 

Pourquoi avoir créé Agricarbone ? Quel est le concept ?

Avec mon associé Simon Peltier, qui est également fils d’agriculteur, nous sommes tous les deux ingénieurs agronomes [diplômés d’AgroParisTech en 2015, NDLR]. J’ai de mon côté développé une expérience dans l’économie circulaire et la logistique. Agricarbone est née de notre expertise commune, que nous avons souhaité mettre au service du monde agricole avec l’idée de valoriser cette biomasse agricole en sécurisant notamment les gisements disponibles pour nos clients, et d’offrir un débouché garanti à cette matière première. Notre activité de négoce de biomasses agricoles non alimentaires, comme les pailles, les menues pailles, les cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive) ou encore les coproduits industriels, nous l’avons pensée comme une interface entre les producteurs que sont principalement les agriculteurs et les filières qui vont les consommer : méthanisation, combustion, chimie végétale… Nous participons à structurer cette filière de biomasses agricoles résiduelles, dont le gisement global mobilisable à 2030 a été évalué par l’Ademe à 130 millions de tonnes de matières brutes [soit 56 GWh d’énergie primaire en production de biogaz, NDLR] dans son étude dédiée au gaz 100 % renouvelable. 90 % du gisement est d’origine agricole. Chez Agricarbone, nous attachons une grande importance à la mobilisation durable de ce gisement. Autrement dit, nous élaborons des offres qui proposent aux agriculteurs le maintien de la fertilité de leurs parcelles et un retour au sol des coproduits industriels associés avec cette volonté de créer une boucle locale vertueuse.

Plus concrètement, comment cela fonctionne ?

Nous avons développé trois offres pour l’approvisionnement de projets industriels de valorisation de la biomasse résiduelle agricole. Une première à destination des agriculteurs pour lesquels nous assurons la commercialisation des co-produits en leur assurant un revenu contractualisé. Nous les accompagnons également d’un point de vue agronomique pour assurer la durabilité de leurs systèmes de production. Un accompagnement qui peut aller du simple conseil pour exporter de la matière sans dégrader le taux de matière organique dans le sol, à la fourniture d’une matière fertilisante qui va venir compenser cette matière organique exportée. Nous remettons au goût du jour l’échange ancestral fumier-paille contre celui, par exemple, Cive-digestat. Aux industriels, nous offrons nos services de collecte et de gestion de l’approvisionnement de leurs unités en leur garantissant une quantité et une qualité de matière. Nos clients font appel à nous principalement parce que nous leur offrons la certitude que cette biomasse qu’ils achètent n’est pas issue de la surexploitation des sols. Enfin, nous accompagnons les porteurs de projets, uniquement sur le segment méthanisation, dans la réalisation d’études de gisement en biomasse agricole (identification de gisement, coûts de mobilisation, intérêts des agriculteurs pour le projet, etc…). À la suite de l’étude, ils peuvent faire le choix de poursuivre avec nous dans la concrétisation de leurs projets ou de prendre le relais en gérant eux-mêmes l’approvisionnement de leurs intrants.

Quels sont les marchés qui apparaissent comme matures aujourd’hui ?

Avec l’essor de la bioéconomie, plusieurs marchés se sont développés pour valoriser cette biomasse disponible : combustion, pyrogazéfication, biocarburants, chimie du végétal. Mais la méthanisation est sans conteste le marché le plus mature actuellement. Une filière qui se développe sur notre territoire mais dont la fiabilité de l’approvisionnement reste encore à structurer. Nous réalisons d’ailleurs la moitié de notre chiffre d’affaires sur cette filière à fort potentiel. Nous avons actuellement 200 fournisseurs de matières et une centaine de clients industriels principalement situés en Île-de-France, en Normandie, dans le Centre et dans les Pays de la Loire. En 2021, nous allons digitaliser nos outils et mettre à disposition de nos clients une plateforme qui leur permettra de visualiser notre offre matières. Les autres marchés sur lesquels nous nous développons sont celui des matériaux biosourcés (20 % du chiffres d’affaires) et celui, inexistant aujourd’hui mais infiniment prometteur, de la chimie végétale.