Nord Stream 2 : l’Allemagne suspend l’autorisation du gazoduc

Publié le 22/02/2022

4 min

Publié le 22/02/2022

Temps de lecture : 4 min 4 min

Le chancelier allemand Olaf Scholz a annoncé le 22 février suspendre l’autorisation du gazoduc Nord Stream 2 reliant la Russie à l’Allemagne, après la reconnaissance par Moscou de l’indépendance de provinces ukrainiennes pro-russes, et menacé « d’autres sanctions ». Un nouveau coup d’arrêt pour ce projet controversé qui a connu de nombreuses oppositions depuis le début de sa construction en 2018.

Par la rédaction, avec AFP

 

Le ministère fédéral allemand de l’Économie et de l’action climatique a interrompu le processus de certification du gazoduc Nord Stream 2 en retirant son rapport sur la sécurité d’approvisionnement du projet, en réponse aux actions de la Russie en Ukraine. « Sans cette certification, Nord Stream 2 ne peut pas être mis en service« , a déclaré M. Scholz lors d’une conférence de presse à Berlin avec le Premier ministre irlandais Micheal Martin, ajoutant que le dossier allait être « réexaminé » par le gouvernement allemand.

Berlin suspend la certification du gazoduc

« J’ai demandé au ministère de l’Économie et à l’agence fédérale de certification du projet de suspendre leurs travaux de certification« , a précisé Olaf Scholz. Par conséquent, tant que le rapport sur la sécurité de l’approvisionnement n’est pas mis à jour, aucune décision de certification positive ne peut être prise par l’Agence fédérale des réseaux (Bundesnetzagentur ou BNetzA). « Nous ne pourrons pas accepter la reconnaissance (des provinces pro-russes), c’est pourquoi il est si important de réagir maintenant et rapidement« , a-t-il fait valoir.

Un projet controversé depuis ses débuts 

Tout juste achevé en novembre, mais jamais encore mis en service, Nord Stream 2 est depuis le début du projet au coeur de batailles géopolitique et économique. Il était jusqu’ici en attente d’une certification par le régulateur de l’énergie en Allemagne, en raison de problèmes juridiques, en l’occurrence le non respect de certaines dispositions de la législation allemande et européenne. En novembre 2021, la BNetzA a suspendu le processus d’approbation de Nord Stream 2 AG en tant qu’opérateur indépendant du réseau de transport de gaz, exigeant que l’opérateur soit organisé sous une forme juridique de droit allemand. Désormais Berlin franchit un pas supplémentaire en suspendant la procédure et en réexaminant le dossier à la lumière des derniers développement en Ukraine. Nord Stream 2 relie les deux pays via un tube de 1 230 kilomètres sous la mer Baltique, d’une capacité de 55 milliards de m3 de gaz par an, sur le même parcours que son jumeau Nord Stream 1, opérationnel depuis 2012. Contournant l’Ukraine, le tracé va augmenter les possibilités de livraison de gaz russe à l’Europe. Le chancelier allemand a en outre prévenu que « d’autres sanctions » contre la Russie pourraient suivre, en cas d’aggravation de la situation en Ukraine et a d’ores et déjà averti que l’Union européenne allait adopter des sanctions « massives et robustes« . Malgré tout, le successeur d’Angela Merkel a appelé à des efforts diplomatiques entre les Occidentaux et la Russie « pour éviter une catastrophe« . « C’est l’objectif de tous nos efforts diplomatiques« , a-t-il ajouté soulignant que « 80 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, une guerre menace l’Europe de l’Est« .

Dans la soirée, l’ancien président russe Dmitri Medvedev n’a pas manqué d’ironiser sur Twitter :  « Bienvenue dans un monde nouveau où les Européens vont bientôt payer 2 000 euros pour 1 000m3 de gaz », une somme potentiellement colossale pour l’Allemagne, qui a importé en 2020 à elle seule 56,3 milliards de m3 de gaz russe, soit 55 % de ses besoins en gaz.