L’UE se dote d’une nouvelle alliance pour accélérer la production de biométhane

Le vice-président exécutif Timmermans et la commissaire Simson se sont joints à Harmen Dekker, PDG de l’Association européenne du biogaz, et à Ole Hvelplund, PDG de Nature Energy, pour marquer le début du partenariat industriel sur le biométhane en ouvrant symboliquement un gazoduc renouvelable lors de la Semaine européenne de l’énergie durable, à Bruxelles.

Publié le 29/09/2022

4 min

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Lors de la présentation du plan REPowerEU en mars, la Commission européenne a fixé un nouvel objectif de production de biométhane : 35 milliards de mètres cubes de biométhane dans l’UE d’ici 2030. Pour y parvenir, la Commission européenne et des entreprises adhérentes de l’Association européenne du biogaz ont lancé le 28 septembre un partenariat public-privé : le partenariat industriel pour le biométhane (PIB). Objectif : booster la production mais aussi la compétitivité de la filière en Europe.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

« Nous sommes à un moment critique pour la sécurité énergétique de l’UE. La manipulation des marchés de l’énergie par la Russie nous oblige à agir. Développer la production d’énergie verte locale est un moyen idéal de mettre fin à notre dépendance aux combustibles fossiles » a souligné la commissaire à l’énergie Kadri Simson en préambule du lancement du partenariat industriel pour le biométhane. « L’Europe dispose d’un énorme potentiel pour la production de biométhane », a déclaré Frans Timmermans, vice-président exécutif de la Commission, jugeant ce partenariat déterminant « pour accroître la production et l’utilisation du biométhane dans toute l’UE ».

 

Environ 30 TWh de biométhane produits en 2021

Selon une étude publiée en mai dernier par le cabinet Sia Partners, l’Europe compte à la fin de l’année 2021 plus d’un millier d’unités de production de biométhane injectant dans les réseaux gazier pour une capacité installée avoisinant les 3,6 milliards de mètres cubes, soit environ 35 TWh, et une production injectée estimée à un peu plus de 30 TWh. Le secteur a connu une croissance régulière ces dernières années, « la capacité totale de valorisation du biogaz en biométhane a augmenté de 21 % en deux ans seulement » notent les auteurs. Une évolution qui résulte principalement de la croissance dynamique des principaux pays producteurs, comme la France ou les Pays-Bas. « Rien qu’en France, 241 nouvelles unités de biométhane ont été mises en service au cours des deux dernières années » souligne l’étude. Une augmentation significative qui fait de notre pays celui qui compte aujourd’hui le plus grand nombre d’unités de production de biométhane en service (365 à la fin de l’année 2021, près de 470 aujourd’hui). La filière biométhane décolle également en Italie, qui a doublé son nombre d’unités en moins de deux ans et totalise aujourd’hui 26 unités et une production de biométhane de 1,2 TWh. La plupart des pays producteurs choisissent d’injecter le biométhane dans le réseau de gaz, à l’exception notable de la Suède, de la Finlande et de la Norvège. Si certains pays stagnent ou connaissent des évolutions mineures, comme l’Autriche (0,1 TWh injecté en 2021), la Suisse (0,4 TWh) ou encore la Suède (0,5 TWh), d’autres, comme la France, les Pays-Bas (2,2 TWh) ou l’Italie (1,2 TWh) affichent une dynamique croissante et continue. Le Danemark, qui compte 57 unités de méthanisation, a injecté l’année dernière 5,8 TWh de biométhane, qui représentent aujourd’hui 25 % de la consommation nationale de gaz.

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70 à 80 milliards d’investissements nécessaires

« Le secteur du biométhane est prêt à atteindre l’objectif de 35 milliards de mètres cubes, qui exige 70 à 80 milliards d’euros d’investissement » a souligné Harmen Dekker, PDG de l’Association européenne du biogaz (EBA). Début juillet, son président Anders Mathiasson détaillait ses besoins en investissement en capital. L’Europe aura besoin de 48 milliards d’euros pour construire 4 000 unités de taille moyenne et de 35 milliards d’euros pour construire 1 000 centrales à grande échelle en huit ans. Il s’agit d’un objectif réaliste : à elle seule, l’Allemagne a construit 6 000 installations en neuf ans. Le PDG de Nature Energy Ole Hvelplund a déclaré que les entreprises étaient « impatientes » de travailler ensemble, affichant l’ambition « simultanée » d’augmenter la production, les raccordements et de renforcer la consommation.

Le partenariat industriel sur le biométhane est ouvert « à toutes les parties intéressées » (États, industriels, associations, entreprises, universités et organisations de la société civile) qui « souhaitent travailler à la réalisation de son objectif » précise le communiqué.  Le gestionnaire de transport de gaz française GRTgaz fait partie des initiateurs. Le démarrage technique est prévu le 25 octobre.