Londres distribue des permis de stockage de CO2 sous-marins

Le gouvernement britannique s'est fixé des objectifs ambitieux en matière de stockage du carbone, à savoir 20 à 30 millions de tonnes d'émissions de CO2 par an d'ici à 2030 et plus de 50 millions de tonnes d'ici à 2035.  ©Shutterstock

Publié le 15/09/2023

3 min

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Les autorités britanniques ont annoncé vendredi 15 septembre avoir accordé 21 permis pour enfouir du CO2 dans des champs pétroliers et gaziers sous-marins déjà exploités, espérant ainsi contribuer à mener le pays vers la neutralité carbone, même si cette technologie est encore largement expérimentale et que de nombreux experts et organisations non gouvernementales contestent la pertinence et le poids des technologies de capture et de stockage du carbone.

Par la rédaction, avec AFP

 

Ces sites pourraient « stocker jusqu’à 30 millions de tonnes de CO2 par an d’ici 2030, soit environ 10 % des émissions annuelles du Royaume-Uni, qui s’élevaient à 341,5 millions de tonnes en 2021″, indique le communiqué de l’Autorité de transition de la mer du Nord. Pour rappel, le gouvernement britannique s’est fixé des objectifs ambitieux en matière de stockage du carbone, à savoir 20 à 30 millions de tonnes d’émissions de CO2 par an d’ici à 2030 et plus de 50 millions de tonnes d’ici à 2035. 

« L’une des plus grandes capacités potentielles de stockage de CO2 en Europe »

« Un total de 14 entreprises ont reçu 21 permis dans des réservoirs de pétrole et gaz déjà exploités et vides ainsi que dans des aquifères salins », détaille le communiqué de l’Autorité de transition de la mer du Nord (NSTA). Des réservoirs de pétrole et de gaz et aquifères salins qui « couvrent environ 12 000 km², soit une superficie équivalente à celle du Yorkshire » ajoute la NSTA. Shell, Perenco et ENI font partie des entreprises qui ont reçu ces permis pour des sites au large des côtes de la région du Norfolk, à l’est de l’Angleterre. D’autres sites sont envisagés au large d’Aberdeen en Écosse, ou de Liverpool sur la côte ouest britannique. Le « stockage de carbone va jouer un rôle crucial dans la transition énergétique » assure Stuart Payne, directeur général de la NSTA, cité dans le communiqué. « On estime qu’une centaine de permis seront nécessaires pour répondre aux exigences de l’objectif « zéro émission » et le volume des demandes reçues lors de la première phase a démontré le désir de l’industrie d’obtenir d’autres opportunités » souligne-t-il. Le Royaume-Uni possède « l’une des plus grandes capacités potentielles de stockage du dioxyde de carbone en Europe » souligne de son côté Lord Callanan, le ministre de l’efficacité énergétique et des finances vertes. Le pays a d’ailleurs engagé près de 20 milliards de livres sterling pour développer les premières étapes du captage, de l’utilisation et du stockage du carbone (CCUS).

Une technologie « contestée »

De nombreux experts et groupes de défense de l’environnement mettent toutefois en doute le poids accordé à ces technologies dans le plan de transition énergétique de Downing Street. « La [technique de] captation et stockage de carbone (CCS) est chère, comme le montre le fait que les compagnies pétrolières ne veulent pas le faire seules et demandent au gouvernement de cofinancer ces projets », a commenté Erik Dalhuijsen, cofondateur de l’ONG Aberdeen Climate Action, interrogé par l’AFP.  « Ne pas émettre [de CO2] est bien moins cher« , insiste cet expert du CCS, qui ajoute qu’il n’est « pas du tout certain que la technologie puisse marcher« .