L’Europe, leader de l’innovation dans les technologies propres

L'Europe contribue de manière significative au développement des technologies propres estime la BEI et l’OEB. Entre 2017 et 2021, l'UE a été à l'origine de près de 52 000 brevets soit 22 % de l'ensemble des brevets déposés dans ce domaine. ©Shutterstock

Publié le 30/04/2024

4 min

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 L’Office européen des brevets (OEB) et la Banque européenne d’investissement (BEI) ont publié le 26 avril un rapport intitulé « Financement et commercialisation d’innovations dans le domaine des technologies propres ». L’occasion pour les deux institutions de rappeler que dans cette course mondiale à l’innovation qu’entraîne la transition, l’Europe occupe une place prépondérante, notamment dans les technologies énergétiques à faible teneur en carbone, la mobilité propre et les alternatives aux plastiques.

Par Laura Icart

 

Au cours des 25 dernières années, le paysage de l’innovation « s’est considérablement enrichi » indique l’étude, en particulier l’innovation liée aux technologies propres. Entre 2017 et 2021, plus de 750 000 familles de brevets internationaux (FBI) liées aux technologies propres et durables ont été recensées dans le monde, « soit près de 12 % de toutes les FBI ». Et si l’Europe est l’une des principales actrices dans le domaine des technologies propres, avec des pays particulièrement à la pointe comme l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni, elle est aujourd’hui rattrapée par la Chine, alors que le Vieux Continent fait face à « un déficit de financement et à un manque de cohérence réglementaire » indique le rapport de l’OEB et de la BEI.

27 % des inventions mondiales

Entre 2017 et 2021, les 39 États membres de l’OEB ont contribué à 27 % de l’ensemble des inventions mondiales « à haute valeur » dans le domaine des technologies propres, devant le Japon (21 %), les États-Unis (20 %) et la Chine (15 %). En 2021, « près de 55 000 inventions ont été enregistrées » précise l’OEB, dont 14 000 déposés par les Européens et 12 000 par les Chinois, ce qui représente une augmentation de près de 33 % par rapport aux cinq années précédentes. « L’Europe est à la pointe de l’innovation en matière de technologies propres et un marché unique pleinement opérationnel au sein de l’Union européenne, constituant un catalyseur pour développer l’expansion de ces technologies » souligne Nadia Calviño, la présidente de la BEI, rappelant l’importance d’offrir « du capital-risque et des financements stratégiques aux innovateurs dans ce domaine ». Car si l’Europe reste à la pointe – elle a par exemple déposé 28 % de l’ensemble des familles internationales de brevets (FBI) au cours de la période 2011-2020 dans trois segments majeurs de la chaîne de valeur de l’hydrogène (la production, les applications finales et technologies de stockage, de distribution et de transformation), elle est désormais talonnée par la Chine. La Chine qui a mis quelques années à démarrer sur ce marché va désormais très vite en concentrant d’importants moyens dans ce domaine. L’année dernière, une étude australienne estimait que l’empire du Milieu se positionnait « comme la première superpuissance scientifique et technologique mondiale ». 

La question du financement

Si les trois quarts des familles de brevets internationaux liées aux technologies propres et durables dans l’UE et aux États-Unis sont déposées par de très grandes entreprises, plus de 70 % de celles ayant obtenu des brevets dans l’UE comptent moins de 5 000 employés rappelle l’étude. Au sein de l’UE, ces entreprises ont déjà commercialisé « environ deux tiers des technologies pour lesquelles elles ont déposé des demandes de brevet »  au cours de la période 2011-2022, « 28 % étant en outre sur le point d’être lancées sur le marché ». Cet écosystème d’entreprises, des grandes PME aux micro-entreprises, estime que l’accès aux financements est un problème, même s’il ne constitue pas un frein majeur pour les grandes et moyennes entreprises, au contraire des plus petites. En effet, près de 43 % des moyennes et 55 % des grandes entreprises de moins de 5 000 employés identifient « une réglementation cohérente au sein de l’UE comme étant l’outil politique le plus souhaité ».

Le difficile passage à l’échelle

Environ la moitié des technologies propres et durables développées par les innovateurs de l’UE sont à un stade de lancement ou de début de commercialisation. « 22 % sont à l’échelle et 10 % sont déjà matures ou en phase de consolidation » précise l’étude. C’est là que le principal écart entre l’UE et les États-Unis semble se creuser alors que le pays de l’Oncle Sam totalise environ 30 % de technologies à l’échelle. La proportion d’entreprises qui déclarent avoir abandonné la technologie brevetée sur laquelle elles ont été interrogées « est très faible », mais « légèrement plus élevée » dans l’UE, à hauteur de 8 % contre 2,7 % aux États-Unis et 1,2 % dans les autres pays de l’OEB. Le montant médian du financement est « considérablement plus faible » qu’aux États-Unis, tandis que les montants « augmentent beaucoup plus rapidement » aux États-Unis qu’en Europe.