Les normes au service de la décarbonisation de la chaîne GNL

Publié le 26/01/2022

4 min

Publié le 26/01/2022

Temps de lecture : 4 min 4 min

Par Christophe Erhel, ingénieur au Bureau de normalisation du gaz (BNG)

Point de vue expert Par Christophe Erhel, ingénieur au Bureau de normalisation du gaz (BNG) Après avoir travaillé 20 ans dans le secteur gazier au sein de la compagnie Shell, Christophe Erhel a rejoint en 2012 l'Association française du gaz. Il est responsable de la réglementation technique et de la normalisation sur les infrastructures gazières. Il anime des commissions nationales représentant l'industrie gazière française pour élaborer ou réviser les réglementations et normes en France et en Europe.   La demande de GNL, dont les émissions de gaz à effet de serre (GES) de la chaîne GNL sont compensées, est apparue en Asie en 2019 avec trois cargaisons vendues. Elle se développe jusqu’en Europe et représente 15 cargaisons sur les huit premiers mois de 2021 (source Bloomberg). Il n’existe pourtant pas de norme reconnue pour calculer l’empreinte carbone de la chaîne GNL et la compenser. Ce nouveau segment de marché en forte croissance en aura besoin pour assurer une transparence et une « auditabilité ». Transparence et traçabilité Impulsés par les principaux producteurs de GNL dont TotalEnergies, des travaux ont commencé en 2020 à l’ISO/TC 67/SC9, « Équipements et installations GNL » (dont le secrétariat est assuré par le Bureau de normalisation du gaz) pour calculer les émissions de GES lors de la liquéfaction, principal émetteur de la chaîne (ISO 6338, « Méthode pour calculer les émissions de GES dans les usines GNL »). Ils doivent ensuite être étendus à la production amont du gaz et au transport du GNL par bateau et à sa regazéification  afin d’avoir une méthodologie pour le calcul de l’empreinte carbone de toute la chaîne GNL. Ce référentiel permettra la mise en place d’un certificat volontaire détaillant les émissions GES du GNL vendu. Les principaux acteurs de l’audit, dont Bureau Veritas, participent aux travaux pour assurer l’ « auditabilité » de ce certificat. Il garantira la transparence et permettra aux acheteurs de GNL d’intégrer le critère des émissions GES associées au produit GNL qu’ils achètent. Des fournisseurs comme Engie participent aussi aux travaux. Quantifier les gaz à effet de serre L’association internationale des importateurs de GNL (GIIGNL) met également en place un cadre pour avoir une approche cohérente sur le reporting des émissions de gaz à effet de serre (GHG emissions) d’une cargaison de GNL ainsi que pour déclarer des engagements en vue de leur réduction et de leur compensation carbone. Ce cadre se base aujourd’hui sur des normes générales existantes et reconnues pour le calcul de l’empreinte carbone (par exemple l’ISO 14064, « Gaz à effets de serre »). La norme ISO 6638 en cours de développement permettra d’offrir une base plus spécifique aux calculs des émissions de GES pour les usines de GNL et ensuite pour toute la chaîne GNL. Elle sera donc un outil utile et nécessaire pour le framework qui a été développé par le GIIGNL. La quantification des émissions concerne tous les GES :  dioxyde de carbone (CO2), méthane (CH4), protoxyde d'azote (N2O), hydrofluorocarbures (HFC), perfluorocarbures (PFC) et hexafluorure de soufre (SF6). Elle concerne aussi tous les types d’émissions : émissions lors de la combustion, émissions provenant du torchage et des évents, émissions fugitives et émissions associées à l'énergie importée, aux utilités et aux consommables. Concevoir des installations moins émissives Le premier objectif des travaux était de permettre un benchmark des émissions de gaz à effet de serre des différentes chaînes de GNL dans le monde. Il est apparu que la méthode de quantification permettait également de gérer et de prioriser les investissements afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Elle permet donc aussi de concevoir de nouvelles installations moins émissives par les sociétés d’ingénierie comme Technip Energies. Ces normes seront donc un outil pour la décarbonisation du GNL. Prendre en compte l’impact environnemental du GNL Le calcul de l’empreinte carbone des GNL de différentes origines pourra également répondre aux attentes des autorités comme la Commission européenne. Il permettra en effet de mesurer de manière fiable et transparente les quantités de GES importées avec le gaz en Europe. L’approvisionnement en gaz ne sera plus uniquement basé sur son coût mais prendra en compte son impact environnemental. Le calcul de l’empreinte carbone favorisera les producteurs avec les meilleures pratiques environnementales et poussera les autres à s’adapter, permettant là encore la décarbonisation du GNL. Cette transparence sur l’empreinte carbone permettra d’augmenter sensiblement la confiance des acheteurs dans ces offres commerciales de GNL et pousseront les opérateurs de cette chaîne GNL à réduire au maximum leurs émissions de gaz à effet de serre et à compenser (offset) les émissions qui ne peuvent pas l’être. Crédit : C. Erhel.

Cet article est réservé aux abonnés de Gaz d'aujourd'hui, abonnez-vous si vous souhaitez lire la totalité de cet article.

Je m'abonne