Les investissements mondiaux dans la transition énergétique quasi au niveau de ceux dédiés aux fossiles

La Chine est "le premier contributeur", représentant un peu moins de la moitié des investissements mondiaux dans la transition énergétique loin devant le deuxième plus gros investisseur, les États-Unis et l'Allemagne. ©Shutterstock

Publié le 09/02/2023

4 min

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En 2022, autant d’argent a été investi pour la transition bas carbone que pour les énergies fossiles indique un rapport du cabinet d’études BloombergNEF publié fin janvier. En effet, les investissements mondiaux dans la transition énergétique ont bondi en 2022 de 31 % par rapport à l’an dernier, totalisant 1 100 milliards de dollars et frôlant désormais le montant des investissements dédiés aux énergies fossiles.

Par la rédaction, avec AFP

 

« Les investissements dans la transition énergétique sont sur le point de dépasser pour la première fois les investissements dans les énergies fossiles », d’un montant similaire estimé à 1 100 milliards de dollars en 2022, écrivent les auteurs de ce rapport publié le 27 janvier. Ce rattrapage inédit a été permis malgré « la hausse des dépenses » pour les énergies fossiles en 2022, année marquée par des craintes pour la sécurité énergétique qui a poussé de nombreux pays à développer les projets d’énergies fossiles pour compenser le tarissement progressif du gaz de Moscou après l’invasion de l’Ukraine. 

Multiplier par trois les investissements pour atteindre la neutralité carbone

Les investissements de transition devront toutefois en moyenne atteindre « plus de trois fois ce niveau, pour le reste de cette décennie » pour être en voie d’atteindre la neutralité carbone en 2050. BloombergNEF calcule qu’il faudra dépenser 4 550 milliards de dollars par an dans la transition énergétique et les investissements dans les réseaux d’ici 2030. Mais il en faudra encore bien plus, 7 870 milliards de dollars chaque année, dans la décennie 2040, presque six fois plus qu’en 2022. Le rapport comptabilise les investissements réalisés dans un large spectre de la transition bas carbone : les énergies renouvelables mais aussi le stockage et les infrastructures de recharge électrique, la production d’hydrogène et d’électricité nucléaire, les projets de capture et de stockage de carbone, ainsi que les pompes à chaleur et les véhicules à zéro émission. Si les énergies renouvelables sont restées le secteur le plus important avec 495 milliards de dollars (+ 17 % en glissement annuel), les investissements dans les transports électrifiés (véhicules électriques et infrastructures associées) ont connu une croissance beaucoup plus rapide, atteignant 466 milliards de dollars, « soit une augmentation de 54 % » souligne le rapport. L’hydrogène est le secteur qui a reçu le moins d’engagement financier, avec seulement 1,1 milliard de dollars en 2022 (0,1 % du total), malgré un fort intérêt du secteur privé et un soutien politique croissant. Cependant l’hydrogène est « le secteur qui connaît la plus forte croissance, les investissements ayant plus que triplé par rapport à l’année précédente ».

La Chine, les États-Unis et l’Allemagne dominent les investissements

La Chine est « le premier contributeur », représentant un peu moins de la moitié des investissements mondiaux dans la transition énergétique (546 milliards de dollars), loin devant le deuxième plus gros investisseur, les États-Unis, qui ont financé le secteur à hauteur de 141 milliards de dollars. Le troisième plus gros pourvoyeur de fonds, et le premier en Europe, est l’Allemagne, qui a déboursé 55 milliards de dollars, suivie de la France (29 milliards de dollars), qui prend une place au classement au Royaume-Uni (28 milliards).

La Chine représentait 91 % des investissements manufacturiers en 2022

119 milliards de dollars ont été investis par les entreprises l’année dernière dans le domaine de la technologie climatique. Des investissements en baisse de 29 %, un mouvement dû « à une chute des offres publiques d’actions au cours d’une année difficile pour les marchés boursiers mondiaux » indique le rapport qui note que « les financements en capital-risque et en capital-investissement ont bien résisté, avec une croissance de 3 % sur l’année ». Le BNEF indique également que les investissements dans les installations de fabrication de technologies d’énergie décarbonée ont atteint 78,7 milliards de dollars en 2022, contre 52,6 milliards de dollars en 2021. Les installations de fabrication de batteries et de composants connexes en ont constitué la plus grande part avec 45,4 milliards de dollars, tandis que les usines solaires ont attiré 23,9 milliards de dollars. La Chine représentait 91 % des investissements manufacturiers en 2022, malgré les efforts d’autres pays pour capter une plus grande partie de l’opportunité mondiale d’énergie propre. Entre 2023 et 2026, le BNEF estime que « les investissements dans les usines pour les technologies d’énergie propre n’auront besoin que d’une moyenne de 35 milliards de dollars par an pour être sur la voie de son scénario net zéro ».