Les États-Unis, premier fournisseur de gaz de la France en 2022

En Mars 2022, la France a été la première destination mondiale pour le GNL américain devant l'Espagne et le Royaume-Uni en accueillant 16 cargaisons. ©Shutterstock

Publié le 29/09/2023

4 min

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Les États-Unis sont devenus le premier fournisseur de gaz de la France en 2022, année du début de la guerre en Ukraine, devant la Norvège et la Russie où la France s’est fournie à hauteur de 15 %, selon l’édition des « Chiffres clés de l’énergie 2023″ publié le 28 septembre par le ministère de la Transition énergétique.

Par la rédaction, avec AFP

 

Dans le contexte de très forte hausse des prix et de tensions sur l’approvisionnement liées à l’invasion russe, les États-Unis se sont aussi imposés comme la première source d’importation de pétrole brut pour la France, alors qu’ils étaient au 9e rang en 2018, la Russie reculant du 6e au 10e rang, précise le document du MTE.

La France a dépensé 116,3 milliards d’euros en 2022

La facture énergétique de la France s’élève à 116,3 milliards d’euros l’année dernière, un niveau record pour le MTE qui s’explique par la crise énergétique qui a vu le prix de l’énergie s’accroître et un « intense renchérissement des énergies fossiles », en particulier la facture de gaz naturel qui a augmenté de plus de 200 % et celle du pétrole de 80 %, mais aussi d’un déficit de production d’électricité nucléaire inédit. « La France importe la quasi-totalité des énergies fossiles qu’elle consomme », ce qui la rend forcement plus dépendante du contexte géopolitique mondial, même si la diversification de ses approvisionnements l’a rendue moins vulnérable que certains de ses voisins européens.

Des approvisionnements énergétique modifiés

Les quantités de pétrole brut importées des États-Unis ont augmenté de 37 % à 6,2 mégatonnes équivalent pétrole en 2022, devant le Kazakhstan (5,7 Mtep), le Nigeria (4,2), l’Algérie (3,7) tandis que les achats directs à la Russie ont diminué de 30 % à 2,2 Mtep, indique le document. L’approvisionnement en gaz a, lui, été « profondément modifié par les répercussions de la guerre en Ukraine », détaille un graphique ventilant, pays par pays, les 640 TWh PCS de gaz importés par la France en 2022. Si les importations françaises de gaz naturel ont « nettement » augmenté en 2022, c’est « en raison de la forte croissance des importations de gaz naturel liquéfié (GNL), dont une partie est destinée à d’autres pays après regazéification », observe le document. 

Les États-Unis, premier fournisseur de la France

En 2022, les États-Unis deviennent ainsi « le premier fournisseur de la France (25 % des entrées brutes), devant la Norvège (22 % du total des entrées brutes), la Russie (15 %), l’Algérie (8 %), le Qatar (4 %), les Pays-Bas (3 %) et le Nigeria (2 %)« . Une situation inédite, notamment pour la France qui, jusqu’au début de la crise limitait l’arrivée de gaz américain. En effet, le pays utilise la fracturation hydraulique, une technique de fracturation des roches non poreuses via l’injection d’un fluide à haute pression particulièrement controversée qui cause des dommages environnementaux et sanitaires importants. Une technique qu’elle a elle-même interdit sur son sol en 2011. En 2020, les États-Unis ne figuraient même pas dans le top 6 des fournisseurs de gaz de la France. L’année 2022 a été marquée par une « diversification des approvisionnements » avec des achats auprès d’autres pays qui se sont « fortement » développés, parallèlement à des achats sur les marchés (17 %) où l’origine du gaz ne peut pas être retracée.

Pour Moez Ajmi, responsable énergie chez EY, interrogé récemment par l’AFP, la question est de savoir ce que feront les États-Unis après les élections de 2024, car l’approvisionnement massif de l’Europe « a créé une hausse des prix du gaz aux États-Unis » et « si, par exemple, demain Donald Trump est réélu, ça m’étonnerait qu’il continue« , dit-il. « Aujourd’hui, la moitié à peu près de l’approvisionnement en GNL (en Europe), c’est un GNL américain, du gaz de schiste », observe-t-il.