Les émissions de CO2 liées à l’énergie augmentent encore

La plus forte augmentation sectorielle des émissions de CO2 en 2022 provient de la production d'électricité et de chaleur, dont les émissions ont augmenté de 1,8 %. ©Shutterstock

Publié le 05/03/2023

6 min

Publié le 05/03/2023

Temps de lecture : 6 min 6 min

En 2022, les émissions mondiales de CO2 liées à l'énergie ont augmenté de 0,9 %. La hausse est cependant moins élevée que prévue grâce à l'essor des énergies et technologies vertes, a annoncé le 3 mars l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Des émissions qui restent cela dit sur une trajectoire « insoutenable » pour tenir les objectifs climatiques pour l’AIE, qui appelle les États du monde à accélérer sur leurs politiques de transition. Par la rédaction, avec AFP   « Le risque d'une croissance débridée des émissions en raison du recours accru au charbon dans le contexte de crise énergétique ne s'est pas matérialisé, l'essor des énergies solaire et éolienne, des voitures électriques, de l'efficacité énergétique et d'autres facteurs ayant freiné la montée du CO2", souligne Fatih Birol, directeur exécutif de l'AIE dans une analyse basée sur des données nationales publiques. En 2022, les émissions mondiales de CO2 liées à l'énergie ont augmenté de 0,9 %, soit 321 millions de tonnes (Mt), pour atteindre un nouveau record de plus de 36,8 milliards de tonnes, selon le rapport. Mais selon l'AIE, 550 millions de tonnes de CO2 ont aussi été évitées par les infrastructures nouvelles d'énergies bas carbone. Sur l'augmentation globale de 321 Mt de CO2, les températures extrêmes ont contribué à hauteur de 60 Mt au chauffage et à la climatisation des bâtiments. Le déclin de la production d'énergie nucléaire, dû à la fois à l'entretien et à la poursuite des abandons progressifs, a entraîné 55 Mt de CO2 supplémentaires. L'an dernier, les renouvelables ont représenté 90 % de la croissance de la production électrique. La production solaire photovoltaïque et éolienne a augmenté d'environ 275 TWh chacune, ce qui constitue un nouveau record annuel. La hausse des émissions a été nettement plus lente que la croissance économique mondiale de 3,2 %, signalant un retour à une tendance décennale qui avait été interrompue en 2021 par le rebond économique rapide et très émetteur de la crise de covid. Un recours accru aux énergies fossiles En 2021, la hausse annuelle des émissions liés à l'énergie avait atteint 6 %, après une année covid exceptionnellement en retrait. L'an dernier, les émissions ont été alimentées par un recours accru aux énergies fossiles lié notamment à la recrudescence d'épisodes climatiques extrêmes ou encore aux difficultés de fonctionnement d'un nombre inédit de réacteurs nucléaires. Les émissions générées par la combustion du charbon, qui en Asie mais aussi en Europe a souvent remplacé le gaz devenu trop cher, ont crû de 1,6 %,soit 243 Mt, dépassant de loin le taux de croissance moyen de la dernière décennie et atteignant « un nouveau sommet historique de près de 15,5 Gt » précise l’agence. Si l'augmentation des émissions dues au charbon n'a représenté qu'un quart environ de la hausse enregistrée en 2021, elle « a néanmoins largement dépassé le taux de croissance moyen de la dernière décennie » note l’AIE. L'augmentation des émissions dues au charbon a plus que compensé la baisse de 1,6 % des émissions dues au gaz naturel, l'offre ayant continué à se resserrer après l'invasion de l'Ukraine par la Russie et avec une demande en gaz qui s’est bien réduite en Europe, résultant d’une politique de sobriété efficiente et d’une hausse des coûts qui a réduit de facto l’activité de certaines entreprises. Les émissions liées au pétrole ont augmenté de 2,5 % à 268 Mt, pour atteindre 11,2 Gt. Le continent asiatique pousse la croissance du CO2 Géographiquement, l'Asie hors Chine a vu ses émissions croître de 4,2 %, ou 206 Mt de CO2, tirées par sa croissance économique. La Chine, soumise à des restrictions dues au covid, reste au même niveau d'émission. Plus de la moitié de l'augmentation des émissions de la région provient de la production d'électricité à partir du charbon. Dans l'UE, les émissions ont reculé de 2,5 %, grâce à un déploiement record de renouvelables face au retour du charbon. Les émissions du secteur du bâtiment ont nettement diminué, grâce à un hiver doux. Bien que les émissions du secteur de l'électricité aient augmenté de 3,4 %, l'utilisation du charbon n'a pas été aussi importante que prévu. Pour la première fois, la production d'électricité à partir de l'éolien et du solaire photovoltaïque combinés a dépassé celle du gaz ou du nucléaire. Aux États-Unis, elles ont augmenté de 0,8 %, avec une forte hausse de la demande énergétique en raison de températures extrêmes. Alors que de nombreux autres pays ont réduit leur consommation de gaz naturel, les États-Unis ont connu une augmentation de 89 Mt des émissions de CO2 provenant du gaz, car celui-ci a été sollicité pour répondre aux pics de demande d'électricité pendant les vagues de chaleur estivales. La Chine stabilise ses émissions La plus forte augmentation sectorielle des émissions en 2022 provient de la production d'électricité et de chaleur, dont les émissions ont augmenté de 1,8 %, soit 261 Mt. En particulier, les émissions mondiales de la production d'électricité et de chaleur à partir du charbon ont augmenté de 224 Mt, soit 2,1 %, sous l'impulsion des économies émergentes d'Asie. Les émissions de l'industrie ont diminué de 1,7 % pour atteindre 9,2 Gt l'année dernière. Bien que plusieurs régions aient connu des réductions de production, la baisse mondiale a été largement alimentée par une diminution de 161 Mt de CO2 des émissions de l'industrie chinoise, « reflétant une baisse de 10 % de la production de ciment et de 2 % de la production d'acier » précise le rapport. Les émissions de la Chine sont restées relativement stables en 2022, avec une baisse de 23 Mt ou 0,2 %. La hausse des émissions dues à la combustion a été compensée par la baisse des émissions dues aux procédés industriels. Une croissance économique plus faible, une baisse de l'activité de construction et des mesures covid 19 strictes ont entraîné des réductions des émissions de l'industrie et des transports. La croissance des émissions du secteur de l'électricité a ralenti par rapport à la moyenne de la dernière décennie, mais elle a tout de même atteint 2,6 %. Dans le secteur des transports, les émissions mondiales ont augmenté de 2,1 %. Environ la moitié de l'augmentation provenait de l'aviation, les voyages aériens ayant continué à rebondir après le creux de la pandémie, approchant 80 % des niveaux de 2019. Toutefois, les ventes de voitures électriques ont "dépassé les 10 millions en 2022, soit plus de 14 % des ventes mondiales" note l'AIE.

Cet article est réservé aux abonnés de Gaz d'aujourd'hui, abonnez-vous si vous souhaitez lire la totalité de cet article.

Je m'abonne