Les coûts de production du parc nucléaire d’EDF « restent contenus »

Electricité
30/09/2025
4 min
Le coût complet de production de l’électricité est estimé à 60,3 MWh par le régulateur, en euros constants de 2026, pour la période 2026-2028. Pour les années 2029-2031, ce coût devrait atteindre 63,4 €/MWh. ©Shutterstock

Alors que la fin du dispositif de l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique (Arenh) approche, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) a dévoilé le 30 septembre son évaluation des coûts de production du parc nucléaire d’EDF. Ces coûts, qui serviront de référence pour le futur mécanisme de régulation des revenus du géant de l’électricité à partir de 2026, devraient rester contenus pour les trois prochaines années.

Par la rédaction, avec AFP

Selon le rapport publié par la CRE, le coût complet de production de l’électricité issue des 57 réacteurs nucléaires d’EDF – dont l’EPR de Flamanville mis en service en 2024 – est estimé à 60,3 euros par mégawattheure en euros constants de 2026, pour la période 2026-2028. Pour les années 2029-2031, ce coût devrait atteindre 63,4 euros le MWh.

Un changement de modèle dès janvier 2026

Jusqu’ici, le dispositif Arenh obligeait EDF à vendre une part de sa production nucléaire à un tarif réduit, pour faire bénéficier les fournisseurs alternatifs et les consommateurs d’une électricité compétitive. Mais ce système prendra fin le 31 décembre 2025. À partir du 1er janvier 2026, EDF pourra vendre l’intégralité de sa production sur les marchés de gros. Un nouveau cadre, baptisé « versement nucléaire universel » (VNU), prendra alors le relais. Il prévoit que lorsque les revenus issus de la vente de l’électricité dépasseront certains seuils, l’État prélèvera une taxe sur les revenus d’EDF pour en redistribuer une partie à l’ensemble des consommateurs, particuliers comme entreprises. Objectif : protéger les Français des envolées des prix sur les marchés, comme celles observées lors de la crise énergétique de 2022.

Des coûts sous contrôle malgré l’inflation

« Les coûts sont très proches de ceux estimés en 2023 », a souligné Emmanuelle Wargon, présidente de la CRE. La régulation note que la récente évolution de la méthodologie de calcul, décidée par l’État, a permis de limiter l’impact de l’inflation sur les coûts. La CRE retient un coût inférieur à celui avancé par EDF lui-même, qui évalue ses coûts à 64,4 euros le MWh pour 2026-2028 et 67,7 euros le MWh pour 2029-2031. Ces écarts s’expliquent notamment par des différences dans les hypothèses de production, la prise en compte des charges d’exploitation, du capital, des retraites et des coûts de post-exploitation. Le calcul de la CRE repose sur une hypothèse de durée de vie prolongée du parc nucléaire à 60 ans, conformément à la stratégie nationale définie par le gouvernement. Il intègre également la production prévue de l’EPR de Flamanville. La trajectoire retenue prévoit une production de 362 TWh sur 2026-2028, soit un taux de disponibilité moyen de 73,2 % et de 358,4 TWh sur 2029-2031. Ces chiffres tiennent compte des risques liés aux arrêts techniques, aux pertes de production ou encore aux incertitudes autour de la montée en puissance de Flamanville.

Et concrètement pour les consommateurs ?

La mise en œuvre concrète du mécanisme de redistribution dépend désormais de la fixation des deux seuils de taxation par décret : un seuil à partir duquel EDF sera taxé à 50 % et un second à 90 %, selon un barème progressif basé sur les coûts complets majorés d’une marge (entre + 5 et + 55 euros le MWh). Mais la CRE se veut prudente : pour l’année 2026, elle estime à 23,7 milliards d’euros les revenus potentiels d’EDF issus du nucléaire, soit un prix moyen de 65,86 euros le MWh. Un niveau qui se situe dans la fourchette basse des seuils de taxation envisagés. Autrement dit, « il est très peu probable qu’une redistribution aux consommateurs ait lieu dès le 1er janvier 2026″, selon Emmanuelle Wargon.

Le rapport souligne que ce nouveau modèle vise à trouver un équilibre entre la nécessité de garantir des prix stables et compétitifs aux consommateurs et celle d’assurer à EDF des revenus suffisants pour financer les investissements colossaux du nucléaire, notamment le programme de construction des nouveaux réacteurs (EPR2). La CRE publiera une nouvelle évaluation des coûts tous les trois ans, comme le prévoit la loi de finances 2025.

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