Les Cives : une opportunité de transition ?

Le seigle d'hiver recouvre une culture, une céréale profondément enracinée après la saison de croissance pour améliorer les nutriments dans le sol. (c)Shutterstock

Publié le 29/08/2024

4 min

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Temps de lecture : 4 min 4 min

Sur le papier les cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cives) ont tout pour plaire : elles présentent de nombreux avantages - couverture du sol, fixation de l’azote, stockage de carbone - et peuvent générer d’importants volumes de biomasse. Des bénéfices pour les sols, pour la biodiversité et pour l’agriculteur mais un équilibre également à trouver alors que certaines limites peuvent apparaître nécessitant une bonne gestion des risques.  Par Sandra Bilog   L’émergence de la méthanisation a offert un nouveau débouché aux cultures intermédiaires. Auparavant, elles servaient à enrichir le sol, piéger les nitrates, nourrir les animaux d’élevage ou à limiter l’émergence de bioagresseurs et mauvaises herbes. Désormais, les intercultures sont plébiscitées des producteurs de biogaz. Au point que les chercheurs du GIS Apivale envisagent que les Cives pourraient représenter 44 % de l’énergie produite par les unités de méthanisation agricole en 2050. Des atouts manifestes Cette nouvelle voie de valorisation des couverts est de loin la plus intéressante économiquement. Ce faisant, elle contribue à l’augmentation des surfaces agricoles couvertes toute l’année. Or, cette pratique contribue à l’amélioration du stockage du carbone, à la protection des sols contre les événements climatiques extrêmes et à l’érosion. Les couverts végétaux favorisent également la biodiversité et enrayent le cycle de vie des maladies, ravageurs ou mauvaises herbes. Lutter contre les sols nus est d’ailleurs un des axes notoires de la transition écologique. En conciliant ce développement et la production d’énergie renouvelable, les Cives ont permis à la méthanisation de se développer dans des exploitations sans élevage. Elles ont donc de quoi plaire, en activant différents leviers de la transition écologique. Des limites palpables Les intercultures peuvent parfois trouver leurs limites. Une implantation ratée, une météo défavorable lors de la courte période où les couverts sont en place, cela peut arriver. Lorsqu’on n’a pas d’attente économique directe et qu’on ne les a mis en place que pour des raisons agronomiques, rien de bien grave. Quand il y a une unité de production d’énergie qui en dépend, que celle-ci a des obligations de production minimale, pour rembourser des emprunts, payer des emplois directs et indirects, assurer sa maintenance et répondre à la demande énergétique, la donne n’est pas la même. Ces cultures n’ont alors plus rien de secondaire et elles sont encore plus exposées aux aléas que les cultures principales. Si les semis de cultures classiques ont principalement lieu à l’automne et au printemps, c’est que les conditions y sont plus favorables. Le manque d’eau où l’excès de chaleur en été peuvent conduire à des échecs culturaux. En augmentant l’évapotranspiration sur la parcelle, elles peuvent même nuire au développement de la culture suivante. De la même manière, lorsque l’hiver se montre trop humide ou trop froid, la croissance des plantes est mauvaise. Par nature, les couverts végétaux sont plus fréquemment sujets aux déconvenues météorologiques que les cultures principales. Or, le dérèglement climatique promet une accentuation et une fréquence plus élevée de ces événements. Une pratique qui doit rester vertueuse En théorie, les Cives ne sont « que » des intercultures, donc n’empiètent pas sur la production alimentaire. Mais face aux difficultés évoquées précédemment, il peut être tentant pour des agriculteurs de favoriser particulièrement ces couverts. D’autant que le prix de l’énergie est contractualisé sur des années, moins exposé aux évolutions du marché que celui des cultures alimentaires. Sur le terrain, on peut parfois constater que les cultures principales ont été semées trop tard, ou récoltées trop tôt, pour maximiser la production de Cives. On remarque aussi l’irrigation, parfois massive, de ces intercultures, y compris dans des périodes où la ressource en eau est tendue. Enfin, il arrive que les digestats ne suffisent pas et que la pousse des Cives soit dopée par des engrais azotés de synthèse. Comme souvent en agriculture, c’est le compromis et le bon sens qui doivent guider le développement de ces pratiques, pour que celui-ci reste vertueux et durable.

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