Les 27 valident un embargo progressif sur le pétrole russe

Publié le 01/06/2022

4 min

Publié le 01/06/2022

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Les 27 pays membres de l’UE ont acté le 31 mai, après des semaines de discussions houleuses avec la Hongrie et la Slovaquie, un embargo sur le pétrole russe qui supprimera la majorité de leurs importations depuis ce pays d’ici à fin 2022. Cette mesure est la principale du sixième paquet de sanctions imposées par l’UE à la Russie de Vladimir Poutine. La Hongrie, principale opposante à cet embargo, a été « exemptée temporairement », ont annoncé les dirigeants européens.

Par la rédaction, avec AFP

 

Cet accord couvre pour l’instant « plus des deux tiers des importations de pétrole de Russie », a déclaré le président du Conseil, Charles Michel. Il va permettre de « supprimer une énorme source de financement à la machine de guerre » russe et exercer « une pression maximum » sur Moscou pour l’inciter à mettre fin à la guerre, a-t-il affirmé sur Twitter. De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dans une intervention par visioconférence, avait exhorté les dirigeants européens à agir de manière ferme, « les querelles en Europe doivent cesser (…), l’Europe doit montrer sa force. Car la Russie ne comprend que l’argument de la force« , a-t-il déclaré. La facture des importations de pétrole russe a coûté l’année dernière à l’UE près de 80 milliards de dollars. 

Le pétrole, une facture à 80 milliards

Sortir des hydrocarbures russes au plus vite, c’est la volonté affichée de l’UE, matérialisée le 18 mai dans son plan REPowerUE, qui multiplie ces dernières semaines les initiatives pour diversifier ses approvisionnements. La question d’un embargo sur le gaz n’est actuellement pas envisagée par l’UE, trop périlleuse pour la sécurité énergétique du Vieux Continent et cela même si Moscou coupe peu à peu le robinet gazier aux européens. Après la Pologne, la Bulgarie, la Roumanie, c’est au tour des Pays-Bas et du Danemark de subir la politique du rouble imposée par Moscou. La question d’un embargo sur le pétrole est discutée depuis plusieurs semaines dans les couloirs bruxellois. Grâce à l’engagement volontaire de Berlin et Varsovie d’arrêter leurs importations par l’oléoduc de Droujba, l’embargo supprimera « environ 90 % » des importations européennes de pétrole russe d’ici à la fin de l’année », a précisé Ursula von der Leyen, également sur Twitter. Selon l’Élysée, l’embargo progressif de l’UE sera limité dans un premier temps au pétrole transporté par bateau (soit les deux tiers des achats européens de pétrole russe). Des négociations doivent avoir lieu « dès que possible » pour mettre fin au reste des importations de pétrole russe de l’UE, comprenez par oléoduc, a précisé l’Élysée. 

Victor Orban salue l’exemption obtenue

Les importations par l’oléoduc de Droujba, qui alimentent aussi la Hongrie, seront exemptées dans un premier temps, ce qui a permis de lever le veto de Budapest qui bloquait depuis plusieurs semaines le sixième paquet de sanctions de l’UE contre l’invasion russe de l’Ukraine. La Hongrie, pays enclavé sans accès à la mer, dépend pour 65 % de sa consommation du pétrole acheminé par l’oléoduc de Droujba. Le dirigeant nationaliste a salué cette exception obtenue alors qu’il bloquait depuis plusieurs semaines le projet d’embargo européen, parlant de « bombe atomique » lancée sur son économie. Finalement, pour lever le veto de Budapest, les chefs d’État et de gouvernement réunis en sommet lundi à Bruxelles ont limité l’arrêt des importations au pétrole russe transporté par bateau, soit les deux tiers des achats européens. « Les familles peuvent dormir paisiblement, nous avons écarté l’idée la plus farfelue qui soit« , a réagi M. Orban dans un message vidéo diffusé sur sa page Facebook. Un embargo total « aurait été insupportable pour nous (…) mais nous avons réussi à l’éviter », s’est félicité le dirigeant nationaliste, qui entretenait de bonnes relations avec le président russe Vladimir Poutine avant l’invasion et a depuis une position ambigüe.