L’Entsog et l’Ennoh dévoilent leurs premiers critères européens pour la reconversion des infrastructures gazières

Infrastructure
21/11/2025
4 min
Le rapport sur le repurposing des infrastructures de gaz naturel pour le transport d’hydrogène propose un processus détaillé d’évaluation des coûts et de l’intégration des marchés. Ce processus vise à concilier la réutilisation des réseaux existants avec les impératifs de développement des infrastructures d’hydrogène, tout en garantissant la compétitivité, la sécurité d’approvisionnement et la transition vers des gaz bas carbone. ©Shutterstock

Les gestionnaires européens des réseaux gaziers et hydrogène ont publié le 19 novembre un cadre méthodologique inédit pour guider la transformation des canalisations existantes en infrastructures dédiées à l’hydrogène. Une étape clé pour accélérer la décarbonation et sécuriser les futurs investissements.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui 

L’Europe se dote pour la première fois d’un socle commun pour encadrer la reconversion de ses infrastructures gazières. Entsog, le réseau européen des opérateurs de transport de gaz, et Ennoh, son équivalent pour l’hydrogène, ont rendu public leur premier rapport conjoint précisant les critères requis pour convertir les gazoducs existants en conduites dédiées au transport d’hydrogène. « Ce rapport démontre que la reconversion des réseaux gaziers représente une voie rapide et économiquement optimale pour accélérer la décarbonation, tout en veillant à la sécurité d’approvisionnement » estime le directeur général de l’Entsog, Piotr Kuś.

Un cadre méthodologique structuré autour de quatre critères majeurs

Le rapport identifie quatre piliers incontournables pour juger de la pertinence d’une reconversion. En premier lieu, la faisabilité technique et sécurité. Longtemps perçue comme un frein, la conversion technique des gazoducs vers l’hydrogène apparaît désormais maîtrisable. Les études mentionnées dans le rapport, notamment « HyWay 27 », indiquent que la majorité des canalisations haute pression répondent déjà aux standards nécessaires, sous réserve d’évaluations spécifiques sur la fatigue de l’acier et la compatibilité des composants (vannes, régulateurs, systèmes de mesure). Des adaptations ciblées demeurent nécessaires : chromatomètres, turbines-mètres ou systèmes d’étanchéité devront être remplacés ou modernisés. Deuxième pilier, la sécurité d’approvisionnement. Toute conversion devra garantir que la capacité disponible pour le gaz naturel reste suffisante. « Une évaluation européenne coordonnée devra compléter les analyses nationales, intégrant les stress climatiques, les ruptures d’infrastructures ou les évolutions de demande » précise le document.

Trouver le meilleur optimum économique

L’étude recommande une comparaison systématique entre conversion et construction neuve, intégrant les Capex et Opex, les coûts résiduels des actifs gaziers, les impacts sur les prix de gros, l’utilisation optimale des infrastructures et le développement des gaz renouvelables et bas carbone. Les auteurs mettent en garde contre tout repurposing susceptible d’affaiblir l’intégration du marché européen ou de priver un État membre d’accès au marché intérieur du gaz. Le rapport insiste également sur la nécessité d’associer régulièrement régulateurs, institutions européennes, opérateurs, industriels et société civile.

L’enjeu est de taille : environ 70 % du futur réseau hydrogène européen pourrait provenir de la reconversion de gazoducs existants, selon les estimations de plusieurs études sectorielles réalisées ces dernières années.  « Cette option réduirait fortement les coûts de déploiement par rapport à la construction de nouvelles infrastructures » rappelle l’Ennoh. Les principes de repurposing définis dans ce rapport seront appliqués dans le prochain « Ten-Year Network Development Plan » (TYNDP) 2026, qui planifie les investissements européens en infrastructures gazières et hydrogène.

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