L’énergie à Bercy, « un nouvel élan » à la décarbonation de la France selon Bruno Le Maire

« Le fait d'avoir l'énergie sous notre autorité nous permettra d'accélérer encore cette transition climatique et de mettre tous les moyens économiques et financiers de Bercy au service de cette ambition», a insisté le ministre de l’économie Bruno Le maire le 14 janvier: «mon enthousiasme et ma détermination à y parvenir sont totaux». ©shutterstock

Publié le 14/01/2024

5 min

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Le rattachement de l’énergie à Bercy à la suite du remaniement annoncé le 11 janvier donnera « un nouvel élan » à la décarbonation de la France pour en faire la première économie verte européenne en 2040, a déclaré dimanche le ministre de l’Économie et des finances Bruno Le Maire lors d’un échange avec les journalistes.

Par la rédaction, avec AFP

 

Depuis l’annonce du retour du portefeuille énergétique dans le giron de Bercy jeudi, les réactions se sont enchaînées et il demeure encore beaucoup d’interrogations, notamment sur le périmètre des attributions de Bercy et de celles du ministère de la Transition écologique autrefois confiées à Agnès Pannier Runacher dont Bruno Le Maire a souligné  » le travail remarquable ». Le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu représentera la France dans les négociations pour la COP29 prévue en novembre prochain à Bakou, en Azerbaïdjan. La direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) sera de son côté rattachée à Bercy. Les décrets d’attribution à paraître détailleront la répartition des prérogatives entre chaque ministère.

« Ce n’est pas un retour en arrière »

« L’énergie à Bercy, cela veut dire une accélération de la décarbonation de notre économie. Et je ne veux laisser aucune ambiguïté sur le sujet : l’énergie à Bercy, cela ne marque aucun retour en arrière, c’est au contraire un nouvel élan pour réduire les émissions de CO₂ en France« , a affirmé M. Le Maire à des journalistes. « Cela a du sens, cela est efficace, c’est une décision qui va nous permettre d’accélérer la décarbonation de la France et de parvenir à l’objectif que nous nous sommes fixé, d’être la première nation européenne à décarboner en 2040″, a-t-il ajouté. « Le fait d’avoir l’énergie sous notre autorité nous permettra d’accélérer encore cette transition climatique et de mettre tous les moyens économiques et financiers de Bercy au service de cette ambition« , a insisté le ministre. « Mon enthousiasme et ma détermination à y parvenir sont totaux. » Son cabinet a souligné que placer l’énergie sous la tutelle de Bercy permettait d’accélérer « la prise de décision quand il y a des enjeux industriels et financiers« . « La transition climatique est aussi une nouvelle révolution industrielle » et l’élargissement des attributions du ministère « va renforcer la capacité d’avoir une politique économique qui intègre pleinement les enjeux énergétiques et de décarbonation », a-t-on ajouté de même source. Le rattachement du portefeuille stratégique de l’énergie à Bercy a fait surgir des inquiétudes et des interrogations parmi certains observateurs, des ONG notamment, sur la place de l’environnement et de la transition énergétique parmi les priorités du nouveau gouvernement de Gabriel Attal.

Réduire de 6 % les émissions nationales de CO₂ du secteur industriel

Bruno Le Maire s’exprimait à l’occasion de l’annonce d’un investissement de 1,8 milliard d’euros par ArcelorMittal, avec l’aide de l’État, pour décarboner la production d’acier sur son site de Dunkerque, ce qui permettra de réduire de 6 % les émissions de CO₂ du secteur industriel en France. « L’Etat apportera une aide, validée par l’Union européenne, qui pourra aller jusqu’à 850 millions d’euros en fonction des investissements effectivement réalisés », a ajouté Bercy. Cet argent permettra de construire deux fours électriques ainsi qu’une unité de réduction directe du fer, première étape pour produire l’acier décarboné. Ces installations fonctionnant à l’électricité et au gaz, et à terme à l’hydrogène, se substitueront aux fourneaux fonctionnant au charbon, ce qui devrait permettre de réduire les émissions de CO₂ du site de 4,4 millions de tonnes par an. Les investissements n’ont pas encore été complètement validés par ArcelorMittal mais l’entreprise effectue actuellement les études finales, a précisé Bercy. Les fours et l’unité de réduction directe du fer devraient commercer à fonctionner en 2027. Bruno Le Maire se rendra lundi sur place en compagnie du ministre de la Transition écologique Christophe Béchu pour signer le contrat d’aide de l’État, réalisé sous l’égide de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Sera également présentée à cette occasion une lettre d’intention entre l’entreprise et EDF devant garantir au site, identifié comme l’un des 50 sites industriels les plus émetteurs de gaz à effet de serre en France, un approvisionnement stable et compétitif en électricité.

Le groupe avait déjà annoncé début 2022 vouloir investir 1,7 milliard d’euros dans la décarbonation de ses sites à Dunkerque et à Fos-sur-Mer. Il s’agit du même projet mais redimensionné. Depuis, « nous avons franchi plusieurs étapes clés en parallèle : première phase d’études d’ingénierie, approbation par la Commission européenne du soutien de la France, signature d’une lettre d’intention avec EDF pour l’approvisionnement en électricité et convention de fonctionnement avec l’Ademe », a indiqué un porte-parole d’ArcelorMittal.