L’efficacité énergétique au plus bas niveau depuis 10 ans

Publié le 04/12/2020

4 min

Publié le 04/12/2020

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Dans un nouveau rapport publié le 3 décembre, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) indique que le rythme des progrès mondiaux en matière d’efficacité énergétique a  ralenti cette année, principalement en raison des impacts économiques de la crise de la Covid-19. Une situation qui inquiète l’instance internationale alors que l’amélioration de l’intensité énergétique est estimée à 0,8 %, un rythme beaucoup trop lent pour atteindre les objectifs internationaux en matière d’énergie et de climat. Sans compter que les investissements dans l’efficacité énergétique devraient diminuer de 9 % en 2020.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

« L’intensité énergétique primaire mondiale devrait s’améliorer de moins de 1 % cette année » indique l’AIE dans son Energy Efficiency 2020. Un rapport annuel qui décrypte les tendances, des indicateurs, les impacts et les moteurs de la progression de l’efficacité énergétique dans le monde. C’est le taux le plus faible enregistré depuis 2010. En 2019, l’intensité énergétique avait progressé de 1,6 % et de 1,2 % en 2018 alors que l’agence préconisait un minimum de 3 %.

Des investissements mondiaux en baisse de 9 %

Cette tendance à la baisse est particulièrement marquée, selon l’AIE, par un ralentissement des investissements dans le secteur des bâtiments et des véhicules propres. Les achats de voitures neuves ont globalement baissé et les chantiers de construction de logements ont été particulièrement impactés au premier semestre 2020. À cela s’est ajoutée la faiblesse des prix de l’énergie qui a prolongé de 40 % les délais de récupération des investissements clés en matière d’efficacité énergétique, les rendant moins attractifs estime l’AIE. L’efficacité énergétique est pourtant selon Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE, l’un des deux piliers – avec les énergies renouvelables – pour lutter contre le réchauffement climatique. Un secteur clé pour la décarbonation puisqu’il représentera plus de 40 % de la réduction des émissions de gaz à effet de serre au cours des 20 prochaines années, selon le scénario de développement durable de l’agence. « Les plans de relance des gouvernements seront l’occasion de mesurer quels sont ceux qui font de l’amélioration de l’efficacité énergétique une priorité » souligne Fatih Birol. Des plans qui ont « le pouvoir de stimuler les investissements et les changements structurels pouvant réduire l’intensité énergétique dans tous les secteurs de l’économie » précise-t-il.

60 % des investissements prévus sur le bâtiment et la mobilité électrique

À ce jour, plus de 60 % du financement des mesures liées à l’efficacité énergétique dans les plans de relance officialisés par les gouvernements se sont concentrés soit sur le secteur des bâtiments, soit sur l’accélération de la mobilité électrique incluant tout son écosystème et notamment les infrastructures de recharge. L’agence souligne cependant que les dépenses prévues sont déséquilibrées entre les régions du monde et entre les secteurs. Les dépenses annoncées par les gouvernements sont estimées à 70 milliards de dollars dans les secteurs de l’efficacité énergétique, dont 86 % de cet investissement provient uniquement d’Europe. « Les 14 % restants étant répartis entre la région Asie-Pacifique et l’Amérique du Nord », note l’AIE. « Nous [nous] félicitons des projets des gouvernements visant à augmenter les dépenses en efficacité énergétique en réponse à la crise économique, mais ce que nous avons vu jusqu’à présent est inégal et loin d’être suffisant », a déclaré Fatih Birol. Le manque de diversité des investissements est également relevé par l’AIE puisque l’agence note que « peu d’annonces ont été faites pour améliorer la performance de nos appareils électriques ou encore pour accélérer l’usage d’une mobilité décarbonée à l’exception de l’électricité ». Le directeur de l’AIE invite donc les gouvernements du monde à accentuer leurs efforts. D’autant plus que les dépenses consacrées aux mesures de relance liées à l’efficacité pourraient générer « près de 2 millions d’emplois à temps plein entre 2021 et 2023, principalement dans le secteur du bâtiment et principalement en Europe ».