Le rythme de baisse des émissions de GES ralentit en France

Les émissions de GES ont légèrement augmenté au 3 ème trimestre 2024, de +0,5% par rapport au 3ème trimestre 2023 (hors puits de carbone). ©Shutterstock

Publié le 02/01/2025

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Les émissions de gaz à effet de serre « ont baissé de 2,4 % en France sur les trois premiers trimestres 2024 par rapport à la même période en 2023 » a indiqué le 27 décembre le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa). Si une tendance structurelle de baisse des émissions s’est bien installée dans notre pays au cours des dernières années, le troisième trimestre 2024 marque un premier ralentissement avec une légère hausse, de l’ordre de 0,5 %. Par Laura Icart   Ces premiers chiffres relatifs à 2024 indiquent une poursuite de la baisse des émissions de GES mais d’un niveau de réduction moins fort qu’en 2023 sur la même période (- 6 %) « Nous avons réussi à baisser de 30 % nos émissions de gaz à effet de serre, mais il y a aujourd'hui un ralentissement de leur baisse, du fait de deux secteurs qui sont à la peine : le chauffage et les mobilités » indique la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher sur RTL. « Il ne faut pas baisser la garde. L’inaction face au dérèglement climatique a un coût pour les Français. Un coût pour leur portefeuille et un coût pour leurs emplois », ajoute-t-elle. Une hausse de 0,5 % au troisième trimestre 2024 La baisse des émissions connaît un premier ralentissement en 2024 après une baisse de 5,8 % enregistrée sur l’ensemble de l’année 2023, soit un doublement par rapport à l’année 2022 (- 2,7 %), et une baisse de 5 % au premier trimestre 2024 et de 2,2 % au deuxième trimestre, soit une moyenne de - 2,4 % entre janvier et septembre, hors puits de carbone. À titre de comparaison, entre les neuf premiers mois de 2023 par rapport à ceux de 2022, la baisse était de - 6 %. La tendance sur 12 mois glissants actuellement est de - 3,1 % alors qu’elle était de - 4,8 % entre juillet 2023 et juin 2024. 272 Mt CO₂e émis entre janvier et septembre La France avait émis au total 189 millions de tonnes d’équivalent CO₂ (Mt CO₂e) pour le premier semestre 2024. Au troisième trimestre, 84 Mt CO₂e supplémentaires ont été émises, soit un total de 272 Mt CO₂e. Depuis 2019, le niveau d’émissions semestriel baisse en moyenne de 4 %, indique le Citepa. La dynamique de sortie des énergies fossiles « se poursuit ». Si les politiques sectorielles se structurent avec des « avancées importantes mais inégales selon les secteurs, souligne dans son rapport annuel le Haut Conseil pour le climat, beaucoup reste à faire », en particulier dans le secteur des transports et de l’agriculture. Des baisses variables en fonction des secteurs Si, au premier semestre 2024, tous les grands secteurs contribuaient à la réduction des émissions de GES, avec en tête la production d’énergie (- 2,9 Mt CO2e), les bâtiments (- 1,6 Mt CO2e) mais aussi l’industrie (- 1,4 Mt CO2e) et les transports (- 1,3 Mt CO2e), le troisième trimestre connaît une situation bien « différente » note le Citepa. Si les secteurs de la production d’énergie et de l’industrie affichent toujours un rythme de baisse des émissions avec - 0,9 Mt CO2e et - 0,2 Mt CO2e, le bâtiment, après avoir marqué le pas au premier semestre, est en hausse (+ 1 Mt CO2e) tout comme les transports (+ 0,3 Mt CO2e). Dans le détail, c’est la production d’énergie comme sur l’ensemble de l’année 2023 et sur le premier semestre qui participe le plus à la décarbonation, avec un recul des émissions de 14,9 % au troisième trimestre, soit – 0,8 Mt CO₂e, en raison de l’accélération de la production d’électricité renouvelable et décarbonée. Les combustibles fossiles dans la production d’électricité « sont passés de 14 % au troisième trimestre 2023 à 6 % pour ce troisième trimestre » précise le Citepa. L’industrie manufacturière continue de voir ses émissions de GES à la baisse avec un rythme ralenti néanmoins (- 1,3 % contre 2,8 % au second semestre 2023) et des émissions en baisse de 3,3 % depuis le début de l’année. Les bâtiments et les transports, mauvais élèves Les transports représentaient la deuxième baisse en millions de tonnes au deuxième trimestre 2024 avec – 0,4 Mt CO2e (- 1,2 %). Au troisième trimestre, elle repart à la hausse et notamment au mois de juillet (+ 0,7 Mt CO2e) avec une augmentation de 1,1 %. Le rythme de réduction observé au deuxième trimestre 2024 par rapport à la même période en 2023 était beaucoup plus faible pour le secteur du bâtiment avec une baisse de 0,7 % alors qu’elle était de quasi 7 % au premier trimestre 2024. Au troisième trimestre, les émissions de GES affichent une hausse importante de + 1 Mt CO2e  (+1 1,8 %), même si au total sur les neuf premiers mois les émissions de GES du bâtiment restent en baisse (- 1,4 %). « Cette augmentation est due à la hausse des émissions associée au chauffage des bâtiments résidentiels et tertiaires au mois de septembre 2024 (+ 0,7 Mt CO2e) » précise le Citepa. En 2023, les émissions de GES avaient baissé de 5,8 % par rapport à 2022, « avec une réduction de tous les grands secteurs émetteurs » rappelle le Citepa qui souligne que cette dynamique doit être maintenue si la France veut s’inscrire dans « une trajectoire de décarbonation compatible » avec les objectifs de la stratégie nationale bas carbone, à savoir 270 Mt CO2e en 2030 hors puits de carbone, soit une réduction annuelle nécessaire de 4,7 % (soit - 16 Mt CO2e  par an en moyenne)  entre 2022 et 2030.

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