Le gouvernement donnera une valeur juridique au rythme de réchauffement de la France

Le gouvernement avait déjà annoncé en février sa volonté de mettre en cohérence tous les documents stratégiques des collectivités territoriales avec la trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC) « afin que le climat futur soit bien intégré dans les décisions locales, au fur et à mesure de leur renouvellement » ©Shutterstock

Publié le 21/05/2025

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Le gouvernement va prochainement donner une valeur juridique à la trajectoire de réchauffement climatique de référence de la France, qui anticipe une température moyenne en 2100 de 4 °C supérieure à celle de l’ère préindustrielle, a annoncé le 20 mai la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher. Parmi les effets directs du réchauffement climatique et la nécessité de mettre en œuvre des mesures d’adaptation sectorielle, les risques de canicule prolongée, qui exposeraient selon une nouvelle étude du Cerema potentiellement 5 millions d’habitants au phénomène d’îlot de chaleur urbain.

Par la rédaction, avec AFP

 

« J’engagerai dans les prochaines semaines une concertation avec les élus locaux pour donner une valeur juridique à la Tracc par voie réglementaire », a dit Agnès Pannier-Runacher à l’occasion d’une audition à l’Assemblée nationale. Cette trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (Tracc) doit servir de socle à la stratégie de préparation du pays au dérèglement climatique provoqué par l’activité humaine, dans de nombreux domaines dont les infrastructures, les conditions de travail, les transports, l’agriculture. Elle anticipe un réchauffement, par rapport aux températures moyennes qui prévalaient avant la révolution industrielle, de 2 °C en 2030 (contre environ 1,7 °C aujourd’hui), de 2,7 °C en 2050 et de 4 °C en 2100. « Lui donner cette valeur doit notamment aider et protéger les élus locaux dans les décisions concernant leurs plans d’urbanisme, en tenant compte par exemple de nouvelles zones inondables« , a expliqué la ministre.   

Un décret plutôt qu’une loi ?

Une mesure que le gouvernement avait prévue mais dont il précise à présent qu’elle sera engagée par voie réglementaire plutôt que par des lois. Cette mesure faisait en effet partie des quatre grands retours, avec le manque de visibilité sur les moyens alloués, l’absence d’études d’impact et la mise en place d’indicateurs de suivi des politiques publiques, des 6 000 réponses et 175 cahiers d’acteurs déposés dans le cadre de la consultation publique du plan national d’adaptation au changement climatique (Pnacc). Elle sera engagée par voie réglementaire plutôt que par des lois. La ministre a par ailleurs dit souhaiter que « la réglementation des bâtiments, ainsi que les dispositifs d’accompagnement » tels que Ma prime rénov’ prennent mieux en compte la lutte contre la chaleur l’été et non seulement l’isolation hivernale. L’une des 52 mesures prévoyait de prendre en compte les enjeux d’adaptation dans les dispositifs d’aides publiques aux entreprises. « Une mission d’inspection sur la prise en compte du climat futur dans les aides aux entreprises a été confiée par mes soins et ceux des ministres de Bercy« , a détaillé la ministre.  

Îlots de chaleur urbain : 5 millions d’habitants exposés

Plus de 5 millions d’habitants vivent dans des quartiers particulièrement sensibles au phénomène d’îlot de chaleur urbain, selon une étude du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) publiée ce 21 mai. Ce phénomène se caractérise par des températures plus élevées en ville que dans les campagnes environnantes, en particulier la nuit et pendant les épisodes de canicule, avec des conséquences sur la santé. Selon le Cerema, plus de 5 millions d’habitants vivent dans des quartiers « à forte sensibilité aux fortes chaleurs » et plus de 200 km2 de zones bâties, soit deux fois la surface de la ville de Paris, sont « à forte ou très forte sensibilité à l’effet d’îlot de chaleur » et demanderaient des « actions d’adaptation importantes« . Dans les villes de plus de 400 000 habitants, ces zones représentent « près de 20 % des tissus urbanisés » et 2 millions de personnes vivent dans des secteurs « à forte ou très forte sensibilité« , soit 50 % de la population. Plus la taille de la ville décroît et plus le nombre de personnes concernées diminue. Dans les villes de 20 000 à 50 000 habitants, seuls 7 % des habitants sont ainsi exposés. Selon Météo France, les cinq villes les plus exposées à ce phénomène sont Paris, Grenoble, Lille, Clermont-Ferrand et Lyon.