Le gaz a un rôle incontestable à jouer

Publié le 15/11/2018

7 min

Publié le 15/11/2018

Temps de lecture : 7 min 7 min

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a publié le 13 novembre son World Energy Outlook 2018 (WEO 2018). Cette publication annuelle, qui détaille les tendances énergétiques mondiales et leur impact possible sur la demande, avait été l’année dernière particulièrement optimiste pour le gaz naturel, en affirmant qu’il deviendrait « plus important que jamais dans le mix énergétique mondial ». La tendance se confirme cette année encore.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

C’est désormais un fait : dans un secteur énergétique mondial en profonde mutation, confronté simultanément à une crise climatique sans précédent, à l’essor des énergies renouvelables, à la mondialisation du marché du gaz naturel et aux bouleversements de la production de pétrole, les perspectives d’avenir en matière énergétique sont clairement, selon Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE, « entre les mains de nos dirigeants ». C’est peu étonnant lorsque l’on sait que 70 % des investissements énergétiques mondiaux seront impulsés demain par les gouvernements.

La méthode AIE

Le WEO, c’est une analyse de scénarios et de modèles réalisée par l’AIE qui décrit différents futurs possibles du système énergétique concernant l’évolution de la demande et de l’offre d’énergie. Un premier scénario est basé sur les politiques actuelles, un second sur les nouvelles politiques, plus communément appelé « new policies scenario » (NPS), qui tient compte de l’adaptabilité des États et qui est aussi le scénario dit « de référence » et enfin un dernier scénario intitulé « développement durable », qui serait le plus susceptible d’atteindre les objectifs climatiques de long terme fixés dans l’accord de Paris.

De grandes tendances se dessinent

Hausse de la demande énergétique mondiale

Dans le NPS, la demande mondiale d’énergie primaire augmentera de plus de 25 % d’ici 2040, la croissance serait deux fois plus importante, sans amélioration de l’efficacité énergétique. La demande en électricité augmentera de 60 % d’ici 2040, dont 90 % dans les économies en développement. Les énergies renouvelables représenteront près des deux tiers des augmentations de capacités mondiales d’ici 2040, liées notamment à une baisse des coûts combinée aux politiques gouvernementales de soutien. La part des énergies renouvelables dans la production d’électricité passera de 25 % aujourd’hui à plus de 40 % en 2040. Actuellement, le charbon et le gaz sont les principales sources d’énergie.

La consommation de gaz naturel croît

La consommation de gaz naturel croît, même s’il existe une incertitude quant aux modèles commerciaux prévalant dans un marché mondial du gaz en mutation. Cependant « le rôle des infrastructures gazières dans la satisfaction des besoins énergétiques et environnementaux à long terme est incontestable » selon l’AIE.

Financer les réseaux du futur

Les gouvernements auront une influence cruciale sur l’orientation du futur système énergétique, c’est aussi le grand message de ce WEO 2018. Selon le NPS, l’augmentation de la demande énergétique (25 %) nécessitera plus de 2 billions de dollars par an d’investissement pour y répondre. Sur les marchés de l’énergie, les énergies renouvelables sont devenues la technologie de choix, représentant près des deux tiers des augmentations de capacité à l’échelle mondiale à l’horizon 2040, grâce à la baisse des coûts et aux politiques gouvernementales favorables. Cette transformation a et aura demain un impact important sur le mix énergétique mondial, obligeant les décideurs politiques à repenser les politiques publiques pour faire évoluer les réseaux, innover et accompagner l’essor des technologies.

Le bel avenir du gaz naturel

Le scénario NPS prévoit une évolution rapide du mix énergétique mondial porté principalement par le gaz naturel, énergie de transition. Le gaz naturel dépasse le charbon en 2030 pour devenir le deuxième combustible du mix énergétique mondial. La consommation mondiale de gaz augmentera de 45 % d’ici 2040, principalement portée par des consommateurs industriels, avec une croissance annuelle de la demande estimée à 1,6 % par an. L’AIE prédit que la demande de gaz atteindra 408 milliards de mètres cubes dans l’UE et 592 milliards de mètres cubes d’ici 2040.

Devenus le premier producteur mondial de gaz et de pétrole en 2015, les États-Unis poursuivent la croissance remarquable de ces dernières années, représentant plus de la moitié de l’augmentation de l’offre mondiale à l’horizon 2025 (plus de 70 % pour le pétrole et 40 % pour le gaz). En 2025, près d’un cinquième des barils de pétrole et un quart des mètres cubes de gaz mondiaux seront produits aux États-Unis. Le commerce de GNL fait plus que doubler en raison de la demande croissante des économies en développement, menée par la Chine.

Selon l’AIE, l’importance croissante des énergies éolienne et solaire photovoltaïque dans les systèmes électriques réduit le recours aux centrales au gaz en Europe et la rénovation des bâtiments existants contribue également à réduire la consommation de gaz destinée au chauffage. Le scénario de développement durable prévoit quant à lui que la demande de gaz atteindra 450 milliards de mètres cubes, tandis que dans le scénario actuel, la demande de gaz devrait atteindre 711 BCM.

Une énergie de transition

Le gaz augmente sa part dans les secteurs de l’industrie et des transports, où l’impulsion est forte pour limiter l’utilisation de sources d’énergie à forte intensité carbone. Dans le scénario de développement durable, la production d’électricité au charbon perd rapidement du terrain, représentant seulement 5 % d’ici 2040. Le gaz assure en revanche la transition et facilite l’intégration des énergies renouvelables. En Europe et en Amérique du Nord, la demande reste stable jusqu’en 2025, mais diminue par la suite, sous l’effet d’une amélioration de l’efficacité des bâtiments et de l’industrie et d’une décarbonisation plus rapide de l’énergie. Si une stagnation puis une baisse de la demande gazière est attendue en Europe, ce ne sera pas le cas selon le scénario développement durable dans les pays où le système énergétique est à plus forte intensité de carbone, comme Inde ou en Chine. La demande en gaz comme énergie de substitution au charbon doit croître.

L’AIE indique que les technologies telles que la méthanisation, le power to gas et la pyrogazéification sont étudiées afin que demain une partie du gaz consommé et produit en Europe soit d’origine renouvelable. 

Des scénarios spécifiques à l’Union européenne

Cette année, le WEO s’est particulièrement penché sur l’avenir gazier de l’UE avec un sous-scénario issu du NPS qui mise sur la montée en puissance de l’Union de l’énergie avec un objectif : sécuriser l’approvisionnement gazier en Europe, compte tenu de la forte dépendance de l’UE vis-à-vis du gaz importé.
La consommation globale de gaz devrait diminuer vers 2040, mais les besoins d’importations restent importants, notamment en raison d’une baisse plus prononcée de la production de gaz de l’UE. Le marché européen du gaz est un marché de plus en plus intégré selon l’AIE, dont les investissements passés et à venir, notamment dans les interconnexions, garantissent à la majorité des régions de l’Europe un accès au gaz importé par gazoduc ou sous forme liquéfié, permettant de fait une concurrence et une diversification des sources d’approvisionnement.