Le Danemark inaugure une usine d’hydrogène bas carbone

Hydrogène
03/11/2025
5 min
Le gouvernement danois a défini une stratégie nationale « Power-to-X / hydrogène » qui fixe un objectif de 4 à 6 GW d’électrolyse d’ici à 2030.©Shutterstock

 

Le Danemark a inauguré ce 3 novembre l’une des rares usines d’hydrogène bas carbone en Europe, un secteur présenté comme l’une des clés de la transition énergétique mais qui accumule les tracas. D’abord prévu pour une ouverture en 2023, le projet HySynergy, basé à Fredericia, dans l’ouest du pays scandinave, a subi deux ans de retard.

Par la rédaction, avec AFP

Fonctionnant grâce à huit électrolyseurs alimentés aux énergies renouvelables (solaire et éolienne), sa première phase produit quotidiennement environ 8 tonnes d’hydrogène, lequel est transporté vers une raffinerie voisine ainsi qu’en Allemagne. « Nos ambitions vont bien au-delà des électrolyseurs de 20 mégawatts ici. Nous avons une connexion électrique, des terrains, des infrastructures qui commencent à être prêtes pour des expansions ici même, à 350 MW », a expliqué à l’AFP Jakob Korsgaard, le fondateur et directeur général de l’entreprise Everfuel, qui possède 51 % du projet.

Entre 4 et 6 GW de capacité d’électrolyse d’ici à 2030

Le Danemark confirme son rôle de pionnier européen dans la transition énergétique avec une stratégie ambitieuse autour de l’hydrogène bas carbone. Fort de ressources éoliennes considérables, tant terrestres qu’en mer, le pays nordique entend valoriser ses excédents d’électricité renouvelable en les convertissant en hydrogène grâce à la technologie power-to-X (PtX), selon l’International Sustainable Agency et CSIRO Research. Le gouvernement danois a fixé un cap clair : déployer entre 4 et 6 GW de capacité d’électrolyse d’ici à 2030, un objectif inscrit dans la stratégie nationale « power-to-X » et soutenu par l’European Hydrogen Observatory et l’Agence danoise de l’énergie. Pour amorcer cette filière, Copenhague a lancé un appel d’offres doté de 1,25 milliard de couronnes (environ 170 millions d’euros), destiné à stimuler la production d’hydrogène vert et de carburants synthétiques, selon le CSIRO Research et l’Observatoire européen de l’hydrogène. Au-delà de ses besoins domestiques, le royaume scandinave ambitionne de devenir exportateur régional d’hydrogène et de produits dérivés – ammoniac et e-carburants notamment – vers ses voisins européens, souligne la CIP Foundation. Pour soutenir cette montée en puissance, un nouveau cadre réglementaire encadrant le transport, le stockage et les infrastructures hydrogène est entré en vigueur le 1er janvier 2023, adaptant la législation gazière nationale aux enjeux de cette économie décarbonée.

Une montée en puissance « lente« 

Perçu comme une solution pour décarboner l’industrie et les transports lourds, le secteur de l’hydrogène bas carbone, souvent décrit comme « vert », peine à décoller en Europe, avec une multitude de projets abandonnés ou retardés, des faillites et des cessions. Si la production mondiale d’hydrogène à faible émission poursuit sa croissance, les annulations de projets et les obstacles économiques ralentissent la trajectoire initialement prévue pour 2030. En cause : de nombreux freins qui ralentissent son déploiement à grande échelle selon l’AIE : coût de production élevé, incertitudes réglementaires, manque d’infrastructures… Mais l’AIE estime que le nombre de projets opérationnels « pourrait plus que quintupler par rapport aux niveaux de 2024 », pour atteindre « plus de 4 millions de tonnes par an », avec des dynamiques différentes dans le monde. D’après le décompte de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), seules quatre usines produisent actuellement de l’hydrogène bas carbone sur le Vieux Continent, aucune n’ayant une capacité supérieure à 1 MW. Les technologies n’étant pas encore toutes matures, l’hydrogène reste encore beaucoup trop cher et pas compétitif face aux produits gaziers et pétroliers qu’il aspire à supplanter, notamment en raison du prix élevé de l’électricité nécessaire à sa production. En dehors de la Chine, moteur du secteur, « le déploiement plus lent que prévu des électrolyseurs limite le potentiel de réduction des coûts des équipements à l’horizon 2030 », a relevé l’AIE dans un récent rapport.

« La croissance de l’hydrogène vert dépend de l’élan politique », a dit M. Korsgaard. « Nous sommes en concurrence avec les sources fossiles d’énergie sur le marché depuis plus de 100 ans, donc vraiment, vraiment matures, » a-t-il déploré. « C’est pour cela qu’il est si important que les politiciens européens et chacun des États membres européens continuent à pousser et à mettre en oeuvre de manière ambitieuse la directive sur les énergies renouvelables III, car cela incite nos clients, les raffineries et l’industrie à utiliser l’hydrogène vert. » Adoptée en 2023, la directive RED III fixe l’objectif d’atteindre 42,5 %, voire 45 %, d’énergie renouvelable dans la consommation finale brute de l’UE d’ici 2030 et met en avant des carburants comme l’hydrogène renouvelable.

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