Le Congrès espagnol rejette le plan gouvernemental sur le renforcement du système électrique

Politique énergétique
22/07/2025
6 min
©Congreso de los diputados

Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a subi ce 2 juillet un revers cuisant lorsque les députés ont rejeté son paquet de mesures structurelles pour écarter le risque d’une nouvelle méga panne électrique, similaire à celle du 28 avril qui avait paralysé la péninsule ibérique.

Par la rédaction, avec AFP

Cette défaite plonge dans l’incertitude l’avenir de ce plan gouvernemental pour renforcer le système électrique espagnol. Le Congrès des députés a rejeté ce mardi le décret-loi royal 7/2025, approuvé par le gouvernement le 24 juin dernier, et qui visait à introduire des mesures urgentes pour renforcer le système électrique espagnol. La décision est tombée en séance plénière, avec 183 voix contre et 165 en faveur, mettant un terme à une initiative qui suscitait déjà des tensions au sein de l’hémicycle. Ce texte, qui s’inscrivait dans une réponse directe aux recommandations du comité d’analyse de la crise électrique du 28 avril dernier, était structuré en trois volets. Il abordait notamment la résilience du réseau, l’accroissement des capacités de stockage et la poursuite de l’électrification de l’économie.   

Une défaite politique pour le gouvernement

Cette défaite illustre également les difficultés de Pedro Sánchez pour gouverner, son absence d’une majorité absolue au Parlement rendant très ardue l’adoption de ses principales mesures et causant une situation proche de l’immobilisme. La non-convalidation du décret-loi constitue un revers pour l’exécutif, qui avait invoqué l’article 86 de la Constitution pour justifier l’adoption en urgence du texte. Cet article autorise le gouvernement à légiférer par décret-loi en cas de nécessité extraordinaire, à condition que le Congrès le valide dans un délai de 30 jours. Le vote de ce mardi souligne le manque de consensus autour de la stratégie énergétique gouvernementale, dans un contexte marqué par la volatilité des prix de l’électricité et les défis de la transition énergétique. Bien que plusieurs formations aient reconnu le caractère urgent de certaines mesures, elles ont critiqué « le manque de concertation », ainsi que « le risque de déséquilibres territoriaux et d’insuffisances réglementaires ». À droite comme à gauche, des voix se sont élevées pour « demander un débat parlementaire plus large, en vue d’un futur projet de loi plus structuré et consensuel ». Avant même le vote à Madrid, M. Sánchez, qui se trouvait à Montevideo, avait admis qu’il allait perdre ce vote crucial, mais avait aussi indiqué qu’il présenterait de nouveau ce plan. « Et je vous prédis qu’il sera voté », avait-il dit. Le décret-loi rejeté par le Congrès des députés constituait la réponse du gouvernement de gauche pour garantir que l’Espagne ne subirait pas une répétition du chaos du 28 avril, lorsque le pays avait été totalement privé d’électricité pendant une dizaine d’heures. La crise avait également affecté le Portugal.

Trois axes clés abandonnés

Le décret-loi rejeté par le Congrès des députés constituait la réponse du gouvernement de gauche pour garantir que l’Espagne ne subirait pas une répétition du chaos du 28 avril, lorsque le pays avait été totalement privé d’électricité pendant une dizaine d’heures. La crise avait également affecté le Portugal. L’objectif était de rendre le système électrique « plus robuste et efficace« , avait expliqué le 24 juin la ministre de la Transition écologique, Sara Aagesen. Le plan s’articulait autour d’un renforcement de la supervision, des capacités de contrôle de la tension et d’amortissement des oscillations électriques sur le réseau, un facteur « fondamental » selon la ministre, comme « le stockage, la flexibilité et l’électrification« .

« Ils auraient pu s’abstenir« 

Parmi les mesures contenues dans ce décret-loi figuraient un assouplissement des délais pour l’installation de nouveaux projets éoliens et photovoltaïques et des incitations à développer le stockage sur les sites de production d’énergie renouvelable, via notamment l’implantation de « batteries« . « Ceux-là mêmes qui nous accusaient d’obscurantisme et de ne pas proposer des solutions qui protègent l’utilisateur, le consommateur et en fin de compte notre pays sont ceux qui font chuter » ce plan, avait commenté le Premier ministre à Montevideo quelques minutes avant le vote. Il visait, sans le nommer, le PP, première force politique du pays, qui a annoncé au dernier moment qu’il voterait contre le décret-loi, alors qu’une abstention aurait permis son adoption. M. Sánchez avait insisté sur ce fait à Montevideo. « Ils auraient pu s’abstenir », avait-il dit, comme si le vote avait déjà eu lieu. « On n’a pas besoin de voter contre, on s’abstient« , pour permettre le passage d’un plan « qui bénéficie aux gens, à l’intérêt général« , avait-il ajouté sur un ton amer. Mais le PP n’a pas cédé. « Nous n’approuvons pas la politique énergétique de ce gouvernement, nous n’approuvons pas ce soi-disant plan anti-panne qui n’est rien d’autre qu’une tentative (du gouvernement) de masquer ses erreurs et d’effacer ses fautes« , avait lancé avant le vote le député du PP Guillermo Mariscal. Le PP avait pourtant fait l’objet de très fortes pressions des compagnies énergiques pour qu’il permette l’adoption de ce texte, mais il n’a pas voulu apporté une victoire législative à M. Sánchez, avec qui les relations sont exécrables. 

Selon un rapport publié le 17 juin par le gouvernement espagnol, la méga-panne qui s’était produite dans la péninsule ibérique avait été provoquée par des « surtensions » ayant entraîné « une réaction en chaîne« . Le rapport pointait aussi des erreurs d’appréciation du gestionnaire du réseau électrique et de certaines entreprises. Le gouvernement n’a, pour l’instant, pas annoncé s’il présentera une nouvelle mouture du texte sous forme de projet de loi ordinaire.

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