La précarité énergétique touche 12 % des Français. Depuis plusieurs années, environ 20 % des ménages français sont éligibles au dispositif du chèque énergie mais le contexte économique difficile, associé à une réforme du dispositif qui a créé « de nombreux trous dans la raquette », inquiètent toujours les associations qui luttent contre la précarité énergétique, alors que la France a davantage froid qu’il y a 10 ans. En effet, selon le médiateur national de l’énergie, la part de foyers souffrant du froid dans leur logement a encore progressé, passant de 14 % en 2020 à 35 % en 2025. Le phénomène est désormais double et structurel, « lié à la fois à la vétusté du parc immobilier et à l’intensification des aléas climatiques » note le médiateur national de l’énergie.

En 2023, pas moins de 5,8 millions de foyers avaient bénéficié automatiquement du chèque énergie. Cette année, ce chiffre a chuté de 2 millions. Le ministère de l’Économie explique cette diminution par un changement dans le mode d’attribution du chèque. Désormais, ce sont moins de foyers qui bénéficient de l’aide de manière automatique. « Les ménages qui ne sont pas identifiés de façon automatique doivent faire la démarche de s’inscrire, une procédure qui exige qu’ils se sachent éligibles » rappelle Bercy. Or, de nombreux foyers ne sont même pas informés de la possibilité d’obtenir cette aide, ce qui pourrait expliquer cette baisse significative du nombre de bénéficiaires.

Si les montants des chèques varient entre 48 et 277 euros en 2023, le montant moyen selon le ministère s’établit à 150 euros. Cette nouvelle aide, qui sera versée entre le 21 avril et le 31 mai, vous sera attribuée si votre revenu annuel ne dépasse pas 10 800 euros pour une personne vivant seule et 16 200 euros pour un couple. Pour une famille avec au minimum deux enfants, le revenu de référence annuel doit être en-dessous de 22 470 euros. Mais selon les associations de consommateurs qui demandent depuis plusieurs années une revalorisation du montant, gelé depuis 2019, le montant du chèque énergie ne permet plus de couvrir l’augmentation des dépenses énergétiques. Avec l’inflation, ce montant est devenu insuffisant pour compenser les hausses des factures d’électricité et de gaz, rendant cette aide « moins efficace face aux difficultés rencontrées par les foyers modestes » estiment-elles, alors que 36 % des ménages français déclarent avoir rencontré des difficultés pour payer leurs factures cette année.

La campagne 2025 du chèque énergie a été amorcée le 15 octobre dernier, avec l’ouverture du guichet en ligne. Depuis ce lundi 3 novembre, les foyers automatiquement identifiés vont recevoir leur chèque. Toutefois, pour ceux qui ne sont pas identifiés, ils peuvent faire leur demande jusqu’au 28 février 2026, soit en en ligne via le site officiel chequeenergie.gouv.fr ou par courrier. « Pour les aider, des structures comme les Maisons France services sont mises à disposition pour fournir un accompagnement dans leurs démarches » rappelle Bercy. Le calendrier de distribution des chèques énergie varie en fonction des départements. Du 3 au 21 novembre, les foyers identifiés automatiquement recevront leur aide. À partir du 19 novembre, les personnes ayant fait une demande en ligne pourront aussi recevoir leur chèque. Le gouvernement précise également que, dès cette année, le chèque énergie pourra être reçu au format dématérialisé, directement depuis le compte bénéficiaire sur le site.

Ce chèque reste une aide indispensable pour de nombreux foyers, mais sa pérennité et son efficacité sont désormais en question. En 2026, une réforme pourrait voir le jour pour rendre le dispositif plus accessible mais, pour l’heure, les bénéficiaires doivent se conformer à un processus administratif plus complexe.