L’Anode estime que l’État doit financer sa mesure de prix garanti aux TPE

Le dispositif visant à garantir un tarif d’électricité pour les artisans et les TPE à 280 €/MWh en moyenne sur l’année 2023 devrait concerner, selon Bercy, près de 600 000 TPE.

Publié le 15/01/2023

3 min

Publié le 15/01/2023

Temps de lecture : 3 min 3 min

Les fournisseurs sont « injustement pointés du doigt » selon l’Association nationale des opérateurs détaillants en énergie (Anode) qui estime qu’ils ne sont pas des « profiteurs de guerre » et que le gouvernement ne peut pas exiger « qu’ils payent pour les engagements de l’État ».

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

L’Anode, qui réunit les principaux fournisseurs alternatifs d’énergie, exprime sa colère dans une communiqué publié le 13 janvier. L’association, qui rassemble les fournisseurs d’environ 95 % des clients ayant choisi de quitter les fournisseurs historiques en électricité et en gaz, estime que les fournisseurs sont « aussi victimes de la hausse des prix », qu’ils subissent des « risques démultipliés » depuis plusieurs mois avec des prix de l’énergie qui ont atteint des sommets en août avec plus de 350 euros du mégawattheure (MWh) pour le gaz et plus de 1 300 euros le MWh pour l’électricité. Si les prix se sont relativement stabilisés aujourd’hui, même s’ils restent élevés, de l’ordre de  moins de 60 euros le MWh pour le gaz sur le TTF et d’un peu plus d’une centaine d’euros du MWh pour l’électricité pour le marché français, les fournisseurs estiment qu’ils ont acheté l’énergie quand elle était « la plus chère » sur le marché (les prix ont connu une nouvelle flambée à l’automne au moment du renouvellement des contrats) et qu’ils ne peuvent pas aujourd’hui la revendre « à perte ». L’Anode réagit à une mesure du gouvernement annoncé le 6 janvier, faisant suite à la colère des boulangers, qui a conduit le gouvernement à garantir un tarif d’électricité pour les artisans et les TPE à 280 euros le MWh en moyenne sur l’année 2023.

L’Anode veut que l’État prenne en charge la différence

Ce dispositif, qui doit bénéficier à plus de « 600 000 entreprises » de moins de 10 salariés selon Bercy, ne sera pas rétroactif mais applicable pour toute l’année 2023 « pour des contrats signés au deuxième semestre 2022 » et il viendra en complément du bouclier tarifaire dont bénéficient déjà les TPE. Si les grands fournisseurs d’énergie comme EDF, TotalEnergies et Engie ont annoncé au cours de la semaine dernière des mesures visant à prendre une partie supplémentaire à leur charge, l’Anode estime de son côté qu’« une révision du prix des contrats pour prendre en compte cette baisse » reviendrait à « des pertes », voire même des « faillites » pour certains fournisseurs. Le 13 janvier, Naïma Idir, présidente de l’Anode, demandait à ce que l’État prenne à sa charge « le différentiel de coût » entre le tarif payé par les artisans et les TPE et celui auquel le fournisseur a réellement acheté l’électricité au moment de la signature du contrat. Après l’annonce d’une multitude de dispositifs gouvernementaux pour accompagner les entreprises et les ménages à faire face à cette hausse des prix de l’énergie ces derniers mois, l’Anode estime que cette nouvelle annonce est avant tout « une décision politique qui devrait être financée par le budget de l’État (…) sans faire les poches des fournisseurs ». L’Anode réclame que le financement de cette mesure soit faite sur la base du « volontariat », soulignant que tous les fournisseurs, dont certains seulement sont des producteurs d’électricité, n’ont pas tous les mêmes moyens, rappelant la « complexité » des mécanismes mis en place depuis le début de la crise.

Crédit: Peizais / Shutterstock.com.