L’Allemagne confirme son parc de centrales « hydrogen-ready »

En 2023, la moitié de la consommation d’électricité était déjà assurée par des énergies renouvelables. Les énergies renouvelables jouent également un rôle de plus en plus important dans la production d’électricité : leur part dans la production totale d’électricité est passée à 56 % en 2023. ©Shutterstock

Publié le 07/02/2024

4 min

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L’Allemagne a confirmé le 5 février son projet de développement massif de nouvelles centrales à gaz, convertibles à l’hydrogène, éléments-clés mais aussi controversés de la transition énergétique du pays. Ce cap validé il y a plus d’un an était mis à mal depuis quelques semaines par des difficultés budgétaires et des divergences au sein de coalition gouvernementale.

Par la rédaction, avec AFP

 

Le chancelier fédéral Olaf Scholz, le ministre de l’Économie Robert Habeck et le ministre des Finances Christian Lindner se sont mis d’accord ce 5 février sur les principaux éléments d’une nouvelle stratégie pour les centrales électriques. Concrètement, l’Allemagne veut construire jusqu’à quatre centrales électriques à gaz d’une capacité de 2,5 gigawatts chacune, devant faire l’objet d’un appel d’offre « à court terme« , a indiqué le gouvernement dans un communiqué lundi. « La rapidité du processus d’appel d’offres doit permettre de stimuler à temps le développement de l’économie de l’hydrogène » précise le gouvernement. Selon le magazine Der Spiegel, l’appel d’offres pour la première centrale sera lancé cet été.

Sécuriser l’industrie

Afin que l’industrie allemande puisse produire de l’acier, du ciment ou d’autres produits à forte consommation d’énergie sans émission de CO d’ici 2045, « de nouvelles centrales à gaz pouvant fonctionner à l’hydrogène doivent être construites » assure le gouvernement allemand. « Les nouvelles centrales à gaz ne fonctionneront au gaz naturel que pour une période transitoire. À partir de 2035 et jusqu’en 2040, elles devront passer du gaz naturel à l’hydrogène vert. Les dates exactes de la transition devraient être fixées en 2032 » indique le communiqué. Ces centrales devront être « hydrogen-ready », c’est-à-dire conçues pour être converties au fonctionnement à l’hydrogène. L’Allemagne a absolument besoin de ces centrales électriques pour compenser l’intermittence de l’approvisionnement en énergie solaire et éolienne. C’est la seule manière pour le pays industrialisé, qui a fermé ses centrales nucléaires et doit abandonner progressivement le charbon, de garantir la stabilité du réseau. « Les nouvelles centrales doivent d’abord pouvoir fonctionner au gaz naturel, puis avec toutes les couleurs d’hydrogène – si possible de l’hydrogène vert. » 

Un projet qui fait débat

Mais le projet est controversé sur le plan environnemental, technique et financier. Le rôle de transition que doivent jouer pendant encore plus de 10 ans les centrales thermiques au gaz, qui utilisent donc un combustible fossile, est critiqué par les défenseurs du climat. Les 10 nouveaux gigawatts que veut installer le gouvernement reviennent à augmenter d’un tiers la puissance de centrales thermiques au gaz déjà disponible en Allemagne. Le projet est aussi jugé incertain car faute d’hydrogène vert en quantité suffisante localement, l’Allemagne va devoir importer une grande part de cette ressource. Le coût est également un obstacle, ces nouvelles centrales devant être subventionnées car leur fonctionnement intermittent va limiter leur rentabilité. Selon la presse, la facture s’élèvera à environ 16 milliards d’euros pour les 20 prochaines années. Or l’Allemagne a récemment été privée de 60 milliards de crédits d’investissement par un rappel à l’ordre budgétaire de la Cour constitutionnelle, qui rend incertaine sa capacité de soutenir la transition énergétique avec des fonds publics, également soumis à l’approbation de la Commission européenne.

248 TWh d’électricité renouvelable en 2022

En 2022, les énergies renouvelables ont produit 248 TWh d’électricité, soit une augmentation de 22 TWh ou de 10 % par rapport à 2021, indique l’étude. La majorité de la production est portée par l’éolien (126 TWh) et par la production solaire (60 TWh) qui ont respectivement augmenté de 10 % et de 23 %. « Un record » à « modérer » cependant pour Simon Müller, directeur de la politique énergétique allemande chez Agora Energiewende, qui estime que l’année 2022, marquée par un climat doux, « ne constitue donc pas une contribution structurelle à la protection du climat ». Si l’Allemagne a augmenté en 2022 sa capacité installée d’énergies renouvelables de 9,6 GW (principalement du solaire, à hauteur de 7,2 GW) pour atteindre 148 GW, le pays est confronté – et cela continuera en 2023 – à « une crise du déploiement de l’éolien avec une grande majorité d’appels d’offres sous-souscrits ».

Pour atteindre ses objectifs, d’autant plus avec la volonté de Berlin de porter la part des renouvelables à 80 % d’ici 2030, l’Allemagne doit accélérer considérablement le développement des énergies renouvelables.