La France appelle à l’unité européenne après l’annonce d’un plan allemand massif

Publié le 04/10/2022

4 min

Publié le 04/10/2022

Temps de lecture : 4 min 4 min

Le ministre français des Finances Bruno Le Maire a appelé lundi 3 octobre les pays européens à l’unité et à la solidarité face à la flambée des prix de l’énergie, quatre jours après l’annonce par Berlin d’un plan de soutien national à 200 milliards d’euros. Une annonce qui divise les États européens qui craignent notamment une concurrence déloyale, alors que Berlin estime ce plan « justifié » par la situation et alors que la menace d’une récession en 2023 s’intensifie en Allemagne.

Par la rédaction, avec AFP

 

Plusieurs États membres de l’Union européenne, dont la France, « ont annoncé des mesures de soutien » aux ménages et aux entreprises, mais désormais l’Europe a « besoin d’une stratégie économique globale face à une crise énergétique qui va durer« , a déclaré Bruno Le Maire. « Nous ne pouvons plus, dans les semaines et mois qui viennent, avancer sans une stratégie qui doit faire l’objet d’un accord unanime des 27 États membres« , a-t-il ajouté, avant une réunion avec ses homologues de la zone euro à Luxembourg. Alors que l’UE vient d’adopter de nouvelles mesures pour tenter d’apaiser les marchés et faire baisser les prix, l’Union, qui a affiché jusque-là son unité, s’inquiète du choix allemand qui, pour certains États membres, n’est pas en adéquation avec la solidarité financière voulue par Bruxelles.

La crainte d’une fragmentation du marché unique

L’ampleur du paquet allemand annoncé la semaine dernière a suscité les critiques de plusieurs dirigeants qui craignent une concurrence déloyale et une fragmentation du marché unique européen, tous les États ne disposant pas des marges de manœuvre budgétaires de l’Allemagne. « Je veux prendre comme modèle ce qui s’est passé sur la crise du covid. À un moment donné nous avons défini ensemble une stratégie économique européenne, avec notamment l’émission de dette en commun », a rappelé le ministre français. L’idée d’une nouvelle dette commune n’est cependant pas envisagée. Elle est rejetée notamment par l’Allemagne, les Pays-Bas et la Suède. Bruno Le Maire a souhaité que soient mobilisés 200 milliards d’euros de prêts non utilisés dans le cadre du plan de relance européen à 750 milliards d’euros, ainsi que 20 milliards d’euros de subventions proposées au printemps par la Commission dans sa stratégie pour réduire la dépendance aux hydrocarbures russes. Il a estimé que les aides devaient être ciblées sur les entreprises « exposées à la concurrence internationale et qui consomment beaucoup d’énergie« . « C’est indispensable si nous voulons garantir des conditions de concurrence équitables » entre les pays de l’UE, a-t-il dit, mettant en garde contre le risque de « fragmentation de la zone euro« .

L’Allemagne fait elle cavalier seul ?

Paolo Gentiloni, commissaire européen à l’Économie, a également appelé à la cohésion. Lors de la pandémie de covid, « nous avons vu comment la solidarité a pu répondre à la crise et rassurer les marchés financiers », a-t-il rappelé, y voyant « un bon exemple » pour faire face à la crise des prix de l’énergie provoquée par la guerre en Ukraine. « Il est important que nous montrions notre unité et que nous agissions comme un bloc« , a déclaré le ministre belge des Finances, Vincent Van Peteghem. Le ministre allemand des Finances Christian Lindner a tenté de rassurer ses homologues, assurant que le plan de son gouvernement était « d’utiliser le moins possible des 200 milliards d’euros » et qu’il s’étalait sur deux ans (2023 et 2024). Les mesures de plafonnement des prix de l’énergie, pour soulager entreprises et ménages face à l’inflation, sont « proportionnées » à la taille de l’Allemagne et équivalentes « à ce que font d’autres pays en Europe« , a-t-il affirmé. Le chef du gouvernement italien, Mario Draghi, avait réagi avec virulence la semaine dernière aux annonces de Berlin, en dénonçant de possibles « distorsions dangereuses et injustifiées du marché intérieur« . Malgré des années d’austérité budgétaire, l’Italie est plombée par une dette publique représentant 150 % de son produit intérieur brut, contre 65 % en Allemagne. Elle craint que ses entreprises, moins aidées, soient donc désavantagées. Le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, a assuré que le plan allemand serait scruté « en détail« .