Hydrogène : une coopération Franco-espagnole s’installe dans le Béarn

Publié le 02/04/2021

4 min

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Les gestionnaires de réseaux de transport de gaz naturel français Teréga et espagnol Enagas, le producteur d’hydrogène vert DH2 Energy et GazelEnergie ont annoncé le 30 mars la signature d’un protocole d’accord pour développer « Lacq Hydrogen ». Un projet franco-espagnol ambitieux où l’hydrogène serait produit en Espagne, transporté en France, stocké puis utilisé pour alimenter une centrale à cycle combiné à Lacq, dans le Béarn, à partir de 2026.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

Pour préparer et construire une filière européenne de l’hydrogène vert, les projets transfrontaliers de grande envergure sont appelés à se multiplier, avec un objectif commun pour les industriels et énergéticiens : rendre cet hydrogène compétitif (comparé à celui produit à partir d’énergie fossile), le plus rapidement possible. « Lacq Hydrogen » sera l’un des premiers projets industriels à intégrer  toute la chaîne de valeur de l’hydrogène en Europe.

« Lacq Hydrogen », késako ?

C’est au nord de l’Espagne, dans la région d’Aragon que sera obtenu par électrolyse de l’eau un hydrogène à partir d’électricité solaire. C’est la société DH2 Energy, développeur de projets solaires, qui aura la charge d’en assurer la production, en s’appuyant sur ses installations solaires et d’électrolyse en Espagne (environ 10 GW), en mesure selon son président Thierry Lepercq de fournir de « très grands volumes d’hydrogène à des tarifs concurrentiels ». Le patron de DH2 Energy est également président du collectif HyDeal Ambition qui regroupe une trentaine d’industriels de l’énergie dont l’objectif est de commercialiser d’ici l’année prochaine un hydrogène vert à 1,5 euro le kg, soit au même prix que celui produit aujourd’hui à partir d’énergie fossile. Le transport sera assuré côté espagnol par le réseau de transport gazier exploité par Enagás puis, lorsqu’il aura franchi les Pyrénées, par celui de Teréga avant, indique le communiqué, que soit développée « une infrastructure de transport dédiée à l’hydrogène ». Une fois en France, le projet approvisionnera à partir de 2026 une centrale à cycle combiné construite et exploitée par GazelEnergie et située sur le bassin industriel de Lacq. Teréga expérimentera également  le stockage de cet hydrogène dans une cavité aquifère afin que « la centrale soit 100 % pilotable ». « Pour le planning si les financements IPCEI sont obtenus, la construction débuterait dès 2023 avec un démarrage en 2026 » nous indique Terega. A cette date la production du cycle combiné permettra « l’évitement de plus de 700 000 tonnes de CO2 par an » indiquent les partenaires.

Premier maillon de la dorsale européenne

« Cette coopération représente une étape majeure dans l’accélération du développement massif de l’hydrogène vert au service de l’Europe et de tous les territoires » souligne Dominique Mockly, président et directeur général de Teréga. Il faut dire que « Lacq Hydrogen », qui a d’ailleurs été présenté en juin 2020 pour être retenu comme projet important d’intérêt européen (PIIEC), souhaite être la vitrine de l’ambition française et européenne pour construire une filière d’hydrogène décarbonée et durable, tout en participant concrètement à la revitalisation industrielle des territoires. Dans le cadre du projet, les partenaires annoncent que près de 1 200 emplois directs permanents sur l’ensemble de la chaîne de valeur pourraient être créés et près de 1 000 supplémentaires lors de la phase de construction de la centrale. « Lacq Hydrogen » sera d’ailleurs intégré à l’initiative « Territoires d’industrie Lacq Pau Tarbes ». Mais le projet est surtout la première pierre à l’édifice de la dorsale hydrogène European Hydrogen Backbone qui vise à déployer 6 800 km de gazoducs d’ici 2030 pour relier les « vallées de l’hydrogène » et 22 900 km de réseaux d’hydrogène à travers l’Europe en 2040, dont 75 % seront des gazoducs rétrofités.