Huit infos de l’été à retenir

En Bref...
18/08/2025
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Juillet 2025 restera dans les annales comme le troisième mois de juillet le plus chaud jamais mesuré, marqué par des canicules records en Turquie et en Scandinavie. Sur le plan énergétique, l’UE a scellé un accord majeur avec les États-Unis prévoyant 750 milliards de dollars d’achats de gaz, pétrole et nucléaire, tandis que la France multiplie les annonces : plan d’accélération de la géothermie, lancement du programme « Adapt-bâti-confort » et validation par Bruxelles d’un méga-plan de 11 milliards pour l’éolien flottant. Les débats sur la sixième période des certificats d’économie d’énergie (CEE) et la hausse de la TVA sur les abonnements d’électricité et de gaz agitent également le secteur. Outre-Atlantique, Donald Trump poursuit sa croisade climatosceptique en révisant les rapports scientifiques de référence.

Par la rédaction, avec AFP

Juillet 2025, troisième mois de juillet le plus chaud jamais mesuré

En juillet 2025, la planète a connu son troisième mois de juillet le plus chaud jamais enregistré, avec une température moyenne de 16,68 °C, soit 0,45 °C au-dessus de la normale 1991-2020. Si ce mois s’est révélé moins extrême que juillet 2023 et 2024, il reste 1,25 °C plus chaud que la période préindustrielle. En Europe, la moyenne a atteint 21,12 °C, classant juillet 2025 au quatrième rang des plus chauds, avec des vagues de chaleur marquées en Scandinavie et en Europe du Sud, où la Turquie a battu un record national à 50,5 °C. À l’inverse, certaines régions d’Europe centrale, d’Amérique et d’Australie ont enregistré des températures inférieures aux moyennes. « La série de records absolus s’interrompt, mais les effets du réchauffement persistent, entre canicules et inondations », a averti Carlo Buontempo, directeur du service Copernicus, soulignant l’urgence de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre.

L’UE a accepté d’acheter pour 750 milliards d’euros de produits énergétiques américains durant les trois prochaines années

L’accord commercial conclu le 27 juillet entre l’Union européenne et les États-Unis, imposant 15 % de taxes sur la plupart des produits européens exportés aux États-Unis depuis l’UE s’accompagne d’un volet énergétique présenté par Ursula von der Leyen comme un engagement d’achats massifs de gaz naturel liquéfié, de pétrole et de combustibles nucléaires américains pour un total de 750 milliards de dollars sur trois ans. La Commission européenne précise toutefois qu’il ne s’agit pas d’un engagement juridique contraignant, mais d’une intention politique fondée sur les projets d’investissement des entreprises européennes. Ce partenariat, « déjà consolidé par le rôle croissant des États-Unis comme premier fournisseur d’énergie de l’UE, s’appuiera sur le mécanisme AggregateEU, qui coordonne et agrège la demande européenne » indique l’exécutif Bruxellois. Toutefois, les volumes finaux dépendront des conditions de marché, des infrastructures et des décisions des entreprises, l’accord ne constituant pas un engagement juridique mais une orientation politique. L’Union a également l’intention d’acheter pour 40 milliards d’euros de puces d’IA essentielles au maintien de son avance technologique.

Géothermie : le gouvernement annonce sept mesures pour accélérer la filière

Dans la foulée de la mission parlementaire lancée en avril, le ministre chargé de l’Industrie et de l’énergie, Marc Ferracci, a présenté fin juillet sept mesures destinées à « accélérer et simplifier » le développement de la géothermie en France. Celles-ci seront intégrées dès l’automne au plan national de la filière. « La chaleur représente près de la moitié de notre consommation finale d’énergie et reste encore très majoritairement produite par des énergies fossiles. Décarboner la chaleur est crucial pour notre souveraineté et pour atteindre nos objectifs climatiques », a rappelé Marc Ferracci. La programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), dont le décret toujours attendu comme le lait sur le feu, fixe un objectif ambitieux : multiplier par quatre en 10 ans la production de chaleur issue de la géothermie, pour atteindre 16 à 20 TWh en 2035, contre moins de 5 TWh aujourd’hui. Actuellement, la géothermie ne couvre que 1 % de la consommation finale de chaleur en métropole, et 5,5 % de la production des réseaux de chaleur. Parmi les mesures annoncées figurent un appel à manifestation d’intérêt auprès des collectivités dès 2026 pour explorer de nouvelles zones profondes, la réduction des délais de confidentialité des données géologiques, ou encore l’allègement des procédures pour certains projets de « géothermie de minime importance ». Le gouvernement prévoit aussi de renforcer la formation de foreurs, de développer le réseau d’animateurs régionaux et de mener des campagnes de sensibilisation auprès des collectivités. L’enjeu est de taille : selon le ministère, la géothermie pourrait fournir à l’horizon 2035 jusqu’à 18 TWh de chaleur renouvelable de surface et 10 TWh de géothermie profonde. « Le maintien d’une volonté politique forte est indispensable pour déclencher les projets et donner confiance aux acteurs », insiste Marc Ferracci. La mission parlementaire confiée au député Ensemble pour la République Vincent Thiébaut doit livrer ses recommandations finales début 2026. Un suivi semestriel de la mise en œuvre des mesures est prévu.

Sixième période des CEE : les acteurs bientôt fixés ?

Un projet de décret dont la consultation s’est achevée le 10 août prévoit de relever le niveau d’obligation imposé aux fournisseurs d’énergie à 1 050 TWh cumac par an, dont 280 TWhc spécifiquement fléchés vers la lutte contre la précarité énergétique. L’objectif ? Financer davantage de rénovations globales des logements et encourager le développement des véhicules électriques. Une part des certificats sera même directement valorisable par l’Anah (Agence nationale de l’habitat) pour amplifier les chantiers de rénovation thermique. Le décret relatif à la sixième période des certificats d’économies d’énergie (CEE) définit les nouvelles obligations pour la période allant du 1er janvier 2026 au 31 décembre 2030. Les principaux changements portent sur l’extension de l’obligation d’économies d’énergie, fixée à 1 050 TWh cumac annuels. Les volumes de CEE sont réajustés pour chaque type d’énergie, avec des coefficients spécifiques par énergie (fioul, gaz naturel, électricité, etc.). Par exemple, l’obligation d’économies pour l’électricité est de 0,731 kWh cumac par kWh d’énergie finale. Le décret introduit également des modifications concernant la gestion des certificats, comme la suspension automatique des comptes pour non-conformité ou la mise à jour des pièces justificatives. À partir de 2026, les contrats de cession de CEE devront respecter de nouvelles règles de transparence. Le volume total des CEE délivrés pour cette période ne pourra pas excéder 500 milliards de kWh cumac.

Trump poursuite sa quête climatosceptique

L’administration du président américain Donald Trump, notoirement climatosceptique, a annoncé début août réévaluer des rapports scientifiques de référence sur le climat, ouvrant la voie à leur révision, dans une nouvelle tentative de remise en cause du consensus scientifique sur le sujet. Le ministre de l’Énergie, Chris Wright, interrogé sur CNN, a confirmé le retrait d’internet des rapports d’évaluation nationale du climat, des documents utilisés depuis 25 ans dans l’élaboration des politiques de réponse au réchauffement climatique aux États-Unis, évoquant « une révision » et « une publication avec des commentaires ». Une démarche inédite qui survient quelques mois après le renvoi par l’administration en avril des auteurs de la sixième édition de ce rapport, qui devait sortir en 2027. Publiés tous les cinq ans, ces rapports, auxquels contribuent différentes agences fédérales ainsi que des centaines de chercheurs extérieurs, sont des documents de référence sur les impacts du changement climatique d’origine humaine dans tous les domaines, notamment économiques. Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump a enclenché une marche arrière toute en matière de lutte contre le changement climatique, sortant une nouvelle fois la première puissance mondiale de l’accord de Paris sur le climat, sapant les agences scientifiques et détricotant les mesures environnementales de son prédécesseur démocrate. Fin juillet, son administration a semblé vouloir aller encore plus loin en annonçant sa volonté de revenir sur une décision clé dans la régulation des émissions de gaz à effet de serre aux États-Unis, premier pollueur historique mondial. À cette occasion, le ministre américain de l’Énergie a publié une étude remettant en question de larges consensus scientifiques, notamment sur l’augmentation des phénomènes climatiques extrêmes, un rapport abondamment décrié par les experts du sujet.

Le gouvernement lance le programme « Adapt-bâti-confort« 

Dans le cadre du plan national d’adaptation au changement climatique, le gouvernement a lancé le 13 août le programme « Adapt-bâti-confort », destiné à soutenir les solutions de rafraîchissement des bâtiments face aux vagues de chaleur. Annoncé par les ministres Agnès Pannier-Runacher et Marc Ferracci, ce programme sera financé par les certificats d’économies d’énergie (CEE) et pourra soutenir jusqu’à 9 millions d’euros de projets, soit l’équivalent de 1,13 TWh cumac. Il a pour objectif de faire émerger 50 opérations d’adaptation de bâtiments, en intégrant des solutions passives ou des équipements de rafraîchissement efficaces. Selon Agnès Pannier-Runacher, « l’adaptation des bâtiments nous permettra d’apporter du confort et de la sérénité aux Françaises et aux Français, et surtout de protéger les plus fragiles d’entre eux ». Ce programme, piloté par l’Ademe, le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) et le CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment), s’inscrit dans une stratégie plus large de sensibilisation et de formation, visant à toucher jusqu’à 500 collectivités et 3 000 acteurs du bâtiment. « Le programme CEE « Adapt-bâti-confort » permettra de développer des solutions innovantes pour rafraîchir les bâtiments tout en limitant la consommation d’énergie » a souligné de son coté le ministre de l’Industrie et l’énergie, Marc Ferracci.

Bruxelles valide un méga-plan français de 11 milliards d’euros pour l’éolien en mer

La Commission européenne a donné son feu vert à un régime d’aides d’État français d’un montant de 11 milliards d’euros destiné à soutenir le développement de l’éolien flottant en mer, dans le cadre du pacte européen pour une industrie propre. Ce soutien public, qui s’étalera sur 20 ans, financera la construction et l’exploitation de trois parcs éoliens offshore – un au large de la Bretagne, deux en Méditerranée – d’une capacité unitaire de 500 MW, capables de produire chacun 2,2 TWh, soit l’équivalent de la consommation annuelle de 450 000 foyers. « Cette mesure est nécessaire et proportionnée pour accélérer la transition vers une économie à zéro émission nette », a souligné la Commission, rappelant que les aides prendront la forme d’un contrat pour différence bidirectionnel, garantissant un soutien adapté aux fluctuations du marché de l’électricité. Bruxelles insiste également sur les garde-fous mis en place, notamment l’organisation d’appels d’offres transparents intégrant des critères de résilience pour limiter la dépendance aux chaînes d’approvisionnement étrangères, en particulier chinoises.

Hausse de la TVA sur les abonnements énergie depuis le 1er août 2025

Depuis le 1er août, la part abonnement des contrats d’électricité et de gaz ne bénéficiera plus du taux réduit de TVA à 5,5 %, mais sera soumise au taux normal de 20 %, conformément à la loi de finances 2025. Cette réforme aligne le taux de taxation de l’abonnement sur celui de la consommation, comme l’exige une directive européenne interdisant la différenciation fiscale au sein d’un même service. « Pour atténuer l’impact de cette hausse, l’État met en place un mécanisme temporaire de compensation via une réduction des accises sur l’énergie jusqu’à fin 2025 : de 33,7 euros le MWh à 29,98 euros pour l’électricité, et de 17,16 euros le MWh à 15,43 euros pour le gaz » indique le médiateur national de l’énergie. Cependant, « l’effet sur les factures sera inégal » estime dans un communiqué HelloWatt. Les petits consommateurs seront les plus affectés : jusqu’à + 5,6 % pour un foyer consommant 500 kWh d’électricité par an et + 8,5 % pour le gaz. À l’inverse, certains gros consommateurs d’électricité (au-delà de 3 300 kWh par an) bénéficieront d’une baisse nette, pouvant aller jusqu’à – 1,5 %. Pour les abonnés au gaz, la hausse sera généralisée, avec une augmentation de + 2,1 % pour une consommation annuelle de 12 000 kWh. À ces mesures fiscales s’ajustent d’autres évolutions tarifaires : la CRE a entériné une hausse de 6,1 % des coûts d’acheminement du gaz via le tarif ATRD7 depuis le 1er juillet, tandis que le tarif d’acheminement de l’électricité (Turpe) baisse de 2,5 % HT au 1er août. Résultat : malgré la hausse de TVA, le tarif réglementé de l’électricité reste globalement stable (- 0,34 % en moyenne), selon le médiateur national de l’énergie.

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