Hiver : l’inquiétude s’éloigne selon les gestionnaires de réseaux

La baisse de consommation de gaz (-12,8% en moyenne) et de l'électricité ( -8,5% en moyenne) se poursuit en France diminuant de fait le risque de tensions sur le système énergétique.

Publié le 20/01/2023

6 min

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Le 18 janvier, les gestionnaires de réseaux de transport d’électricité et de gaz RTE et GRTgaz ont actualisé leurs prévisions pour l’hiver. La situation électrique est « significativement plus favorable qu’au début de l’automne » indique RTE. GRTgaz estime de son côté le risque d’un déficit de gaz en volume sur le reste de l’hiver comme « très improbable. » Si la prudence reste de mise du côté des énergéticiens, les risques évoqués en décembre semblent derrière nous. Explications.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

« L’essentiel des risques est derrière nous » a indiqué hier matin le président du directoire de RTE Xavier Piechaczyk sur France Info. Le gestionnaire de transport d’électricité français estime que la France est mieux préparée à faire face aux situations de tensions sur son réseau qui pourraient résulter d’aléas techniques ou d’une météo défavorable, résultant selon RTE d’une baisse des consommations (- 8,5 %), d’une production d’électricité en hausse, des stocks hydrauliques et gaziers bien remplis et d’un système d’échanges avec les pays voisins « parfaitement fonctionnel ». Le gestionnaire de transport gazier GRTgaz souligne également la baisse des consommations (- 12,8 %) depuis l’été, un niveau de stock de gaz « historiquement élevé » pour la période et une importation accrue de gaz naturel liquéfié depuis nos terminaux qui éloigne le risque d’un déficit de gaz cet hiver. Mieux, GRTgaz estime même que la France joue un « rôle important de porte d’entrée » et de « pays de transit » dans l’approvisionnement gazier de l’Europe.

Le niveau de risque abaissé à « moyen » pour le reste de l’hiver

C’est le combo gagnant de ce début de mois de janvier, malgré la très courte période de froid vécue en décembre, RTE affiche une certaine sérénité en ce début d’année, même si la « vigilance » reste de rigueur avec quelques situations de risques potentiels autour de la deuxième quinzaine de février. Plusieurs facteurs importants permettent aujourd’hui de faire baisser les éventuels risques de tensions sur le réseau électrique. En premier lieu, une baisse confirmée des consommations au-delà des conditions météorologiques, qui concerne selon RTE tous les secteurs : résidentiel, tertiaire, industriel. Cette baisse effective depuis le mois de septembre ne cesse de s’accentuer pour atteindre sur les quatre dernières semaines – 8,5 %, corrigée des effets météorologiques par rapport à la  moyenne constatée entre 2014-2019. La disponibilité du parc nucléaire a passé le cap des 45 GW selon RTE, environ les trois quarts de la puissance maximale du parc. « Elle devrait progresser encore légèrement d’ici fin janvier et se maintenir aux alentours de 45 GW début février » indique RTE. En réalité, c’est tout le potentiel français de production d’électricité qui s’est renforcé avec une production éolienne en forte hausse depuis la mi-décembre qui a conduit la France à retrouver sa position exportatrice traditionnelle sur les marchés de l’électricité lorsque les températures sont élevées, et à ne quasiment pas solliciter les centrales à gaz et au charbon durant ces périodes. Les stockages gaziers sont historiquement hauts, les stockages hydrauliques quasi reconstitués alors que la sécheresse les avait fortement dégradés au cours du printemps et de l’été 2022. Autre niveau de satisfaction pour RTE : les niveaux d’interconnexions électriques avec les pays voisins sont parfaitement conformes aux modélisations. Une conjoncture favorable qui a conduit le gestionnaire du réseau à baisser le risque sur ce mois de janvier de « élevé » à « moyen » jusqu’à la fin de la période hivernale. Enfin, si RTE souligne que l’amélioration de la situation énergétique européenne a conduit à « une forte détente » sur les marchés de l’électricité et à une baisse des prix, l’énergéticien estime que la décorrélation entre les prix sur les marchés à terme et les fondamentaux de notre système énergétique ne sont pas « cohérents » et appelle à une réforme du marché de l’électricité qui reflète mieux la production française sur les prix payés par les consommateurs. Quoi qu’il en soit, les économies d’énergie restent de mise conclut RTE.

Une situation « favorable »  pour le système gazier

Lors de la présentation des différents scénarios pour l’hiver, le deuxième gestionnaire de réseau de transport de gaz en Europe estimait déjà que le risque de déficit de gaz sur le réseau était « absorbable », même en cas d’hiver froid et très froid, ce qui ne sera pas le cas de cet hiver a priori. Depuis le mois de septembre, la situation s’avère en réalité de plus en plus favorable, avec une météo clémente. Le mois d’octobre 2022 a battu des records de chaleur en France et en Europe. Un niveau des stockages gaziers « historiquement » élevé avec encore près de 80 % du volume disponible, soit 106 TWh, alors que « la moyenne sur les six dernières années est davantage autour de 55 % » relève GRTgaz. « Une baisse significative de ces niveaux est toutefois attendue dans les prochaines semaines pour respecter les contraintes techniques de respiration des stockages français » précise GRTgaz. Autre fait notable : une consommation en baisse de 12,8 % en données corrigées du climat depuis le 1er août, portée par les industriels (24 %) mais aussi pour les consommateurs raccordés aux réseaux de distribution (- 13 %). Cependant, dans le même temps, les centrales à cycle combiné gaz ont, elles, étaient fortement sollicitées pour pallier l’indisponibilité du parc nucléaire, affichant une hausse de plus de 23 %. Dans le même temps, les terminaux méthaniers français fonctionnent à plein régime. « Plus de 40 % de volume de GNL supplémentaires ont été déchargés dans les terminaux méthaniers français entre le 1er novembre et le 15 janvier 2023 » note GRTgaz qui précise même que durant cette période « les entrées de GNL ont représenté environ 75 % de la consommation française ». La France joue également un rôle moteur pour l’approvisionnement en gaz, depuis l’Espagne, vers l’Allemagne, la Belgique et la Suisse. Une situation favorable qui conduit GRTgaz a estimer qu’il n’y a pas de risque de déficit en volume global sur le reste de l’hiver alors qu’en septembre ce risque de déficit était évalué à 16,2 TWh au maximum et que si un risque dé déficit journalier subsiste, il serait très faible et corrélé à une forte pointe de froid.

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